Dans le cadre du 27e Salon International du Livre d’Alger (SILA), une rencontre sur « Le rayonnement de la Révolution algérienne en Afrique : Les valeurs de la glorieuse Révolution de Novembre en Afrique » a été organisée jeudi, à l’espace Afrique.
Les intervenants ont souligné l’impact profond de la Révolution algérienne sur les luttes de libération à travers le continent africain et ont insisté sur l’importance de préserver cet héritage tout en continuant à œuvrer pour l’unité et le développement du continent.
Siméon Konan, politicien ivoirien et ancien candidat aux élections présidentielles de 2010 et 2015, a parlé que l’importance de l’unité africaine. «l’Afrique est notre patrie commune. Notre destin est intrinsèquement lié. Ce rêve d’unité africaine est pour moi un idéal profondément ancré, et il est temps que nous concrétisions ce rêve centenaire », a-t-il déclaré. Et d’ajouter que « L’Afrique doit avancer vers une souveraineté véritable et vers une prospérité partagée ».
Le politicien ivoirien a salué le leadership de l’Algérie sur la scène africaine, et a mis en lumière son rôle dans les luttes pour l’indépendance. Il a également évoqué la nécessité d’une lutte continue pour la souveraineté du continent, loin de toute influence étrangère. « Les 10 et 20 dernières années ont été marquées par des moments particulièrement difficiles pour notre pays. Cependant, nous devons rendre hommage au soutien indéfectible du peuple algérien, qui a été à nos côtés dans ces moments importants ».
En exprimant son engagement pour une Afrique souveraine, Konan a souligné l’importance de préserver les valeurs de la Révolution algérienne et de les intégrer dans le présent. « La Côte d’Ivoire est plus que jamais déterminée à poursuivre cette lutte pour la souveraineté et la prospérité de notre peuple et de l’ensemble du continent africain ».
Le sociologue Saïd Bouamama a également mis en lumière l’impact de la Révolution algérienne sur les intellectuels et militants panafricains. Selon lui, Alger était perçue comme un phare par les révolutionnaires africains, et l’exemple d’Amílcar Cabral, qui considérait Alger comme un lieu de pèlerinage, en témoigne. Pour Bouamama, « lorsqu’il s’agissait de comprendre la violence, on expliquait les guerres en Afrique non pas comme on le fait pour d’autres conflits, à travers des enjeux économiques et géostratégiques, mais par le prisme d’un pseudo-ethnicisme ou tribalisme, supposément congénital ou propre à la culture africaine ».
Pour le sociologue, « toutes les colonisations sont des crimes contre l’humanité, mais elles peuvent être classées en deux types principaux. La colonisation d’exploitation, comme celle vécue par de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, visait à exploiter les ressources et la main-d’œuvre sans chercher à remplacer la population locale ». Il a expliqué que « la colonisation de peuplement, comme en Algérie, a un caractère génocidaire potentiel, et son succès ou échec dépend des rapports de force et du contexte international».
« Le dernier type de colonisation, spécifique en son genre, est la colonisation collective. Un exemple de ce phénomène se trouve en Palestine, où, non seulement un pays colonisé un autre, mais un État artificiel est créé comme vassal des grandes puissances », a-t-il affirmé.
L’analogie entre les luttes de libération en Algérie et en Afrique du Sud a été abordée par Benaouda Lebdai, spécialiste des littératures coloniales. Il a souligné les similitudes entre les deux peuples, notamment à travers les figures de Djamila Bouhired en Algérie et Winnie Mandela en Afrique du Sud. Ces deux femmes ont incarné la résistance face à l’oppression coloniale, symbolisant la force et la résilience des femmes dans la lutte pour la liberté. « Bien qu’éloignées géographiquement, Winnie et Djamila ont partagé un parcours de résistance similaire. Elles ont incarné la révolution dans leurs pays respectifs, devenant des icônes de la liberté et de la justice », a déclaré Lebdai.
L’Algérie et l’Afrique du Sud continuent de jouer un rôle clé en Afrique en tant que puissances militaires et soutiens des mouvements de libération. Selon Lebdai, cette influence s’inscrit dans une continuité historique, marquée par un engagement commun en faveur de l’indépendance africaine. Cette relation particulière, symbolisée par le voyage de Nelson Mandela en Algérie et ses contacts avec les révolutionnaires algériens, perdure encore aujourd’hui, notamment à travers le discours du petit-fils de Mandela, qui témoigne de la même reconnaissance et estime envers l’Algérie.
Enfin, Hassan Remaoun, sociologue et historien, a rappelé l’implication matérielle et logistique de l’Algérie dans les luttes de libération à travers l’Afrique. Il a insisté sur l’importance des échanges idéologiques et culturels qui ont eu lieu entre les mouvements de résistance. « L’Algérie, en tant que pays libéré du joug colonial, a immédiatement saisi l’importance de soutenir les autres nations africaines dans leur quête d’indépendance. Avant même notre propre indépendance, l’Armée de Libération Nationale (ALN) formait des combattants africains dans ses camps. Notre pays a également joué un rôle majeur lors des discussions autour du panafricanisme, particulièrement lors de la conférence d’Accra en 1960, ce qui a contribué à la fondation de l’Organisation de l’Unité Africaine en 1963 ».
L’intervenant a précisé que « l’Algérie reste engagée dans les questions de libération en Afrique, et soutient toujours le droit des peuples à l’autodétermination, y compris dans le cas du Sahara Occidental ».
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