Jusqu’au début mars 2025, le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain de Rabat accueille l’exposition intitulée «Chaïbia/CoBrA : Au croisement des libertés». Elle réunit deux univers artistiques, celui de la célèbre Chaïbia Tallal et le mouvement avant-gardiste CoBrA.
Le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain démarre la nouvelle année 2025 avec une nouvelle exposition baptisée «Chaïbia/CoBrA : Au croisement des libertés». Présentée du 18 décembre 2024 au 3 mars 2025, elle met en lumière les liens émotionnels entre deux univers artistiques, celui de la grande figure de l’art marocain Chaïbia Tallal et le mouvement CoBrA dont l’ensemble crée une forme de dialogue enrichissant. «Cette exposition célèbre l’icône marocaine Chaïbia Talal et revient sur les liens solides qu’elle entretenait avec les membres du mouvement CoBrA, ce qui traduit la présence distinguée du Maroc sur la scène artistique mondiale», a souligné Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées (FNM). Pour sa part, le chef du département des musées à la FNM, Abdelaziz El Idrissi, a souligné que ««Chaibia/CoBrA : au croisement des libertés» représente le prolongement de l’exposition CoBrA qu’accueille le MMVI, compte tenu des points communs entre les œuvres de feue Chaïbia Talal et le mouvement CoBrA, tant aux niveaux des thématiques et des couleurs que de la dynamique de l’action créative liée à ce qu’on appelle l’art brut et spontané».
Une vingtaine d’œuvres à l’honneur
Le parcours se compose principalement d’une sélection d’œuvres issues de la collection permanente du MMVI ainsi que de la Collection de la Coopérative, Musée Cérès Franco en France. C’est en 1965 que la carrière de Chaïbia connaît un réel essor. Sa rencontre avec Cérès Franco, devenue par la suite sa galeriste préférée, et l’artiste Corneille, membre fondateur de CoBrA, marque un tournant décisif dans son parcours. Séduits par l’énergie et l’originalité de son œuvre, ils deviennent ses amis et ses plus fervents défenseurs, reconnaissant dans son travail les mêmes qualités qu’ils apprécient chez CoBrA. Grâce à leur soutien, Chaïbia intègre rapidement le cercle des artistes internationaux et expose dans les galeries parisiennes. Les similitudes entre l’approche de Chaïbia et CoBrA ont souvent été soulignées par la critique. Certains y voient une artiste unique et inclassable comme André Laude et d’autres comme Georges Boudaille, Alain Flamand qui mettent en avant une convergence artistique, bien qu’involontaire, avec ce courant.
Cette affinité s’explique par la démarche instinctive de Chaïbia qui rejoint l’esprit de ce mouvement avant-gardiste dans son rejet des codes et son exploration d’un art brut et vibrant. Par ailleurs, les œuvres présentées dévoilent ainsi une synergie créative, où le vocabulaire expressif et le geste libre, portés par des artistes qui ont su s’affranchir des règles académiques, se croisent et se répondent. Une fois de plus, «Chaïbia/CoBrA : Au croisement des libertés» sera une occasion de renouveler la célébration de l’œuvre de Chaïbia au cœur du MMVI et de découvrir ou redécouvrir ses créations sous un nouveau regard.
Chaibia, une artiste unique
Chaïbia Talal (1929-2004) est une artiste autodidacte faisant partie des artistes marocains les plus célèbres grâce à ses œuvres qui appartiennent à l’art brut et spontané. Encouragée par son fils, le peintre Hosseïn Tallal, Chaïbia a construit une œuvre dont la renommée dépasse les frontières du Maroc. Les œuvres de Chaïbia ont été exposées aux côtés de celles de Pablo Picasso, Pierre Alechinsky, Jean Hélion, Jean Arp, Le Douanier Rousseau et Claude Villat. Son œuvre «Le cycliste» a servi de couverture à un numéro hors-série de la revue «Connaissance des Arts». De nombreux films documentaires ont été consacrés par des télévisions étrangères à son travail. L’œuvre de Chaïbia se caractérise par sa fraîcheur. Avec des couleurs vives, elle fait et défait le monde. Son art est à la fois naïf et expressionniste. Elle reçoit en 2003 à Paris la médaille d’or de la société académique française d’éducation et d’encouragement Arts Sciences Lettres. Son œuvre, reconnue dans le monde entier, fait notamment partie de collections publiques françaises telles que le Fonds national d’art contemporain ou l’Institut du monde arabe.