Loin d’être un rituel évanescent, Yennayer continue, dans le M’zab, de constituer une fête toujours vivace qui obéit à des pratiques rituelles liées aux activités agricoles et marque, par la même, le début d’une nouvelle saison agraire et hivernale.
L’évènement continue d’être célébré à la manière des ancêtres avec la même ferveur et le même cérémonial autour de ce plat typiquement traditionnel, préparé uniquement avec des ingrédients de couleurs blanches, dans l’espoir d’une année qui présage une période faste et prospère, a expliqué Hadj Mahfoud du ksar de Béni-Isguen pour éclairer sur le choix des ingrédients de couleurs blanches pour le préparer.
Réalisé à base de semoule, sucre, lait et œufs, que la ménagère fait cuire sous forme de galette, puis effritée et passée à la vapeur avant d’être imbibée de smen (graisse naturelle) et décorée avec du raisin sec et des œufs durs, "R’fis" réunit toute la famille le soir.
Selon la tradition, ce plat est proposé dans un grand plat en bois de forme ovale, recouvert d’une nappe appelée "Amendil" que le plus âgé de la famille découvre et présente aux membres de la famille autour d’un thé à la menthe, a indiqué Mohamed Taleb, habitant de la localité d’El-Atteuf.
Ce genre de réunions de familles permet de consolider les liens familiaux et de les rapprocher, a-t-il souligné.
Pour les habitants des oasis de Ghardaia, Yennayer, qui coïncide avec la fin de la cueillette de dattes, constitue une étape cruciale pour évaluer la situation environnementale des palmeraies et annoncer le début de l’opération de soins et de toilettage des palmiers dattiers productifs, a indiqué, de son côté, Hadj Omar, propriétaire d’une palmeraie à Ghardaia.
Pour cette année l’association "Tifaout" de Melika a lancé une opération de nettoiement et de toilettage touchant les palmeraies et les réseaux d’irrigation (séguias et autres canalisations des eaux d’irrigation), sous le slogan "Pour une région propre comme notre cœur".
Pour les habitants du nord de Ghardaia, des plats spéciaux, présageant d’une nouvelle année féconde, sont préparés à cette occasion, tels que chercham, chekhchoukha ou couscous, consommés collectivement dans un même plat, a fait savoir Hadj Ahmed Benseghir, sexagénaire de Berriane.
Aussi, Yennayer s'inscrit dans le cadre de la réhabilitation de la culture, du patrimoine, des valeurs et des traditions amazighs, qui sont partie intégrante de la culture nationale, dans toute sa diversité.
Plusieurs cérémonies festives ont été programmées dans les différentes structures scolaires de la wilaya, à l’initiative du secteur de l’Education nationale pour inculquer aux élèves l’histoire et la culture ancestrale de l’Algérie dans toute sa diversité, ont indiqué les responsables locaux du secteur.
Le nouvel an amazigh constitue ainsi une opportunité pour valoriser les travaux agricoles ainsi que l’attachement des jeunes à la terre, à l’agriculture et à la préservation de la nature et de l’environnement, ont-ils souligné.