Sécurité mondiale, changements climatiques, technologies…
Coopération : Renforcer la coopération entre les pays du Nouveau Sud et créer un dialogue intercontinental et interculturel entre les pays du Nord et du Sud. Ce Sud qui est capable de simplifier les complexités, de privilégier la collaboration et de rester ancré dans son histoire tout en avançant des solutions innovantes et durables. Telles sont quelques-unes des finalités de la 13ème édition des Atlantic Dialogues qui ont clôturé le 14 décembre 2024 leurs travaux à Rabat.
La 13ème édition des Atlantic Dialogues a réuni du 12 au 14 décembre au Campus de l’UM6P à Rabat les experts en géopolitique du bassin Atlantique et au-delà. Cette rencontre a abordé les défis majeurs pour la région et les perspectives de coopération entre les pays de l’Atlantique élargi. Karim El Aynaoui, président du PCNS, a appelé à l’action pour des efforts collectifs visant à surmonter la fragmentation mondiale. Il a réitéré l’importance de reconstruire les institutions nationales et supranationales afin de renforcer les voix atlantiques et de favoriser la coopération.
Vers des partenariats transfrontaliers
Au cœur de cette édition, l’Initiative Royale Atlantique, portée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a été saluée par plusieurs participants à cet événement. Elle incarne une vision ambitieuse et inédite, d’autant plus qu’elle propose non seulement un modèle innovant de coopération régionale, mais également une approche géopolitique audacieuse, fondée sur des dynamiques fortes et structurelles de connectivité, d’interdépendance et, surtout, de développement durable, selon l’ambassadeur du Maroc aux États-Unis, Youssef Amrani. Le diplomate marocain a mis en avant la portée de cette Vision Royale et la narrative de développement qu’elle promeut dans l’ensemble de la région et sous-région atlantique. «Conçue par l’Afrique et pour l’Afrique, cette initiative repose sur des partenariats transfrontaliers apportant des solutions concrètes, tout en transformant les défis en opportunités», a précisé l’ambassadeur. M. Amrani a braqué les projecteurs sur la dynamique que connaît le Maroc dans ce sens évoquant plusieurs projets d’envergure, notamment le Port Atlantique de Dakhla, notant qu’il s’agit d’un projet structurant de 12 MMDH qui transforme les routes maritimes en véritables moteurs de développement économique pour la région. Il a également cité le Gazoduc Atlantique qui constitue un corridor énergétique de 5.660 kilomètres reliant 13 pays africains. Présent lors de cette édition, Omar Hilale, représentant permanent du Maroc aux Nations Unis, a souligné le potentiel politique du Sud lorsqu’il est uni, plaidant pour des réformes telles que l’élargissement du Conseil de sécurité des Nations Unies afin d’assurer une meilleure représentation.
Le soft power de la culture
La culture est un puissant connecteur entre pays. Dans ce schéma, la diplomatie culturelle joue un rôle clé dans le rayonnement du Maroc à l’international, de par la richesse et la diversité de son patrimoine et de sa culture ancestrale. Selon le ministre de la jeunesse, de la culture et de la communication, Mohamed Mehdi Bensaid, le Maroc s’emploie aujourd’hui à faire connaître la richesse et la profondeur de son patrimoine culturel, à la faveur des efforts consentis dans sa préservation et sa mise en valeur. La diplomatie culturelle est une force douce qui valorise les spécificités d’un peuple et d’une communauté, a-t-il expliqué, notant que le patrimoine et la culture marocains jouent un rôle de premier plan dans la diplomatie officielle du Royaume et la défense de ses intérêts à l’international.
Le rôle des think tanks dans la construction de la coopération
Les think tanks jouent un rôle essentiel dans la compréhension des changements que connaît le monde actuellement. Mais leur mission ne se limite pas à cela. A ce propos, Karim El Aynaoui, président exécutif du Policy Center for the New South (PCNS), a affirmé que les think tanks jouent un rôle essentiel en comblant les lacunes de connaissances et en favorisant le dialogue entre les régions notant qu’ils sont comme des biens publics alliant la rigueur académique à la pertinence politique. Il a aussi souligné leur capacité à servir de raccourcis pour la création et la diffusion des connaissances. De son côté, Renato Flôres, directeur de la «Fundação Getulio Vargas International Intelligence Unit», a précisé que le rôle principal des think tanks est d’apporter de la matière intellectuelle pour les décisions futures. Il a également relevé la nécessité de faire participer les jeunes dans les discussions car ils sont porteurs d’idées utiles à prospecter. Le directeur de la «Fundação Getulio Vargas International Intelligence Unit» a appelé à la mise en place d’une coopération solide entre think tanks. L’objectif étant d’aborder les problématiques majeures, comme le contrôle des armes ou la lutte contre la pauvreté et la faim.
Renato Flôres a plaidé pour davantage de transparence et d’inclusivité, préconisant un dialogue ouvert avec des points de vue opposés afin de favoriser des analyses équilibrées. Quant à Ian Lesser, vice-président du German Marshall Fund, il a souligné que les think tanks ont beaucoup évolué, mais que dans un monde polarisé, il est devenu difficile de rassembler des personnes avec des points de vue différents. M. Lesser a également insisté sur l’importance de créer des espaces de dialogue où différents points de vue peuvent s’exprimer, malgré les divisions croissantes. De son côté, le vice-président exécutif de l’Institut italien d’études politiques internationales, Paolo Magri, a souligné l’importance de la collaboration interrégionale et de la multidisciplinarité pour relever les défis mondiaux complexes. Il a également indiqué que les think tanks produisent des idées et aident à construire un consensus autour de grandes thématiques. M. Magri a, en plus, mis en avant l’importance des relations humaines au sein de ces institutions, notant qu’il est essentiel de former une nouvelle génération de think tanks avec une approche intercontinentale. La séance plénière finale a par ailleurs offert de puissantes réflexions de la part de leaders émergents sur la manière de relever les défis et de construire des communautés inclusives mettant en avant l’importance du dialogue intergénérationnel. Cette séance a été l’occasion pour les jeunes leaders d’appeler à davantage d’échanges Sud-Sud afin d’accroître l’attractivité des institutions éducatives dans le Sud global. Les jeunes leaders ont également mis l’accent sur l’importance du soft power dans les économies créatives, appelant à une perspective plus collaborative entre les cultures.