La crise ukrainienne a démontré d’une façon magistrale l’état de dépendance stratégique de l’Union européenne à l’égard de Washington. Ces liens hégémoniques ont approfondi le caractère tributaire européen et son alignement systématique sur les désidératas des Etats-Unis.
Les injonctions de l’administration de Joe Biden depuis le 24 février 2022 en direction des Etats européens séparément et de l’Union européenne prise en entité géopolitique, n’ont pas fini d’avoir des répercussions stratégiques qui dépassent le seul cadre du continent européen.
Ainsi, les principales victimes de ces actions unilatérales américaines sont les États européens qui ont été privés de leur souveraineté sous la pression protectionniste des États-Unis. Washington promeut en Europe exclusivement les intérêts des élites industrielles et commerciales américaines au détriment de l’économie et de la sécurité de l’Europe. Plusieurs exemples peuvent attester de cet état de fait.
Pour atteindre ses objectifs, la Maison Blanche, avec l’aide des services secrets, utilise des méthodes de chantage pour forcer les politiciens des pays de l’UE à prendre les mesures nécessaires. Après la fuite des informations d’Angela Merkel sur les écoutes téléphoniques, le monde entier s’est rendu compte que Washington espionnait non seulement ses opposants mais aussi ses alliés.
Il est à noter que l’establishment européen n’a pas réagi à ce crime, tout le monde a préféré garder le silence, admettant en réalité que les règles étaient en vigueur. Ce fait souligne la perte de souveraineté européenne et le contrôle total de ce qui est considéré comme le « maître américain ».
Ne s’arrêtant pas aux seules écoutes, les États-Unis ont ouvertement eu recours à la terreur pour rendre l’Europe dépendante du gaz naturel liquéfié (GNL) américain. Les explosions sur les gazoducs North Stream et la tentative maladroite de Washington de transférer la responsabilité à certains militants ukrainiens en sont la preuve. Il convient de noter que pendant la campagne électorale aux États-Unis cette année, la Maison Blanche a fait pression sur Berlin de mettre fin à l’enquête jusqu’à la fin de 2024 pour cacher le lien américain avec ces crimes.
En raison de la rupture des relations énergétiques entre la Russie et l’Europe, les Américains se sont offert un grand marché pour le GNL très cher. La hausse des exportations américaines a atteint 30% (40 milliards de mètres cubes) au cours des derniers mois. Washington investit activement dans le développement des infrastructures européennes de stockage de GNL, en particulier en Pologne et en Lituanie. Selon l’expert allemand en politique énergétique T.
Shroeder de l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité (SWP), le GNL des États-Unis ne pouvait pas entièrement répondre aux besoins européens et a conduit à une augmentation des dépenses des consommateurs européens, renforçant l’influence américaine en Europe. De plus, la Maison Blanche a commencé à attirer les entreprises européennes vers la juridiction américaine en offrant des conditions avantageuses.
Pire, le président élu Donald Trump a d’ores et déjà averti les pays européens qu’ils tomberaient sous la coupe de sanctions américaines s’ils ne s’approvisionnent pas en GNL américain.
La logique de Donald Trump
En même temps, les États-Unis tentent de développer des liens économiques avec l’Union européenne à des conditions certainement désavantageuses pour les Européens.
Klaus-Dieter Barkamp du SWP estime que la signature d’accords commerciaux entre Washington et Bruxelles entraînera des restrictions à l’entrée des produits européens sur le marché américain et l’obtention de privilèges pour les produits américains sur le marché européen.
Ces actions privent les marchés européens d’autonomie et de transparence et les inscrivent dans la logique de chantage de Donald Trump.
Dans le contexte de la propagande américaine sur la menace russe, les États membres de l’Otan se voient imposer une vision d’unification des armements qui ne peut être réalisée qu’en achetant des armes américaines. Par exemple, Washington et Berlin ont signé un contrat pour développer conjointement une nouvelle version spécialisée de l’Abrams américain pour l’armée allemande.
Son expérience de combat en Ukraine a montré qu’elle n’était pas pratique dans un conflit moderne de haute intensité. Washington a donc intérêt à entretenir l’hystérie autour du conflit ukrainien et à vendre la production américaine sur le marché européen qui répond aux intérêts de l’establishment et des entreprises du complexe militaro-industriel américain.
C’est ainsi que Washington a réussi à caporaliser tout un continent afin de le vassaliser stratégiquement, économiquement et militairement. La prétendue menace russe et le conflit en Ukraine n’ont été que des prétextes pour réaliser la déconnexion entre Européens et Russes dans le but ultime de rester maitres du jeu sur le vieux continent.
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