Après plus de deux ans de blocage, l’Algérie a décidé de mettre fin aux restrictions commerciales imposées sur les échanges avec l’Espagne en juin 2022, une décision saluée par les opérateurs espagnols qui avaient souffert le plus de l’interruption des domiciliations bancaires.
Ces mesures avaient été prises en représailles à la décision du gouvernement espagnol de soutenir le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental.
Mercredi dernier, la Banque d’Algérie a émis une notification informant que les « opérations de domiciliation bancaire pour le commerce extérieur entre l’Algérie et l’Espagne doivent être traitées conformément à la réglementation de change en vigueur ».
Ce changement marque de facto la levée de la suspension décrétée en juin 2022 par l’Association Professionnelle des Banques et Établissements Financiers (Abef), qui avait alors stoppé les transactions bancaires pour les importations et exportations entre les deux pays.
Il s’agit d’une formulation générique, mais les sources des compagnies maritimes du port de Castellón soulignent que cela signifie la fin du veto imposé par le gouvernement algérien sur les exportations espagnoles. Le gel du commerce par l’Algérie a porté un coup sévère aux secteurs de l’email destiné à la verrerie et les machines pour la céramique, car l’Algérie était l’un des principaux marchés étrangers pour ces deux secteurs. En mai 2024, les pertes économiques ont été estimées à 240 millions d’euros pour les émaux et à 40 millions d’euros pour les machines. En conséquence, les entreprises de toutes les activités touchées en Espagne ont créé une association afin de lever des demandes d’indemnisation au gouvernement.
Jeudi dernier, l’association des opérateurs espagnols a salué la décision des autorités algériennes de reprise des échanges avec l’Espagne qualifiant cette levée de « sage permettant de mieux envisager l’avenir entre les opérateurs des deux pays ».
Sur le plan économique, cette décision signifie un « déblocage total », comme l’a expliqué Diamel Eddie Bouabdellah, président du Cercle de Commerce et d’Industrie Algéro-Espagnol (CCIAE). Depuis plus d’un an, un retour progressif des échanges s’était opéré, avec des autorisations sectorielles telles que l’importation de produits avicoles et de viande rouge par l’Algérie et l’exportation vers l’Espagne de produits sidérurgiques et cimentiers. Cependant, la reprise des importations espagnoles avait été limitée, surtout après le report en février de la visite du ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, qui devait marquer officiellement la réconciliation.
Un impact économique majeur
Les restrictions ont durement touché les échanges commerciaux entre l’Espagne et l’Algérie. En 2014, les exportations espagnoles vers l’Algérie atteignaient 3,7 milliards d’euros, mais elles ont chuté à 332 millions en 2023. Même avant la crise diplomatique, les exportations étaient en déclin, passant de 2,9 milliards en 2019 à 1,9 milliard en 2020, année marquée par la pandémie, et à 1,8 milliard en 2021.
Après la suspension des échanges en juin 2022, les exportations se sont réduites à environ la moitié, soit 1 milliard d’euros. En 2023, un minimum historique a été atteint, mais les données disponibles jusqu’en août 2024 montrent une reprise, avec 471 millions d’euros d’exportations vers l’Algérie. La levée des restrictions devrait renforcer cette tendance.
Sur le plan diplomatique, des signes de réchauffement entre l’Algérie et l’Espagne sont apparus ces derniers mois. Le 31 octobre, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a adressé un message de condoléances à Felipe VI pour exprimer la « pleine solidarité » de l’Algérie et sa disponibilité à fournir une aide suite aux intempéries à Valence.
Tebboune a qualifié l’Espagne de « pays ami » et a transmis au roi sa « haute considération et amitié ». En retour, le roi Felipe VI a adressé un message de félicitations à Tebboune le 1er novembre, jour du 70e anniversaire du début de la Révolution de libération algérienne, exprimant ses souhaits de « paix et de prospérité » au peuple algérien, en son nom et celui du gouvernement espagnol.
D’autant plus que sur le plan interne, l’ambassadeur d’Espagne Fernando Moran, doyen des diplomates étrangers en Algérie, a été tiré de son isolement en étant invité depuis quelques mois aux cérémonies officielles de la présidence ou du ministère des affaires étrangères, marquant un réchauffement dans les rapports entre les institutions deux pays.
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