Au palmarès du ‘’selfie’’ et de la photo-souvenir pour la postérité, il peut se targuer d’être le familier du lieu le plus sollicité pour se prêter à l’exercice du ‘’souris, nous sommes filmés ou pris en photo’’. Tous les week-end que Dieu fait, Abderrahmane Belhouari – Dahmane pour les intimes –prend la mesure de son aura et d’une popularité intacte.
A l’heure du rituel du vendredi à Qahwet Tlemçani – matinée conviviale qui réunit des amis de cinquante/soixante ans pour prolonger les souvenirs d’un vécu commun –, l’ancien champion de boxe se retrouve, malgré lui, dans la posture de l’orateur intarissable. Un conteur ‘’sommé’’ gentiment de parler d’un temps de la boxe algérienne que les moins de soixante ans ne peuvent pas connaitre.
Même s’il n’a rien d’un studio dédié au média des ondes, le rituel du vendredi matin prend des allures d’émission radiophonique informelle. Une fois n’est pas coutume, tournant le dos au foot, le rendez-vous hebdomadaire au quartier de la Marine change d’intitulé générique. Ce n’est pas ‘’On refait le match’’, mais ‘’On refait le combat’’. Ou – pour être plus précis — les combats !
Présence de Dahmane Belhouari oblige, le rituel du vendredi vire, le temps d’un échange, à la causerie pugilistique. Exit les chroniques aux fortunes diverses de l’USMA, du MCA, de l’équipe nationale ou du Réal de Madrid ; bienvenue à la boxe algérienne des ‘’années vintage’’. Une période nostalgique documentée par les seuls clichés en ‘’noir et blanc’’ et peu – très peu – d’images vivantes tournées à l’époque par la télévision algérienne à l’aube de son aventure post-indépendance.
Des clichés témoins d’une carrière triomphante, Dahmane Belhouari en a collectionnés. Elles donnent de la consistance à ses archives, pièces à conviction qui mettent en scène des tranches de vie et des jalons importants de sa carrière. Né le 28 décembre 1947 à Belcourt, élève de Brahim Bouafia – son coach au CRB et en équipe nationale –, Dahmane a dominé le championnat d’Algérie dans sa catégorie en glanant le titre de 1964 à 1970. A l’international, il a été médaillé d’or aux Jeux arabes de Tripoli (Libye) en 1966 et médaillé d’or aux Jeux panarabes de 1969.
Nombre de ces clichés ‘’crèchent’’, de fraiche date, dans son smartphone. Au gré des causeries, il s’en sert pour illustrer tel souvenir ou attester d’un jalon de carrière dont il se dit très fier. Cliché parmi tant d’autres qu’il convoque à l’appui du ‘’rembobina’’ de sa carrière, une photo d’équipe datée de 1968 : la sélection algérienne avant son départ à l’étranger pour une compétition internationale.
Dahmane Belhouari arbore un look d’un artiste posant pour la jaquette de son disque. Autre cliché, un portrait qui donne carte blanche à un pugiliste séduisant par sa beauté et résolument ambitieux comme en atteste une médaille ornant une poitrine digne d’un culturiste.
L’album mémoriel de Dahmane Belhouari vaut aussi par un cliché dénué de légende mais porteur d’un souvenir anecdotique succulent : un aparté avec Ahmed Ben Bella. Footeux et grand amateur de boxe, le premier président de la République papote avec le Belcourtois. Ben Bella connaissait le talent de Belhouari et connaissait son gout pour les empoignades expéditives : écourter le temps de la confrontation et envoyer l’adversaire au tapis avant le gang final.
Un jour, le chef de l’Etat lui a dit à son arrivée au lieu de compétition : ‘’Dahmane, laisse-nous vivre un combat intégral. Ne cherche pas le KO d’entrée’’. Réponse instantanée du champion : ‘’Monsieur le Président, si je ne le mets pas KO dès le début, je risque de subir le coup fatal’’. Réplique du Président : ‘’hawlik lik (sic), vas-y, cogne-le !’’.
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