L’Espagne entend simplifier l’installation des nouveaux arrivants, mettant en avant la migration comme un levier essentiel pour préserver la prospérité du pays, en net décalage avec la position dominante dans le reste de l’Europe, bloqués par la montée de l’extrême droite. 

«L’Espagne doit choisir : être un pays ouvert et prospère ou un pays fermé et appauvri », avait mis en garde le Premier Ministre affirmé Pedro Sánchez laissant entendre que le recours à la main d’œuvre étrangère est une question de survie. Il a souligné que la migration ne relève pas uniquement d’une question d’humanité, mais qu’elle constitue le seul moyen réaliste de stimuler la croissance économique et de pérenniser l’État-providence dans un pays où le taux de natalité figure parmi les plus bas de l’Union européenne. 

« Tout au long de l’histoire, la migration a été l’un des principaux moteurs du développement des nations, tandis que la haine et la xénophobie ont été – et demeurent – les plus grandes forces destructrices », a-t-il dit, expliquant que cette solution est d’abord inéluctable et en même nécessite une prise en charge efficace. 

Ces déclarations interviennent alors que de nombreux gouvernements européens, confrontés à la montée de l’extrême droite, adoptent des politiques migratoires plus restrictives. En Allemagne, des contrôles aux frontières terrestres ont été réintroduits le mois dernier, justifiés par la nécessité de « protéger contre les menaces aiguës du terrorisme islamiste et de la criminalité organisée ». Parallèlement, le Premier ministre français, Michel Barnier, a récemment qualifié les niveaux d’immigration de « souvent insupportables ».

La Suède et la Finlande ont mis en place de nouveaux plans visant à renforcer leurs politiques anti-immigrations, tandis que l’Italie a été critiquée pour avoir ignoré les droits humains en concluant des accords avec les dirigeants libyens et tunisiens afin de limiter les arrivées des candidats à l’immigration. Ce durcissement des politiques migratoires a parfois créé des tensions entre les gouvernements et les entreprises en quête de croissance.

En mars, la plus grande entreprise des Pays-Bas a exprimé son inquiétude, affirmant que l’attitude anti-immigration du pays risquait de compromettre sa capacité à recruter des talents qualifiés. Des préoccupations similaires ont également été soulevées en Allemagne où les prévisions font état d’un besoin de 5 millions de travailleurs d’ici 2035 dans tous les secteurs.

 

Une meilleure intégration des migrants

 

Sánchez a fait savoir que l’Espagne adopterait une approche différente en consacrant des ressources à une meilleure intégration des migrants sur le marché du travail et en simplifiant les démarches administratives pour les demandes de résidence. « Près de la moitié de nos municipalités sont menacées de dépeuplement », a-t-il expliqué. « Nous avons des personnes âgées qui ont besoin de soignants mais ne peuvent en trouver. Des entreprises recherchent des programmeurs, des techniciens, des maçons, sans succès. Et des écoles rurales ont besoin d’élèves pour éviter de fermer leurs portes. »

En mai, l’OCDE a désigné l’Espagne, qui affiche la croissance économique la plus rapide de l’Union européenne, en tant qu’exemple des migrations qui ont pu stimuler l’économie en répondant aux pénuries de main-d’œuvre. Cependant, l’extrême droite, et de plus en plus le Parti populaire conservateur, ont exploité les craintes liées à la migration en associant les immigrants à la criminalité. Deux sondages récents indiquent que cette stratégie semble porter ses fruits, révélant une montée des attitudes hostiles envers les migrants parmi les personnes sondées.

S’adressant au parlement, Sánchez a exprimé sa gratitude envers les habitants des îles Canaries, saluant leur « exemple quotidien d’humanité » face à l’arrivée de plus de 30 000 migrants le long de l’une des routes les plus périlleuses au monde. 

Évoquant le sort des demandeurs d’asile, ayant en majorité fui les conflits, la misère ou l’instabilité politique, Sánchez a établi un parallèle avec les 120 000 Espagnols qui ont entrepris, dans le passé, des traversées désespérées à bord d’embarcations de fortune. « Plus de deux millions d’Espagnols ont émigré sous le régime de Franco, dont la moitié de manière irrégulière », a-t-il rappelé. « Nous devons nous souvenir des odyssées de nos parents et grands-parents en Amérique latine, dans les Caraïbes et en Europe.

Et reconnaître que notre devoir, aujourd’hui plus que jamais, est d’être cette société accueillante, tolérante et solidaire qu’ils auraient espéré rencontrer. »Au yeux de Sanchez qui bénéficient sur dossier du soutien, en premier lieu, des chefs d’entreprise, le recours à la main d’œuvre étrangère est une option vitale.

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