Diplomate au long cours, il brasse une carrière de plus de quatre décennies, durant laquelle il a eu à gérer des dossiers qui ont marqué sa carrière pour le compte de son pays. Né à Madrid, Fernando Morán Calvo y Sotelo, 68 ans, est issu d’une lignée qui a gravité dans les sphères de la politique et de la diplomatie, de centre-droite comme de gauche. Son Père (Morán) fut le ministre des affaires étrangère du premier gouvernement socialiste (1982-85). Sa mère (Calvo y Sotelo) est la sœur du Président du Gouvernement avant l’arrivée au pouvoir des socialistes (1981-82) et appartenant à une dynastie d’hommes d’Etat.

Natif de Madrid, M. Moran, endosse l’habit de diplomate en mai 1981. Son parcours d’ambassadeur se conjugue principalement à l’Afrique où il a servi au Congo Kinshasa, au Sénégal et en Côte d’ Ivoire avant de boucler son périple par l’Algérie depuis septembre 2018.

Sa proximité avec l’Algérie est une histoire qui mérite d’être consignée dans une encyclopédie dit-il. Une relation avec des hauts et ses bas mais riches en évènements et en anecdotes.

Dans cet entretien accordé au Jeune Indépendant, M. Moran revient sur les relations entre l’Algérie et l’Espagne à l’aune des conflits dans le monde y compris dans les régions qui interpellent directement Alger et Madrid. Peu prolixe et pesant avec minutie son discours, le diplomate livre dans cet exercice de questions-réponses sa lecture sur le devenir des relations entre les deux pays qu’il souhaite prometteur.

Le Jeune indépendant : Vous êtes en poste en Algérie depuis 2018, ce qui fait de vous le doyen des ambassadeurs européens. Quelle évaluation faite-vous de votre mission en Algérie ?

Fernando Moran Calvo : J´ai compris avant tout que l’Algérie et l’Espagne ensemble ont un futur prometteur. Rien ne changera cette géographie qui nous place face à face, et je ne le dis pas seulement d’un point de vue géographique. J’ai vu aussi un même code émotionnel, une connaissance et une compréhension réciproques. Ce sont les ingrédients des meilleures relations.

Après la crise de mars 2022, la situation entre l’Algérie et l’Espagne est réamorcée sur le plan commercial, quels sont selon vous les fondements nécessaires pour enclencher une reprise des consultations politiques ?

Notre relation est ancrée sur des bases historiques et de voisinages profonds. Les derniers mois des progrès ont été accomplis dans de nombreux domaines, mais nous aspirons à des relations complètes, y compris dans le commercial, à la mesure des intérêts et des besoins de nos sociétés respectives. Dans une relation aussi étroite que la nôtre, il est compréhensible que le niveau d’exigence soit élevé. Cela nous oblige à être particulièrement attentifs et vigilants pour préserver la confiance mutuelle. Voici le premier fondement de notre relation. C’est ce à quoi nous travaillons. Mon gouvernement aspire à la porter au plus haut niveau.

Préserver la confiance mutuelle

Alger et Madrid sont désormais confrontées à des défis persistants notamment sécuritaires que ce soit au Maghreb ou au Sahel avec leurs conséquences en Méditerranée. Comment sont appréhendés par l’Espagne les derniers bouleversements dans la région du Sahel ?

Il s’agit d’une priorité absolue pour l’Espagne, qui suit avec inquiétude la situation au Sahel, avec des dynamiques partagées avec sa région voisine du Maghreb. Pour Madrid, le rôle d’un pays comme l’Algérie est clé et essentiel pour l’avenir de la région. Nous espérons une stabilisation de la situation et une coopération régionale dans l’intérêt de tous, en particulier de la population civile.

Outre le partenariat énergétique notamment gazier qui constitue le segment focal, quels sont les autres segments sur lesquels espère tabler Madrid pour conforter sa coopération économique avec l’Algérie ?

De par notre proximité géographique et nos capacités respectives, nous ne devons pas imposer de limites à nos relations économiques et commerciales. Elles ont une vocation globale. Il existe des secteurs évidents comme l’agriculture, mais d’autres comme la technologie ou la science ont un potentiel tout aussi grand.

La question palestinienne a posé avec acuité le principe fondamental du droit des peuples à l’autodétermination. Comment l’Espagne et l’Algérie peuvent-ils concourir conjointement à la consécration de ce principe ?

L’Algérie et l’Espagne s’accordent sur la défense du droit international, du droit international humanitaire et d’un ordre international fondé sur des règles. L´Espagne a reconnu l´État de Palestine le 28 mai dernier.

L’ambassade a multiplié les activités culturelles que ce soit directement ou à travers l’institut Cervantès. Quelles sont les activités inscrites en partenariat avec le ministère de la culture ?
L’Ambassade et les deux centres Cervantes en Algérie mettent tout en œuvre pour répondre à une demande culturelle qui ne cesse de croître. Nous aspirons à travailler davantage avec le ministère de la Culture, comme nous l’avons fait traditionnellement. Notre ambition est également de toucher d’autres régions d’Algérie. Dans ce domaine, notre ambition n’a pas de limites.

Qu’en est-il des demandes des visas pour l’Espagne ? Quels sont les chiffres des visas octroyés en 2023 par rapport aux demandes ? Qu’en est-il des ressortissants espagnols qui arrivent en Algérie ?

En 2023, les deux consulats généraux d’Espagne en Algérie ont géré plus de 127.000 demandes de visa avec un taux d’obtention de près de 70 %. L’arrivée des Espagnols en Algérie reste encore faible, bien en deçà du potentiel touristique d’un pays aussi impressionnant que proche comme c’est le cas de l’Algérie.

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