Le régime de Abdel Majid Tebboune a saisi tardivement que son tour est venu d’être broyé par la dynamique de l’histoire et du changement. D’où cette décision de dernière minute, prise dans l’urgence et l’improvisation, de procéder à une amnistie de milliers de prisonniers algériens.
Depuis la chute de Bachar El Assad, le régime algérien est entré dans une peur panique. Et si cette contagion syrienne se transportait vers l’Algérie pour y insuffler une dynamique de changement ? Entre le régime algérien et syrien, les points communs ne manquent pas. Une situation de régime sclérosé, nourri par une culture de gouvernement ultra autoritaire et une prédation économique quasi exclusive. Sans parler d’un allié stratégique commun incarné par le couple russo-iranien. On sait depuis la chute de Damas ce qu’a été le comportement de Téhéran à l’égard de la faillite politique de Bachar El Assad et Moscou et l’on peut aisément deviner leurs postures face à l’effervescence algérienne.
Le régime de Abdel Majid Tebboune a saisi tardivement que son tour est venu d’être broyé par la dynamique de l’histoire et du changement. D’où cette décision de dernière minute, prise dans l’urgence et l’improvisation, de procéder à une amnistie de milliers de prisonniers algériens. Il s’agit de donner des gages d’ouverture aussi bien à une opinion algérienne au sein de laquelle couvent encore les braises du Hirak qui ne demandent qu’à partir, qu’à l’égard de la communauté internationale qui commence à percevoir ce régime algérien comme le gestionnaire d’un État voyou, dénoncé en Europe, en Amérique et dans le monde arabe.
Il y aura presque le même soulagement et la même indifférence si demain le régime algérien est saisi, comme semblent l’indiquer de nombreux faits, par le syndrome de Bachar El Assad. A commencer par l’Europe. Le régime algérien a provoqué de nombreuses tensions avec les pays européens comme l’Espagne et la France. Il s’est livré à leur égard à ses pratiques favorites, le chantage au gaz et à la carte migratoire. Ces pays européens ne regretteraient nullement le démantèlement du régime de Abdel Majid Tebboune et verraient presque avec une forme de soulagement un changement de gouvernance à Alger. Il est vrai que leur crainte dans l’immédiat est de devoir gérer les impacts directs d’une telle accélération algérienne en termes d’instabilité sécuritaire et de probable crise migratoire. Mais si on leur annonce qu’un vent de libération souffle sur Alger, ils seront les premiers à s’en féliciter.
Le monde arabe verrait d’un très bon œil cette dynamique de changement en Algérie. Le régime de Abdel-Majid Tebboune s’est arrangé pour conjuguer en mode tensions et crises la plupart de ses relations avec les pays arabes. Une rupture chronique et irrationnelle avec le voisin marocain, des tensions avec la Libye, l’Egypte et les pays du Golfe au point que le président Tebboune n’est le bienvenu nulle part. Il faut dire que dans le gigantesque bras de fer stratégique que le monde arabe livrait à l’Iran, le régime algérien a pris fait et cause pour le régime iranien au point de lui offrir son territoire comme rampe de lancement de l’influence de l’idéologie iranienne dans la région de l’Afrique du nord et du Sahel.
Et si le Hirak algérien ou n’importe quelle dynamique de changement devait intervenir pour changer l’équation politique algérienne, ce n’est pas la future administration américaine sous la houlette de Donald Trump II qui s’en formaliserait. Bien au contraire, le nouveau pouvoir américain encouragerait toute tentative de changement de gouvernance à Alger. Le nouveau «ministre des affaires étrangères» américain Marco Rubio fait partie de ces nombreuses personnalités du serail américain qui ont le régime algérien dans le collimateur.
C’était lui qui avait écrit à l’administration de Joe Biden et à Anthony Blinken pour leur suggérer de pratiquer des sanctions à l’égard d’Alger sur la base d’une perception qui considère le régime algérien comme faisant partie des pays antagonistes aux intérêts américains.
D’ailleurs dans son ensemble, l’administration Trump considère le régime algérien comme un facteur d’instabilité qui soutient les milices armées et les organisations terroristes qui participent à déstabiliser la région de l’Afrique du Nord. Sauf à ce que ce régime algérien opère un tournant majeur dans ses relations régionales et internationales, il va demeurer dans le viseur américain comme un allié des Iraniens, un affidé des Russes et un facteur de tensions et de guerres dans la région. Pour toutes ces raisons, Alger pourra connaître en cette année 2025 le même sort de Damas et Abdel-Majid Tebboune celui de Bachar El Assad.