A deux semaines de la COP29, l'ONU sonne une nouvelle fois l'alarme: les engagements climatiques actuels des pays ne sont pas du tout sur la bonne voie pour contenir le réchauffement à 1,5°C et ainsi éviter les conséquences les plus catastrophiques.

Ces engagements mènent à seulement 2,6% de baisse des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 2019, au lieu des 43% préconisés pour espérer limiter le réchauffement climatique à la limite la plus ambitieuse de l'accord de Paris, a alerté lundi l'ONU Climat dans un rapport mis à jour chaque année.

Les plans d'action climatique nationaux n'ont que peu progressé en un an et "sont loin de répondre aux besoins pour empêcher le réchauffement planétaire de paralyser toutes les économies et de détruire des milliards de vies et de moyens de subsistance", a souligné Simon Stiell, le secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

Ce rapport est la synthèse annuelle des derniers engagements de réduction des émissions - appelés "contribution déterminée au niveau national" (NDC) - pris par les 195 signataires de l'accord de Paris de 2015, qui représentaient 95% des émissions globales en 2019.

Il est rendu public à quelques jours de l'ouverture de la COP29, le 11 novembre à Bakou (Azerbaïdjan), qui sera essentiellement consacrée à la question de la finance en direction de l'action climatique mais aussi marquée par l'élection présidentielle américaine.

Les plans actuels combinés des Etats entraîneraient des émissions de 51,5 gigatonnes d'équivalent CO2 en 2030, soit seulement 0,6% de moins que dans l'analyste précédente publiée par l'ONU fin 2023.

Selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM), une autre entité de l'ONU, les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère ont d'ailleurs atteint de nouveaux records en 2023.

Le principal d'entre eux, le CO2, s'accumule plus rapidement que jamais dans l'atmosphère, avec une hausse de plus de 10% en deux décennies, a-t-elle indiqué lundi dans un autre rapport.

Au total, 34 pays, dont les membres de l'Union européenne, le Brésil ou l'Azerbaïdjan ont communiqué des mises à jour de leurs objectifs, qui doivent être actualisés d'ici début 2025, avant la COP30

"La pollution par les gaz à effet de serre à ces niveaux garantira un naufrage humain et économique pour tous les pays, sans exception", a encore mis en garde Simon Stiell.
Le rapport de synthèse publié lundi "doit marquer un tournant, mettant fin à l'ère de l'insuffisance et déclenchant une nouvelle ère d'accélération, avec de nouveaux plans d'action climatique nationaux beaucoup plus audacieux de la part de chaque pays attendus l'année prochaine", a souligné le chef de l'ONU Climat.

Dans une autre publication, le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) avait déjà alerté jeudi sur l'absence de progrès significatifs depuis un an.

Selon ses calculs, les politiques actuelles entraîneraient un réchauffement "catastrophique" de 3,1°C au cours du siècle. Et même en intégrant toutes les promesses de faire mieux, y compris celles que des pays en développement ont conditionnées à l'obtention d'aides financières ou technologiques, les températures mondiales grimperaient de 2,6°C.

"Nous avons besoin d'une mobilisation mondiale d'une ampleur et d'un rythme jamais vus auparavant, et ce dès maintenant, ou l'objectif de 1,5°C sera bientôt mort", avait averti Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE.

L'accord de Paris de 2015 fixe l'objectif de limiter le réchauffement de la planète "nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels", quand l'humanité a commencé à exploiter à grande échelle les énergies fossiles responsables des émissions de gaz à effet de serre, et si possible à 1,5°C.

Mais pour avoir 50% de chances de contenir le réchauffement à 1,5°C, les émissions mondiales doivent baisser de 43% d'ici 2030, par rapport aux niveaux de 2019, selon le Giec, les experts mandatés par l'ONU.