J.D. Vance. De l'Amérique déclassée à vice-président de Trump
Porte-voix de l'Amérique déclassée devenu fervent défenseur du trumpisme, J.D. Vance va devenir le vice-président des Etats-Unis après la victoire de Donald Trump, point d'orgue d'un parcours éclair et atypique.
Je crois que nous venons d'assister au plus grand come-back politique de l'histoire des Etats-Unis, dixit JD.Vance
"Je crois que nous venons d'assister au plus grand come-back politique de l'histoire des Etats-Unis", a lancé mercredi cet ancien militaire et auteur à succès, à propos du retour du milliardaire républicain à la Maison Blanche.

A 40 ans, soit 38 de moins que Trump, le sénateur de l'Ohio se retrouve "à un battement de coeur" de la présidence, selon l'expression consacrée.
En acceptant la nomination du Parti républicain à la vice-présidence en juillet, il avait appelé les Américains à "choisir une nouvelle voie" avec Donald Trump.

Lors de cette convention républicaine, qu'il avait décrite comme "une célébration de ce que l'Amérique a été et, par la grâce de Dieu, de ce qu'elle sera bientôt à nouveau", J.D. Vance avait promis de défendre les classes populaires et de se battre pour les "citoyens américains, leurs emplois et leurs salaires".

Avant de rejoindre la campagne de Donald Trump, ce conservateur au profil éclectique défendait au Congrès des causes chères à son patron, comme la lutte contre l'immigration et le protectionnisme économique.

"J'ai une bonne mémoire. Si vous combattez politiquement Trump et les candidats qu'il soutient aujourd'hui, ne venez pas me demander mon aide dans un an pour passer votre loi ou les projets qui vous tiennent à cœur", avait averti en début d'année ce sénateur au visage rond, mèche impeccable et barbe soignée.

Des propos raillés alors par ses opposants, qui n'ont pas manqué de souligner l'ironie de la situation: avant de défendre bec et ongles Donald Trump, J.D. Vance n'était pas avare de critiques à l'égard du milliardaire.

Disant un jour être un "type qui ne sera jamais pro-Trump", il avait également qualifié dans le passé le magnat d'"idiot" et de "nocif", s'inquiétant même qu'il soit "l'Hitler de l'Amérique".

Avant de se lancer en politique, J.D. Vance a eu un parcours pour le moins atypique. Il a grandi dans une famille monoparentale modeste de la "Rust Belt", région du nord-est profondément marquée par le déclin industriel, puis est entré dans l'armée. Il a ensuite étudié le droit à Yale, l'une des universités les plus prestigieuses du pays, avant de faire carrière dans la Silicon Valley.

Mais c'est un livre, "Hillbilly Elégie", publié en 2016 qui le fait connaître. Dans ce récit autobiographique devenu un best-seller adapté au cinéma, J.D. Vance raconte son enfance chaotique dans une Amérique blanche meurtrie par le chômage et les addictions, et fait entendre la voix d'une population ouvrière désillusionnée, déclassée et rancunière.

Ce n'est que plus tard qu'il s'est rapproché du courant trumpiste. Son livre a attiré l'attention notamment du fils aîné de l'ex-président, Donald Trump Jr, dont il est devenu un proche ami.
Il a adopté le ton combatif du milliardaire et obtenu son soutien pour sa campagne pour le Sénat en 2022.
 
Lui qui met en avant sa foi chrétienne comme boussole privée et politique s'est imposé comme un défenseur féroce du magnat républicain face aux procédures pénales et civiles le ciblant.
"L'administration Biden veut voir Trump mourir en prison et ruiner sa famille. C'est la plus grande attaque contre la démocratie jamais vue", fustigeait-il en mars.

Avec son épouse Usha, avocate d'origine indienne, J.D. Vance est père de trois enfants.
S'il est parfaitement aligné sur les positions migratoires et économiques de son patron, il apparaît davantage à droite sur d'autres questions, comme l'avortement, où il s'est prononcé contre des exceptions aux interdictions, même en cas de viol ou d'inceste.

J.D. Vance est même devenu la figure de tête du mouvement de "la Nouvelle Droite", des jeunes conservateurs qui tentent de donner une orientation plus radicale au mouvement isolationniste et anti-immigration de Donald Trump, écrivait en mars Politico.

Ce mouvement "considère que Trump n'est que la première étape d'une révolution populiste-nationaliste plus large qui est déjà en train de remodeler la droite américaine", selon Politico. "Et s'ils parviennent à leurs fins, cela refaçonnera bientôt l'Amérique dans son ensemble".