Lors de son intervention très attendue au Salon international du livre d’Alger (SILA), le chercheur et directeur du Centre Ibn Khaldoun à l’université de Qatar, Dr. Nayef Nahar Al-Shammari a livré, ce dimanche, une analyse engagée sur le rôle que pourrait jouer l’Algérie dans le soutien aux peuples opprimés, avec une attention particulière pour la cause palestinienne et la tragédie de Gaza.
En s’appuyant sur l’héritage révolutionnaire de l’Algérie, Nayef Nahar a rappelé que ce pays, riche d’une histoire de résistance, se doit de porter haut la défense des droits des peuples en quête de liberté.
L’intellectuel qatari a souligné que l’histoire de l’Algérie confère au pays une « responsabilité morale » envers les nations opprimées.
« C’est une grande responsabilité pour le peuple algérien, car il est le dépositaire de l’une des révolutions les plus marquantes du XXe siècle », a-t-il affirmé, ajoutant que cette Révolution doit aujourd’hui inspirer tous les peuples libres.
Au-delà de la solidarité symbolique, Nahar a exhorté l’Algérie à mobiliser ses ressources juridiques et intellectuelles pour agir contre les soutiens internationaux au projet sioniste.
Selon lui, l’Algérie possède un capital humain important, constitué de juristes, économistes et intellectuels capables de jouer un rôle déterminant.
Il a proposé la mise en place d’un comité d’experts algériens qui pourrait agir sur deux fronts : d’une part, en poursuivant en justice les entreprises internationales opérant en Israël dans des juridictions européennes respectueuses de l’État de droit, comme en Espagne, en Norvège, en Belgique et aux Pays-Bas.
« Il est temps de passer à l’action. Des initiatives juridiques doivent être prises pour exposer et contrer les entreprises et les individus qui financent l’oppression. La justice internationale est un outil que nous devons activer pour obtenir des réponses concrètes », a-t-il martelé. La seconde démarche proposée par Nahar vise à cibler les personnalités et militants pro-israéliens dans les instances judiciaires internationales. Cette stratégie, a-t-il expliqué, pourrait dissuader les soutiens internationaux du projet sioniste, en les confrontant à des conséquences juridiques pour leur appui à l’occupation israélienne.
L’académicien qatari a également abordé ce qu’il considère comme une guerre des concepts menée par Israël pour légitimer son occupation. Selon lui, des termes tels que « civilisation » et « antisémitisme » sont utilisés pour confondre l’opinion publique et dissimuler la réalité brutale de l’oppression des Palestiniens.
Il a illustré son propos par un débat diffusé sur une chaîne israélienne, où 48 % des participants auraient soutenu des pratiques de violence extrême à l’encontre des prisonniers palestiniens, une statistique qu’il a qualifiée de révélatrice de l’inhumanité du régime israélien.
Dans ce contexte, il a encouragé les Arabes et les musulmans à déconstruire ces concepts et à adopter une « approche miroir » en qualifiant tout soutien au sionisme de « fasciste sioniste ». Ce terme, selon lui, pourrait contribuer à mettre en lumière le caractère oppressif de l’idéologie sioniste, de la même manière que l’antisémitisme est souvent brandi pour disqualifier les opposants au sionisme.
Pour Nahar, la défense de l’identité est au cœur de la résistance. Il a souligné l’importance de préserver une identité authentique, non colonisée par les idéologies étrangères qui cherchent à affaiblir les cultures locales.
« L’authenticité de l’identité est menacée par l’impérialisme culturel. Une identité colonisée est une identité affaiblie. Nous devons défendre nos valeurs et refuser d’adopter des modèles qui cherchent à nous effacer. L’identité est l’essence même de la résistance ».Il a conclu en exhortant les peuples arabes et musulmans à refuser de se laisser intimider par les pressions internationales et à défendre activement les droits des opprimés.
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