Les Marocains tête de liste en termes de titres de séjour et de mobilité étudiante, entre autres
« Les Marocains constituent la première nationalité parmi les signataires du CIR (Contrat d’Intégration Républicaine). Ils arrivent également en deuxième position en matière de visas délivrés en 2024. Le Maroc est le premier pays d’origine des étudiants étrangers et représente 11% des nouveaux titres de séjour délivrés en 2024 ». C’est ce qui ressort des derniers chiffres de l'immigration en France, publiés récemment par le ministère de l’Intérieur français.  Radioscopie.
 
Contrat d’Intégration Républicaine
 
En détail, les ressortissants marocains constituent la première nationalité parmi les signataires du CIR  en 2024, représentant près d’un signataire sur dix. On compte 11.302 signataires ce qui représente une part de 9.9% parmi l'ensemble des signataires et une évolution de - 1,1% entre 2023/2024. En 2023, le nombre de signataires marocains a atteint 11.430, soit 8,9%  de l'ensemble des signataires.

Ils sont suivis de près par les Afghans (9,1%), qui occupaient la première place en 2023. Les Tunisiens et les Algériens conservent respectivement les troisième et quatrième positions avec 8,2% et 5,9% des signataires.

Le département de l’Intérieur français précise que « les ressortissants du Maghreb ont été historiquement les principaux signataires du CIR se partageant les trois premières places. Depuis 2020, ce classement a été modifié par la progression des Afghans parmi les signataires, qui occupent la première ou la seconde place alternativement ».

A noter, cependant, qu’en 2024, 114.443 contrats d’intégration républicaine ont été signés, marquant une baisse de 10,5% par rapport à l'année précédente, qui était une année record. Cette diminution s’explique notamment par l’interruption des signatures de CIR au mois d’août, compte-tenu du contexte budgétaire. Néanmoins, le niveau de 2024 reste nettement supérieur à celui des années précédentes   (de 2016 à 2022). Moins de la moitié des signataires (44,6%) ont reçu une prescription pour une formation linguistique en 2024, en raison notamment d’une proportion importante de signataires originaires de pays francophones. Ce chiffre marque une baisse de 1,2 point par rapport à 2023 et constitue le taux le plus bas enregistré depuis 2017.
 
Visas
 
En 2024, les ressortissants marocains et algériens occupent respectivement les deuxième et troisième places en termes de visas délivrés, confirmant leur forte présence migratoire. Avec 283.023 visas accordés, les Marocains se positionnent derrière les Chinois, qui dominent largement le classement avec 562.505 visas délivrés. Cette tendance illustre l’importance des flux migratoires en provenance du Maroc, ainsi que la place prépondérante de la mobilité chinoise, notamment pour des motifs économiques et académiques. 

Comparé à 2023, où 241.574 visas avaient été attribués aux Marocains, cela représente une hausse significative de +17,2%. Cette progression démontre une augmentation des demandes marocaines et un assouplissement potentiel des critères d’octroi. Le Maroc représente désormais 11,6% des visas de long séjour, confirmant son rôle central dans la dynamique migratoire. 

Outre le Maroc, la Tunisie et la Côte d’Ivoire affichent également une forte proportion de ressortissants bénéficiant de visas de long séjour. Cela souligne une mobilité migratoire structurée, où ces pays d’Afrique du Nord et de l’Ouest entretiennent des liens historiques, culturels et économiques étroits avec les pays d’accueil. 

L’écart entre la Chine et le Maroc reste toutefois significatif, la Chine bénéficiant d’un nombre de visas plus de deux fois supérieur. Cette dominance chinoise peut s’expliquer par l’essor des échanges économiques, le nombre croissant d’étudiants chinois à l’international et les besoins en main-d’œuvre qualifiée dans certains secteurs spécifiques. 
 
Etudiants
 
Le premier pays d'origine des étudiants étrangers en mobilité internationale est le Maroc (36.813 étudiants), suivi de l'Algérie (27.489) puis de la Chine (24 174). Cette dernière se démarque par une part plus faible d'étudiants à l'université : ils privilégient des études en écoles (commerce, ingénieur, ...) à l'instar de ceux de I'Inde ou de l'Amérique du Nord. A l'inverse, pour l’Algérie, deuxième pays d'origine, près de neuf étudiants sur dix sont inscrits à l'université.

