Écrire qu’un Marocain musulman ne doit pas souhaiter d’heureuses fêtes aux fidèles d’autres religions est contraire à toutes nos coutumes, toutes nos traditions ancestrales, toute notre «Marocanité».
Cette année, par un heureux fait du calendrier, Noël et Hanoucca étaient tous deux célébrés le même jour, le 25 décembre.
Ce qui signifie pour nous Marocains du Maroc que nos compatriotes Juifs et nos frères chrétiens vivant sur notre sol étaient en fête.
Ce qui signifie pour nos compatriotes de la diaspora vivant en Europe qu’eux-mêmes étaient de plain-pied au cœur des fêtes chrétiennes et juives pratiquées dans le pays où ils vivent.
Tout naturellement les Marocains, ouverts sur autrui – de culture, de tradition, de cœur – ont souhaité de joyeuses fêtes tant dans la vraie vie que sur les réseaux sociaux, où des milliers de messages ont fleuri,
«Joyeux Noël», «Heureuse Hanoucca» ont peuplé Internet, remplaçant, pour un temps hélas trop court, les images de violence qui de nos jours sont devenues habituelles.
Par ailleurs à Casa, à Essaouira, à Rabat, à Marrakech… mais aussi à Paris, à Mulhouse, à Marseille, à Montpellier…de jeunes acteurs associatifs et culturels ont entrepris d’offrir dans les différentes églises et paroisses des bûches de Noël, baptisées pour l’occasion «Bûches de la Fraternité».
Quoi de plus beau que ces messages et ces bûches transportant symboliquement avec eux des symboles fraternels, amicaux et œcuméniques ?
Pour nous Marocains héritiers de ce beau patrimoine ancestral de vivre-ensemble, et dont le Souverain est également Amir Al Mouminine -Commandeur des Croyants- quoi de plus naturel et de plus normal…
Nos parents, nos grands parents ont toujours échangé des vœux, des mets culinaires et bien d’autres services avec leurs voisins d’autres confessions…
Et bien figurez-vous que sur les réseaux sociaux de «courageux anonymes» ou encore de faux comptes, mais aussi d’autres convaincus d’avoir raison, n’ont rien trouvé de mieux que de fustiger ces messages de fraternité au prétexte qu’un musulman ne saurait féliciter des fidèles d’autres religions, estimant que cela était «Haram» !!!!
Et que dire de ceux qui ont copieusement critiqué -allant jusqu’à l’injure- l’initiative de la Bûche de la Fraternité.
Croyez-moi j’ai eu mon lot !
La haine, la bêtise, l’intolérance se sont déchaînées.
Bien sûr ces réactions sont très minoritaires et les commentaires de soutien et de fraternité ont été publiés par centaines,
Dieu merci, il n’empêche qu’il est utile de rappeler qu’il s’agit ici de gestes du vivre-ensemble et de la fraternité.
Écrire qu’un Marocain musulman ne doit pas souhaiter d’heureuses fêtes aux fidèles d’autres religions est contraire à toutes nos coutumes, toutes nos traditions ancestrales, toute notre «Marocanité», et penser que le simple fait de féliciter Juifs et Chrétiens lors de leurs fêtes reviendrait à nous ébranler dans notre foi signifie que celui qui affirme cela est bien peu sûr de lui…
Je préférerais toujours -nous préférerons toujours, nous hommes et femmes de bonne foi- professer la fraternité et l’entente plutôt que la haine et le rejet de l’Autre !
Je garde quant à moi précieusement les nombreux messages de compatriotes juifs et de fidèles chrétiens nous félicitant à l’occasion du mois sacré de Ramadan ou lors de l’Aïd Al Adha, à notre tour de souhaiter Joyeux Noël et Heureux Hanoucca…
Tamaghrabite un jour, Tamaghrabite toujours !
Bonne et heureuse année à toutes et tous: Fraternité, Paix, Sérénité…