Rapport. La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) dresse son bilan annuel. L’année 2024 a été marquée par un recul de 10% des crimes violents. Les affaires criminelles ont augmenté en passant de 738.748 en 2023 à 755.541 en 2024. Les détails.

La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a rendu public son bilan annuel au titre de l’année 2024. Il ressort de ce bilan que le nombre des affaires criminelles a augmenté en passant de 738.748 en 2023 à 755.541 en 2024. En revanche, les crimes violents ont accusé une baisse significative de 10%. La DGSN précise que les affaires de vol aggravé ont reculé de 24 %, les vols de véhicules de 20 %, les vols avec violence de 12 %, et les vols par effraction de 10 %. Les agressions sexuelles ont également régressé de 4 %, les affaires liées aux stupéfiants de 7 %. Quant aux vols ciblant les agences de banques, ils ont chuté de 45 %. Le taux d’élucidation des crimes a atteint un niveau record de 95 %. L’analyse qualitative montre que les crimes violents sont restés à leur niveau minimal de 7 % des affaires pénales enregistrées, soit 49.838 cas, ce qui a conduit à l’arrestation de 29.959 personnes, dont 10.720 personnes recherchées. Les services de police ont démantelé 947 bandes criminelles impliquées dans les vols qualifiés, ce qui a permis l’arrestation de 1.561 individus présumés impliqués dans ces actes. De même 119 véhicules et 75 motos utilisés dans ces activités criminelles ont été saisis. S’agissant des stupéfiants, une baisse de 7 % a été enregistrée avec 92.346 affaires traitées et 119.692 individus arrêtés, dont 287 ressortissants étrangers. Parmi les saisies figurent 123 tonnes et 971 kg de résine de cannabis, 1.948 tonnes de cocaïne, 16,53 kg d’héroïne, et 1.429.052 de comprimés psychotropes, dont 773.493 cachets d’ecstasy. La DGSN précise que deux tentatives de trafic de médicaments à base de substances stupéfiantes ont été mises en échec, avec la saisie de 704.000 flacons comportant des substances illicites, en provenance d’Asie et à destination de l’Afrique subsaharienne. Les données de la DGSN font état d’une diminution de 47% des affaires liées à la drogue « L’bouffa ». Les quantités saisies ont augmenté de 58% grâce au renforcement des contrôles aux frontières. Ainsi, il a été procédé à la saisie de 8,331 kg de cette drogue en 2024.

Lutte contre l’immigration clandestine
Durant l’année 2024, 123 réseaux criminels s’activant dans l’organisation de l’immigration illégale et le trafic d’êtres humains ont été démantelés, un chiffre en hausse de 2% par rapport à l’année 2023. La DGSN a fait état de l’interpellation de 425 organisateurs et intermédiaires d’opérations de migration, la saisie de 713 faux titres de voyages et l’avortement de tentatives de migration de 32.449 candidats, dont 9.250 ressortissants étrangers. Parallèlement la DGSN signale que l’année 2024 a été marquée par un nouveau mode opératoire criminel qui consiste à poster sur les réseaux sociaux des appels incitant à l’immigration collective. Les opérations policières menées ont permis d’identifier 65 instigateurs, dont 41 ont été interpellés et déférés devant la justice en état de détention, et quatre autres ont fait l’objet d’enquêtes judiciaires et leurs dossiers ont été déférés devant la justice. Des avis de recherche au niveau national ont été émis à l’encontre de 11 personnes présumées impliquées dans l’incitation à ces actes criminels.

Cybercriminalité et sextorsion
Les infractions liées à la cybercriminalité, à l’extorsion et au chantage sur Internet ont augmenté de 40% avec 8.333 affaires. Le nombre de contenus associés au chantage détectés a atteint 3.265. Dans le cadre de ces affaires, le nombre de mandats internationaux s’est chiffré à 956 et le nombre de personnes interpellées présentées devant la justice pour ce type de délits a atteint 563. La DGSN fait remarquer que les affaires de sextorsion à l’aide d’outils informatiques ont reculé de 23% avec 391 affaires, qui se sont soldées par l’interpellation de 163 individus impliqués dans ces actes criminels ayant ciblé 394 victimes, dont 123 étrangers. La plate-forme «E-blagh» a reçu, depuis sa mise en service en juin 2024, un total de 12.614 signalements qui ont été traités conformément à la loi. Il s’agit d’infractions de diffamation, d’incitation et de menaces à commettre des actes criminels d’extorsion sur Internet, d’usurpation d’identité et d’apologie du terrorisme.

