Il y a 49 ans, le sang d’Omar Benjelloun inondait le seuil de sa maison à Casablanca. Une tragédie, un acte barbare, un assassinat politique prémédité par les forces de l’obscurantisme qui croyaient pouvoir tuer une pensée en fauchant un homme. Omar Benjelloun, martyr de la liberté, de la démocratie et du socialisme, n’est pas seulement tombé sous les coups d’un intégrisme fanatique ; il est devenu le symbole éternel d’une lutte pour une société juste, moderne et égalitaire.
Ce 18 décembre 1975, les assassins n’ont pas seulement ôté la vie d’un leader politique de premier plan. Ils ont cherché à éliminer une vision, celle d’un Maroc démocratique, d’un peuple uni autour de ses valeurs de progrès et de tolérance. Mais Omar Benjelloun, par sa pensée et son action, a transcendé la mort. Aujourd’hui, 49 ans plus tard, son héritage demeure intact et sa mémoire brûle encore dans les cœurs des militants, de la gauche marocaine et de tout un peuple attaché aux principes de justice sociale.
Un martyr, un militant, un intellectuel
Omar Benjelloun, natif de l’Oriental, a incarné toute sa vie l’exemplarité d’un engagement total. Ingénieur, avocat, journaliste, intellectuel et homme d’action, il a marqué chaque domaine de son empreinte indélébile. Ses chroniques dans les colonnes d’Al Moharrir étaient le fer de lance de la dénonciation des injustices et de l’oppression. Omar écrivait avec la même vigueur qu’il plaidait au tribunal et qu’il militait dans les rangs du parti des forces populaires. Chaque mot, chaque acte était pensé comme une arme pour défendre les démunis et éclairer les esprits.
Mais cette audace dérangeait. Omar Benjelloun était l’homme à abattre pour les hérauts de l’obscurantisme. Ils ont tout tenté : les colis piégés, les menaces, la violence aveugle. Et lorsque les attentats n’ont pas suffi à le faire taire, ils ont décidé de frapper avec une barbarie sans nom, le 18 décembre 1975, en le poignardant dans une scène d’une violence insoutenable. Pourtant, pouvaient-ils tuer ses idées ? La réponse est non. Omar Benjelloun a survécu à ses bourreaux par la puissance de son message et la fidélité de ceux qui ont continué à le porter.
Un assassinat contre la démocratie naissante
L’assassinat d’Omar Benjelloun fut le premier acte terroriste revendiqué au nom de la religion dans l’histoire politique moderne du Maroc. Il portait un double objectif : mettre fin à l’existence physique d’un leader qui dérangeait, mais surtout, anéantir les idéaux qu’il incarnait. Ceux d’une gauche marocaine fière, démocratique et profondément enracinée dans les préoccupations sociales du peuple. Omar Benjelloun, à travers sa plume, ses discours et ses combats, avait érigé la lutte pour la démocratie, les libertés individuelles et la justice sociale en devoir sacré.
L’USFP, cible de cet assassinat odieux, n’a pourtant pas faibli. Le parti des forces populaires a continué sa marche, renforcé par le sacrifice de son leader. Le congrès extraordinaire de janvier 1975, auquel Omar avait pris une part déterminante, reste un tournant majeur dans l’histoire de la gauche marocaine. Par son rapport idéologique co-signé avec Mohamed Abed El Jabri, il a posé les fondements d’une pensée socialiste marocaine moderne, enracinée dans les réalités nationales tout en restant ouverte sur le monde.
Aujourd’hui, cette pensée est plus actuelle que jamais. Face aux crises économiques, aux inégalités sociales et aux défis démocratiques, les idées d’Omar Benjelloun continuent d’offrir des réponses. Elles nous rappellent que le progrès n’est pas une option, mais une obligation. Que la démocratie ne se négocie pas, mais se construit patiemment, avec courage et abnégation.
Un homme, une mémoire, un idéal
Honorer la mémoire d’Omar Benjelloun n’est pas une simple commémoration. Elle est un rappel constant, un appel à la vigilance face aux forces qui, hier comme aujourd’hui, tentent d’éteindre la lumière de la modernité par le fanatisme et l’ignorance. Omar était, et restera, l’incarnation du militant organique, cet intellectuel engagé dont la pensée et l’action ne faisaient qu’un.
Il croyait en un Maroc où la démocratie s’enracine dans toutes ses dimensions : politique, économique, sociale et culturelle. Un Maroc où les citoyens sont égaux devant la justice et où la solidarité n’est pas un vain mot. Omar Benjelloun a été, jusqu’à son dernier souffle, un musulman authentique, porteur des valeurs de justice, d’égalité et de tolérance. Même envers ses bourreaux, il aurait choisi le pardon plutôt que la vengeance.
Fidélité et renouveau
Aujourd’hui, 49 ans après sa disparition, la meilleure manière d’honorer Omar Benjelloun est de continuer son combat. La gauche marocaine, et en particulier l’USFP, doit puiser dans sa mémoire les forces nécessaires pour répondre aux défis actuels : justice sociale, respect des libertés, renouveau politique et unité nationale. Comme le martyr l’avait si bien compris, le progrès d’une nation passe par l’éducation, l’éveil des consciences et l’action militante sincère.
En ce jour de commémoration, les militants sont appelés à méditer les leçons du parcours d’Omar. La fraternité, l’éthique militante, l’écoute des citoyens et l’action en profondeur dans la société sont autant de principes que l’USFP doit faire vivre, pour que le sacrifice de son martyr ne soit pas vain.
Omar Benjelloun, immortel
Le crime a ôté un homme, mais il n’a pu ôter sa lumière. Omar Benjelloun demeure, 49 ans plus tard, une figure emblématique de la lutte pour la liberté et la démocratie. Son souvenir est gravé dans la mémoire collective du peuple marocain et dans l’histoire de la gauche marocaine. Son combat, ses valeurs et son idéal vivent encore et toujours, tels des phares qui éclairent le chemin des générations présentes et futures.
Le 49ème anniversaire de sa disparition n’est pas un simple hommage. Il est une promesse. Une promesse de ne jamais renoncer à ses principes, une promesse de continuer à bâtir ce Maroc pour lequel il a tout sacrifié.
Mehdi Ouassat