"Les dernières statistiques démontrent (...) que l'épicentre mondial du terrorisme s'est déplacé vers la région du Sahel, une région qui représente actuellement, à elle seule, 48% des décès liés au terrorisme dans le monde, contre 1% en 2007", a affirmé M. Attaf qui présidait, sur instruction du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, une réunion de haut niveau sur la lutte contre le terrorisme en Afrique.
"Les chiffres indiquent qu'au cours de la dernière décennie, l'Afrique a été témoin d'une augmentation profondément choquante de 400% des attaques terroristes avec une augmentation de 237% des décès dus au terrorisme", a relevé M. Attaf.
Les chiffres "révèlent également qu'au cours des neuf premiers mois de l'année 2024, l'Afrique a été frappée par plus de 3.200 attaques terroristes faisant plus de 13.000 morts", a-t-il indiqué.
Paradoxalement, "même si la menace terroriste a diminué dans d'autres parties du monde, elle a augmenté de façon exponentielle sur notre continent", a déploré M. Attaf.
"Depuis la région du Sahel, le terrorisme continue de se propager dans des parties et dans d'autres régions africaines, notamment à l'Est, à l'Ouest et au Sud, en passant par la région de l'Afrique centrale", a relevé M. Attaf, pour qui, "la nouvelle réalité est empreinte par la résurgence du terrorisme comme la plus grande menace pour la paix, la sécurité et le développement, une réalité qui dissimule derrière elle tant d'histoires de drames humains, plusieurs familles déchirées et des sociétés détruites, et avant tout cela, un avenir menacé de tout un continent".
"Les chiffres, à eux seuls, ne peuvent expliquer les différents aspects de ce fléau, car lorsque nous évoquons le terrorisme en Afrique, et plus particulièrement dans la région sahélo-saharienne, nous parlons, d'abord, de groupes terroristes lourdement armés et maîtrisant les stratégies militaires, des groupes qu'on pourrait qualifier d'+Armées terroristes+", a dit le ministre d'Etat.
Nous parlons, ensuite, de "groupes terroristes qui contrôlent désormais de vastes zones géographiques, allant jusqu'à plus de 60% des territoires nationaux de certains pays de la région, qu'ils administrent comme autorités de fait", a ajouté M. Attaf.
Enfin, "nous parlons de groupes terroristes qui ont développé les méthodes de financement de leurs activités, en ce sens qu'ils ne comptent plus seulement sur le crime organisé, la migration clandestine, la traite d'êtres humains et les enlèvements pour demander des rançons, mais ont désormais recours aux nouvelles technologies et aux innovations financières, qui rendent difficile la détection de leurs activités", a-t-il poursuivi.
A cet égard, le ministre a affirmé que "les principes directeurs de l'Algérie", récemment adoptés par le Comité onusien contre le terrorisme, visent principalement à mettre en lumière cette problématique.
Et de souligner que "l'Algérie continue, dans ce cadre, d'assumer ses devoirs à l'échelle continentale, en sa qualité de leader et de coordonnateur de l'Union africaine (UA) dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent, une éminente responsabilité dont a été investi le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, par les chefs d'Etat et de Gouvernement africains", ajoutant que c'est "dans cette optique que l'Algérie a pris l'initiative d'organiser la séance d'aujourd'hui, afin de tirer la sonnette d'alarme sur la situation critique engendrée par la propagation du terrorisme en Afrique et de réaffirmer l'urgence d'une mobilisation à l'échelle internationale pour faire face à ce fléau".
A ce propos, il a indiqué que l'Algérie est "convaincue que l'Afrique ne fait pas face à une menace locale, mais bel et bien à une menace mondiale, qui ne connaît pas de frontières et dont nul n'est à l'abri".
"Cette menace entraînera tôt ou tard des répercussions de grande ampleur qui dépasseront les régions africaines touchées et tout le continent (...) ce qui exige une nouvelle approche fondée sur un engagement international renouvelé visant à apporter une aide efficace à ceux qui en ont besoin et à stopper l'expansion de cette menace de manière urgente avant qu'il ne soit trop tard", a soutenu le ministre d'Etat.
Cette conviction, souligne-t-il, "repose sur l'expérience douloureuse de l'Algérie dans la lutte contre ce fléau", rappelant que l'Algérie "connaît la véritable nature et la réalité du terrorisme", elle qui a "affronté seule le terrorisme dans les années 1990, lorsque d'autres préféraient détourner délibérément le regard" et a "réussi à vaincre le terrorisme grâce à la solidité de ses institutions, à l'approche globale qu'elle a adoptée et, surtout, à l'unité, à la résilience et à la détermination de son peuple".
Partant de cette expérience, M. Attaf a conclu son allocution par trois messages clés. Le premier est que "l'approche actuelle n'est pas viable, d'où la nécessité pour la communauté internationale d'empêcher le terrorisme de continuer à entraver le cheminement de l'Afrique vers la paix et la prospérité".
Le deuxième message est que "nous devons penser différemment et agir de manière résolue afin de traiter à la fois les manifestations du terrorisme et ses causes profondes, en tenant compte de la grande capacité d'adaptation de ce fléau", a ajouté le ministre d'Etat, soulignant la nécessité de prendre "des mesures de réponse à la fois en matière de développement et sur le plan sécuritaire afin de s'attaquer collectivement à cette question de manière globale, cohérente et intégrée".
Le troisième message est que "nous avons besoin d'une forte direction africaine soutenue par un partenariat international efficace, notamment entre l'Union africaine et l'Organisation des Nations unies, d'autant que les pays africains ont démontré, sous la bannière de leur organisation continentale, son engagement à s'acquitter de son rôle dans la lutte mondiale contre le terrorisme", a-t-il expliqué.
Les pays africains "y sont parvenus grâce aux stratégies de développement reposant sur l'Agenda 2063 et ses différents plans d'action, mais aussi à travers les opérations de consolidation de la paix, comme celles en République fédérale de Somalie, pays frère, et par le biais des cadres opérationnels conjoints de lutte contre ce fléau, tels que le Comité africain du renseignement et de la sécurité (CRS), la Force africaine en attente (FAA) et ses cinq composantes régionales, y compris la Capacité régionale d'Afrique du Nord (NARC), le Mécanisme de l'Union africaine de coopération policière, le Comité d'Etat-Major opérationnel conjoint (CEMOC) et le Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme (CAERT)", a-t-il dit.
"La communauté internationale ne doit pas laisser l'Afrique seule dans cette bataille, car le succès de l'Afrique profitera au monde entier, et son échec aura des répercussions sur le monde entier", a-t-il conclu.