Infractions financières et blanchiment d’argent
Un total de 656 affaires relatives à des infractions économiques et financières et au blanchiment d’argent ont été traitées en 2024, ce qui représente une hausse de 27% par rapport à l’année 2023. La DGSN signale l’exécution des décisions judiciaires concernant le gel des biens dans 415 dossiers et la saisie de butins criminels d’une valeur de 331.907.537 dirhams, dont 101.881.322 dirhams saisis dans des affaires de blanchiment d’argent.
Les affaires de stupéfiants occupent la première place parmi les infractions liées au blanchiment d’argent, avec un total de 295 affaires (45 %), suivies de celles liées à des infractions économiques et financières, avec 195 (29 %). Les services de la DGSN ont enregistré 504 affaires liées à la gouvernance publique en 2024, soit une baisse de 5% par rapport à l’année précédente. On note 214 affaires relatives à la corruption et au trafic d’influence, 192 affaires liées au détournement et à la dilapidation de deniers publics ainsi qu’à l’extorsion et à l’abus de pouvoir (98). Un total de 689 présumés impliqués dans ce type d’affaires ont été recensés. Les affaires de trafic de devises ont baissé de 21%, avec seulement 30 affaires impliquant sept ressortissants étrangers. Les affaires de chéques ont reculé de 23% avec le traitement de 44.906 affaires. Pour ce qui est des infractions relatives à l’utilisation de moyens de paiement frauduleux et à la falsification de billets de banque, elles ont enregistré une croissance de 32 %, avec le traitement de 573 affaires, dont 146 de faux-monnayage et 427 relatives à la falsification de titres de paiement et de cartes bancaires.
Les services de police ont procédé à la saisie de 1.098 faux billets de banque nationaux et 3.251 faux billets de banque étrangers, répartis entre 147.900 faux dollars américains, 399.685 faux euros, en plus de 400 fausses livres sterling. Dans le cadre de ces affaires, il a été procédé au démantèlement de 31 réseaux criminels, à l’interpellation et à la présentation devant la justice de 203 personnes présumées impliquées dans ce type d’infractions.
Les services de la DGSN ont également saisi 62 supports électroniques et informatiques utilisés dans le cadre des affaires de faux-monnayage et de fraude monétique qui ont entraîné des pertes estimées à 25.735.050 DH, en raison de l’utilisation, dans la plupart des cas, des techniques frauduleuses dites «Phishing» et «Vishing».

Lutte contre le terrorisme
Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme et l’apologie des actes terroristes, la Brigade nationale de la police judiciaire a déféré devant le parquet compétent 32 individus soupçonnés d’être impliqués dans ce genre d’affaires. Il s’agit de 5 personnes pour leurs liens avec une cellule terroriste en vue de préparer des actes terroristes et d’apologie du terrorisme, 24 personnes pour incitation à rejoindre des organisations terroristes étrangères, 2 personnes présumées impliquées dans la planification d’un acte terroriste et 1 personne pour menaces de commettre un acte terroriste.

Les projets de la DGSN pour 2025
Modernisation. Parmi les projets structurants prévus pour l’année 2025 figure le siège central de la DGSN à Rabat, une structure qui permettra de regrouper toutes les Directions et services au sein d’un espace intégré prenant en compte la rationalisation des ressources humaines et financières destinées à la gestion des différents services de la DGSN au niveau central. Figure également le Centre supérieur de formation policière dans la ville d’Ifrane. Dans le souci de moderniser le processus de qualification des ressources humaines policières, l’Institut royal de police envisage de mettre en place, au cours de l’année prochaine, une base de données nationale pour les programmes de formation de base, spécialisée et continue de la police. ll s’agit d’une bibliothèque interactive numérique (E-formation), accessible et exploitable depuis toutes les écoles de formation policière et les sièges de Sûreté nationale, dans la perspective de connecter cette plateforme informatique à celles dédiées aux programmes de formation internationaux mis en place par la DGSN au profit du personnel de la Sûreté nationale. La DGSN a aussi prévu la création de six laboratoires régionaux de la police scientifique et technique au niveau des préfectures de police de Marrakech, Oujda, Fès, Agadir et Rabat, ainsi que de six laboratoires régionaux d’analyse des traces numériques dans les préfectures de police d’Oujda, Agadir, Tanger, Meknès, Kénitra et Beni Mellal. Concernant les préparatifs sécuritaires pour l’organisation de la Coupe du monde 2030, la DGSN prévoit la création des brigades de la police cynotechnique dans les villes d’Agadir, Rabat, Casablanca, Fès, Marrakech et Tanger.