Le Groupe algérien de transport maritime (GATMA) est engagé dans une restructuration profonde pour moderniser sa flotte, optimiser sa compétitivité et répondre aux besoins croissants du commerce extérieur algérien. C’est ce qu’a indiqué, ce mercredi, Mohamed Tayeb Aboud, P-DG du GATMA.

 Aboud a déclaré que l’un des principaux objectifs du groupe est de « renforcer la compétitivité du pavillon national et réduire notre dépendance aux compagnies maritimes étrangères ». Il a fait savoir qu’actuellement, la flotte du groupe est composée de neuf navires ; un nombre qui augmentera à douze avec l’arrivée de trois nouveaux bâtiments. Six navires sont déjà en activité, principalement pour des liaisons vers les ports méditerranéens, tandis que les autres sont en cours de réhabilitation, et ce après avoir été immobilisés en raison de problèmes techniques et des perturbations liées à la pandémie.

 

« La remise en service progressive de ces navires est essentielle pour renforcer notre capacité de transport et réduire notre dépendance aux compagnies étrangères », a expliqué M. Aboud sur les ondes de la Radio nationale. Il a annoncé qu’un premier navire reprendra la mer dès la semaine prochaine après des tests techniques, l’objectif étant de réhabiliter l’ensemble de la flotte d’ici à juin 2025.

 

Le P-DG a également expliqué que le secteur maritime national fait face à une dépense annuelle d’environ 5 milliards de dollars en fret maritime, au profit des armateurs étrangers. « Pour inverser cette situation, le GATMA ambitionne de gagner des parts de marché et atteindre 20 % du volume des échanges commerciaux algériens à moyen terme », a-t-il assuré.

 

Cette ambition passera par l’acquisition de nouveaux navires destinés à répondre aux besoins du commerce extérieur, notamment le transport des céréales et du minerai de fer. « Nous allons nous tourner vers le marché international pour l’acquisition de navires vraquiers afin de répondre aux besoins de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) et pour l’exportation du minerai de fer de Gara Djebilet », a précisé M. Aboud.

 

Ainsi, d’ici à la fin de 2025, le GATMA prévoit d’acquérir trois nouveaux navires, dont deux vraquiers Panamax capables de transporter entre 50 000 et 65 000 tonnes et un porte-conteneurs feeder d’une capacité de 2 000 EVP (équivalents vingt pieds), ajoutant que cette flotte renforcée permettra au pavillon national de mieux se positionner sur les circuits méditerranéens et internationaux.

 

 

——Cap sur la modernisation

Par ailleurs, dans le cadre des nouvelles normes environnementales imposées par l’Organisation maritime internationale (OMI), le GATMA se prépare à une transition écologique majeure. Dès le mois de mai 2025, les navires devront utiliser un carburant maritime dont le taux de soufre sera limité à 0,10 %, contre 0,50 % actuellement. « Pour respecter cette nouvelle norme, le GATMA travaille en collaboration avec Sonatrach et Naftal pour développer une production locale de carburant à faible teneur en soufre », a indiqué M. Aboud, ajoutant que « des travaux d’adaptation technique sont en cours pour optimiser la consommation de carburant et réduire les émissions polluantes des navires en exploitation ».

 

Toutefois, le premier responsable du GATMA a reconnu que la remise en service des navires immobilisés se heurte à des défis logistiques, notamment en raison des restrictions douanières qui compliquent l’importation de pièces de rechange spécifiques. « Cela ralentit les travaux de réparation », a déploré M.  Aboud, qui plaide pour « la mise en place d’un régime douanier spécial dédié à la maintenance des navires, à l’image de ce qui existe dans plusieurs pays méditerranéens ».

 

Parallèlement, le groupe met en œuvre des projets stratégiques pour développer la réparation navale au niveau local. Un projet majeur concerne la modernisation du dock flottant de Béjaïa, tandis que le chantier naval d’Arzew, doté d’une cale sèche de 300 mètres de long et 60 mètres de large, devrait devenir un pôle de réparation et de construction navale de référence en Méditerranée. « Nous allons lancer une manifestation d’intérêt internationale pour attirer un partenaire technologique et exploiter ce chantier », a indiqué M. Aboud, ajoutant que les travaux commenceront en 2025 et devraient s’achever en 2027.

 

En outre, l’un des grands défis pour le GATMA est d’améliorer la compétitivité du pavillon national. A ce jour, la flotte nationale n’est pas inscrite sur la « white list » des flottes maritimes mondiales, un indicateur essentiel de conformité aux normes internationales de sécurité et de performance. Dans cette optique, M. Aboud a fait savoir que « notre premier objectif est de faire émerger toute notre flotte sur cette liste, et ce dès 2025.

 

Un autre axe stratégique du GATMA est le développement du cabotage en Méditerranée, en particulier dans le secteur du feedering, qui représente un marché de 600 à 700 000 conteneurs par an, soit une opportunité d’une valeur de près de 300 millions d’euros. « Nous avons l’ambition de renforcer la présence algérienne sur ce marché stratégique », a affirmé M. Aboud.

 

Concernant le transport maritime des passagers, le P-DG du groupe s’est engagé à améliorer la situation, suite aux perturbations survenues en 2024, avec des annulations et des retards qui ont mécontenté de nombreux voyageurs, notamment de la diaspora algérienne. En premier lieu, pour compenser les passagers lésés en 2024, le GATMA a mis en place un processus de remboursement, qui sera finalisé d’ici à la fin de l’année 2025.

Ensuite, dans une démarche anticipative, le groupe a pris la décision d’affecter un ou deux navires supplémentaires pour les longues traversées et accélérer la rénovation du navire Tariq Ibn Ziyad, afin qu’il soit remis en service avant l’été 2025. 

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