En 2023/2024, plus de la moitié des étudiants étrangers en mobilité internationale à l'université sont originaires du continent africain, 18,7% d'Europe (dont plus de sept sur dix de l'Union européenne) et 19,3% d'Asie. Les étudiants étrangers asiatiques sont plus fréquemment en cycle doctorat (15,1% contre 9,3% pour l'ensemble des étudiants étrangers), et les Africains en master (47,8% contre 44,4%) tirés vers le haut par les étudiants du Maghreb (54,7%).

Plus souvent que les Français, les étudiants étrangers inscrits à l'université suivent en premier lieu des cursus scientifiques et littéraires. A l'inverse, ils sont 9,6% à être inscrits en médecine contre plus de 14% pour les étudiants autochtones. Ces répartitions varient selon le pays d'origine. Les Maghrébins choisissent plutôt des disciplines scientifiques alors que les étudiants chinois et européens s'orientent davantage vers des disciplines de lettres ou de sciences sociales.
 
Titre de séjour 
 
Les ressortissants des pays du Maghreb sont de loin les plus nombreux parmi les nouveaux titulaires d’un titre de séjour. En 2024, plus d’un nouveau titre sur quatre leur est attribué. Si la liste des principales nationalités recevant des premiers titres de séjour en France est relativement stable sur les dernières années, on note en 2024 une augmentation du nombre de ressortissants camerounais, indiens, afghans et américains (entre + 5,3% et + 9,0%). A contrario, les primo-délivrances de titres aux ressortissants algériens et sénégalais sont en baisse (- 9,1% et - 9,7 %).
 
Délivrance des premiers titres de séjour
  
 Les dix principaux pays représentent plus de la moitié des primo-délivrances de titres, une part en baisse de 1,3 point sur un an. Parmi les principales nationalités, les nouveaux titres sont principalement délivrés aux Africains (70% des dix premières nationalités). Le Maroc représente 11%.

Les trois pays du Maghreb se caractérisent par une part importante de titres de séjour accordés pour motif familial et, pour la Tunisie et le Maroc, une part élevée pour les titres économiques. Si au total, les motifs économiques et familiaux représentent ensemble 43,4% des primo-délivrances, cette proportion atteint respectivement 61,4%, 64,0% et 73,8% pour les origines marocaine, algérienne et tunisienne. Les premiers titres de séjour délivrés à des ressortissants marocains en 2024 sont dans 29% des cas, des titres pour motifs économiques. Les ressortissants chinois, américains, indiens, sénégalais et camerounais obtiennent principalement des titres pour le motif étudiant alors que les ressortissants afghans obtiennent presqu’exclusivement des titres pour motif humanitaire.

Depuis 2017, le plus grand nombre de premiers titres a été chaque année délivré aux ressortissants maghrébins. L’Afghanistan a connu sur la même période une importante croissance des premiers titres délivrés suite au contexte politique du pays qui s’est dégradé au fil des années, surtout sur un passé récent. La Chine, quant à elle, peine à retrouver son niveau d’avant-Covid, tandis qu’a contrario, les Etats-Unis ont largement dépassé ce niveau.

Hassan Bentaleb

Le Contrat d’Intégration Républicaine (CIR)
 Le Contrat d’Intégration Républicaine (CIR), entré en vigueur le 1er juillet 2016 et succédant à l’ancien contrat d’accueil et d’intégration, est un engagement mutuel conclu entre l’Etat français et tout étranger éligible, admis au séjour en France et désireux de s’y installer durablement. La signature de ce contrat marque la première étape du parcours personnalisé d’intégration du signataire en France. D'une durée d'un an, ce contrat engage le signataire à suivre une formation civique (4 jours depuis le 1er mars 2019), et selon son niveau de français, une formation linguistique (0, 100, 200, 400 ou 600 heures, depuis le 1er mars 2019). Des entretiens individualisés sont également organisés par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), permettant de fournir des conseils en orientation professionnelle et un accompagnement adapté aux besoins pour faciliter l’insertion professionnelle, les conditions d’accueil et d’intégration.