La tâche difficile de renégocier l’accord d’association avec l’UE devrait incomber au futur exécutif qui sera nommé par le chef de l’Etat avant la fin de l’année 2024. C’est ce nouveau gouvernement qui devrait lancer les délicates concertations avec les pays de l’Union.

 Depuis plusieurs mois, le gouvernement algérien ne cesse d’exprimer sa volonté de réviser l’accord d’association qui lie l’Algérie avec l’Union européenne. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé, le mois dernier, que les négociations avec l’UE pour la révision de cet accord « seront entamées en 2025 ».

« Cette révision sera menée avec souplesse et dans un esprit amical, sans entrer en conflit, car nous entretenons des relations normales avec les Etats [de l’Union européenne], y compris la France », avait affirmé le chef de l’Etat algérien.

Quelques jours plus tard, c’est au tour du ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, de préciser dans une déclaration, lors d’une cérémonie de célébration de la Journée nationale de la diplomatie, que pour l’Algérie, le but de cette révision est que l’accord « soit équitable pour les deux parties ».

Il a indiqué que « l’Algérie poursuit ses efforts pour établir un partenariat équilibré, bénéfique et ciblé dans son voisinage méditerranéen, avec l’UE en particulier », ajoutant que ce partenariat doit « obéir pleinement au principe d’équilibre des intérêts des deux parties et privilégier le soutien des efforts du développement économique dans notre pays, sans aucune restriction, ni condition, ni obstacle ».

Selon M. Attaf, « cet accord doit également aller au-delà de la logique du profit commercial immédiat pour s’inscrire ainsi dans une approche stratégique plus large, fondée sur le développement durable dans toutes ses dimensions ».

Le chef de la diplomatie algérienne a précisé, dans la foulée, que « l’Algérie compte procéder à la révision de l’accord d’association avec l’UE, qui sera menée dans un climat empreint de confiance, de souplesse et de compréhension afin de rétablir les équilibres nécessaires à cet accord et de l’adapter à la nouvelle réalité économique de notre pays, en tant qu’outil efficace pour atteindre le développement durable escompté ».

Cependant, l’Union européenne n’a reçu, à ce jour, aucune demande officielle de la part du gouvernement algérien. C’est ce qu’a affirmé la porte-parole de cette institution, dont la déclaration publique a été rapportée par le média économique en ligne L’Indice dans son édition de jeudi dernier.

Selon la porte-parole de l’UE, l’Union n’a pas reçu de demande de révision des dispositifs de cet accord d’association bien que les autorités algériennes aient exprimé le souhait de revoir cet accord. Elle a estimé que l’UE est « prête » à débattre toute demande de ce genre et à entamer les négociations le plus tôt possible.

Selon les observateurs, la tâche difficile de renégocier cet accord avec les Européens devrait incomber au futur exécutif qui sera nommé par le chef de l’Etat avant la fin de l’année 2024. C’est ce nouveau gouvernement qui devrait lancer les délicates concertations avec l’UE. 

Pour rappel, l’Accord d’association Algérie – UE, signé en 2002, est entré en vigueur depuis 2005. Outre le volet politique, le document prévoit une levée progressive des barrières tarifaires pour permettre la libre circulation des marchandises et des biens entre l’Europe et l’Algérie.

La dernière étape de la mise en œuvre de cette disposition était prévue pour 2017, avant d’être repoussée à plusieurs reprises à la demande du gouvernement algérien.

Il convient de souligner que cette révision est considérée par l’Algérie comme une nécessité, voire une urgence, pour remettre cet accord dans le bon sens. En 2021, M. Tebboune avait instruit le gouvernement de l’époque de revoir les dispositions de cet accord, « clause par clause » et en fonction d’une « vision souveraine et d’une approche gagnant-gagnant ».

La révision ciblée doit surtout tenir compte, selon lui, de « l’intérêt du produit national en vue de créer un tissu industriel et des emplois ».

Après, après presque vingt ans d’application, des experts et des opérateurs économiques s’accordent à dire que l’accord n’a pas réellement profité à l’Algérie, sur le plan économique et commercial notamment. Une évaluation de l’impact de l’accord sur le commerce extérieur du pays conforte ce constat.

Selon des données officielles, l’accord a engendré un manque à gagner de plus de plusieurs centaines de milliards de dinars aux recettes des Douanes algériennes. L’accord n’a pas généré les IDE, créant un déséquilibre flagrant dans les échanges commerciaux entre l’UE et l’Algérie.

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