La Russie ne ferme pas la porte au dialogue avec les pays occidentaux sur la formation d’une «nouvelle architecture de sécurité en Eurasie», a déclaré ce mardi à Moscou le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

«Nous ne fermons les portes à aucun pays situé sur le continent eurasiatique», a déclaré Sergueï Lavrov, évoquant la nécessité d’une «nouvelle architecture de sécurité» dans cette vaste région du monde.

Le ministre russe des Affaires étrangères s’adressait à Moscou à des dirigeants d’ONG russes. «Quand et si nos collègues européens reprennent conscience, ils comprendront qu’ils sont en train de se faire utiliser pour renforcer la position des États-Unis en raison de l’affaiblissement de la position de l’Europe», a poursuivi le chef de la diplomatie russe, avant de réitérer son invitation au dialogue.

«Vous êtes les bienvenus, les portes sont ouvertes», a-t-il ajouté. «Ils devront entrer dans ce processus sur la base de l’égalité» Le ministre a toutefois précisé les exigences russes : «Mais ils devront entrer dans ce processus sur la base de l’égalité et du plein respect des intérêts de ceux qui ont commencé à interagir plus tôt».

Saluant le dynamisme de l’Eurasie, le ministre russe a souligné qu’il était «nécessaire» de construire ce système de sécurité eurasiatique «sur la base matérielle de projets d’infrastructures communs». Sergueï Lavrov a dénoncé un système de sécurité «euro-atlantique», s’incarnant «dans les liens entre l’Amérique du Nord et l’Europe et dans des structures telles que l’OTAN et l’OSCE».

Un système qui, selon lui, s’est «discrédité de lui-même», les États-Unis ayant cherché à «écraser tout le monde». Face à cela, la Russie dit vouloir agir en faveur d’un ordre multipolaire.

Rappelant que la Russie fait face depuis le début de la crise en Ukraine à de lourdes sanctions occidentales, notamment américaines. De son côté, Moscou a pris des mesures pour contrer ces ‘’actes hostiles’’.
S’agissant des avoirs russes gelés par l’Union européenne, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a indiqué hier que Moscou ne manquera pas de réagir à la décision de l’UE d’utiliser le produit des avoirs russes gelés pour acheter des armes à l’Ukraine. La veille, Bruxelles a annoncé vouloir envoyer à Kiev 1,4 milliard d’euros issus de ces actifs au début du mois d’août.

Le Kremlin promet une réponse

«Cet argent n’est pas seulement essentiellement volé, mais il est également dépensé pour l’achat d’armes. Il est probablement difficile d’imaginer quelque chose de pire», a fustigé le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov, ce 23 juillet.
De telles actions ne peuvent rester «sans réciprocité», a-t-il souligné, avant d’ajouter que la Russie étudiait les possibilités de poursuites judiciaires contre les personnes impliquées dans l’adoption et l’exécution de cette décision de confisquer les intérêts des avoirs russes, la qualifiant de «violation directe du droit international et des droits de propriété».

Le 22 juillet, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a déclaré que la première tranche de 1,4 milliard d’euros provenant des revenus des avoirs russes gelés serait envoyée au début du mois d’août en Ukraine. Les pays membres de l’UE envisagent de financer l’achat d’armes «prioritaires» pour Kiev, notamment des systèmes de défense aérienne et des obus d’artillerie.

Selon la décision de l’UE, 90% des revenus issus des intérêts des actifs russes bloqués dans l’UE iront au budget de l’UE pour fournir une assistance militaire à Kiev, les 10% restants allant aux programmes de restauration de l’Ukraine. Les pays du G7 se sont de surcroît engagés auprès de Kiev à lui accorder des prêts de 50 milliards de dollars d’ici la fin de l’année, qui seraient également garantis grâce aux revenus des actifs russes.

Le système financier international menacé Selon RIA Novosti, environ 300 milliards d’euros de réserves ont été gelées en Occident dès février 2022 et le début du conflit en Ukraine. Quelque 191 milliards d’euros de la Banque de Russie sont actuellement placés auprès d’Euroclear Bank (EB), un organisme international de dépôts de fonds siégeant à Bruxelles.

Selon la patronne d’EB, Valérie Urbain, ces fonds ont généré 4,4 milliards d’euros (avant imposition) de revenus en 2023. Environ 5 milliards de dollars d’actifs de la Banque de Russie ont aussi été identifiés aux États-Unis.
Les manœuvres occidentales ont toutefois suscité des craintes. Selon Bloomberg le 11 juillet dernier, l’Arabie saoudite a mis en garde l’Occident, Riyad menaçant de vendre des titres de créances européens si le G7 décidait de saisir les 300 milliards de dollars d’actifs russes gelés en Occident.

Ce dernier s’est finalement résolu à saisir les seuls profits des actifs, vraisemblablement inquiet des répercussions internationales d’une saisie arbitraire susceptible d’effrayer les investisseurs internationaux. Les tentatives de l’Occident de confisquer les avoirs russes nuisent au système financier international et suscitent des préoccupations dans d’autres pays, avait estimé le 16 juillet le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

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