Mme El Adaoui présente devant le Parlement le bilan des activités au titre de la période 2023-2024
Événement : Une séance plénière conjointe des deux Chambres du Parlement a été consacrée à la présentation d’un exposé sur les activités de la Cour des comptes au titre de la période 2023-2024. Les détails.
Le Premier président de la Cour des comptes, Zineb El Adaoui, a souligné, mercredi à Rabat, la nécessité de maintenir l’effort de l’investissement public et de favoriser son rôle de «levier de l’investissement privé».
Intervenant lors d’une séance plénière conjointe des deux Chambres du Parlement pour présenter un exposé sur les activités de la Cour des comptes au titre de la période 2023-2024, Mme El Adaoui a relevé qu’en matière d’investissements, la tendance actuelle est de maintenir l’effort d’investissement public, notamment à travers les dépenses d’investissement portées par le budget général de l’Etat qui sont passées de 52,3 MMDH en 2015 à 119,2 MMDH en 2023, faisant observer que cette tendance est appelée à se poursuivre au même niveau au cours des années à venir.
Dans ce contexte, Mme El Adaoui a souligné que la Cour a enregistré certains risques concernant les finances publiques «qui doivent être traités à court et moyen termes, compte tenu des pressions croissantes sur les finances publiques et du rythme de la mise en œuvre de certaines réformes programmées».
Et de souligner que l’aggravation de la problématique du stress hydrique nécessite des investissements majeurs et urgents estimés à 143 milliards de dirhams, pour la période 2020-2027, dans le cadre du programme national d’approvisionnement en eau potable et en eau d’irrigation. De même, la région d’Al Haouz a également besoin de ressources financières importantes pour financer les programmes de reconstruction et venir en aide aux sinistrés, sachant que les dépenses dans ce domaine ont dépassé 9,5 milliards de dirhams à fin octobre 2024.
Mme El Adaoui a également noté que la mise en œuvre des grandes réformes lancées par le Royaume se poursuit, notamment la réforme du système de protection sociale qui devrait coûter, selon les dernières estimations du ministère de l’économie et des finances, 53,5 milliards de dirhams, une fois l’ensemble des mécanismes de la protection sociale seront mis en œuvre en 2026, dont 38,5 milliards de dirhams seront financés sur le budget de l’Etat.
En outre, elle a fait observer que le Maroc se prépare à accueillir la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et la Coupe du monde de la FIFA 2030, co-organisée avec l’Espagne et le Portugal, «ce qui nécessite la mobilisation de ressources financières importantes pour financer des investissements majeurs pour réhabiliter les infrastructures sportives, touristiques, de communication et de transport».
En relation avec la mobilisation des ressources, elle a expliqué que les réformes en cours dans le domaine fiscal, dans le secteur des institutions et entreprises publiques et dans le système d’investissement devraient également contribuer à alléger la pression sur les finances publiques, «car ces réformes peuvent apporter des ressources publiques supplémentaires d’une part et, d’autre part, réduire les transferts du budget de l’État aux établissements publics, qui ont dépassé 65 milliards de dirhams en 2023, par rapport aux recettes et contributions au budget de l’État qui n’ont pas dépassé 16,8 milliards de dirhams, pour la même année.
La réforme du système d’investissement nécessite aussi l’augmentation de la part de l’investissement privé, à même de contribuer à améliorer le système d’allocation des ressources, dégager des marges budgétaires et à alléger la pression sur les finances publiques».
Les réformes précitées, a-t-elle dit, peuvent offrir des marges intéressantes pour répondre aux besoins en financement, néanmoins pour atteindre cet objectif, il s’avère crucial d’accélérer leur mise en œuvre pour mobiliser les ressources nécessaires à temps, ainsi que pour établir des sources de financement stables et chercher d’autres solutions novatrices de financement pour réduire les pressions sur les finances publiques.
Concernant les risques potentiels auxquels les finances publiques pourraient être confrontées à moyen et long termes, la Cour réaffirme la nécessité urgente d’engager et d’accélérer la réforme du système de retraite, afin de préserver sa viabilité, tout en attirant l’attention sur la situation préoccupante de la Caisse marocaine de retraite (CMR), qui a enregistré un déficit technique de 9,8 MMDH, à fin 2023, ce qui entraîne une baisse de ses fonds de réserve à 65,8 MMDH, et conduirait à leur épuisement en 2028, selon les données du ministère de l’économie et des finances.
Par ailleurs, Mme El Adaoui a indiqué que le bilan réalisé dans le domaine de la lutte contre l’analphabétisme «reste insatisfaisant» malgré les différentes stratégies et l’enveloppe globale de près de 3 milliards de dirhams qui a été mobilisée au profit de l’Agence nationale de lutte contre l’analphabétisme entre 2015 et 2023.
Elle a relevé, à cet égard, que la proportion d’analphabètes demeure élevée chez les citoyens âgés de plus de 15 ans, avec plus de 9 millions et 240 mille personnes enregistrées en 2021, soit l’équivalent d’un taux d’analphabétisme d’environ 34,2% contre 47,7% en 2004.
Dans ce sens, Mme El Adaoui a plaidé pour la promotion de l’efficacité et l’efficience des programmes de lutte contre l’analphabétisme, notamment à travers un contrat programme entre l’État et l’Agence afin de définir les objectifs stratégiques et quantitatifs à atteindre selon un calendrier approprié, ainsi que de mettre en place des mécanismes pour le suivi de la mise en œuvre des programmes et projets prévus, ainsi que l’évaluation de leurs résultats et leur impact sur la réduction du taux d’analphabétisme.
L’Agence, poursuit-elle, a mené des programmes de lutte contre l’analphabétisme en partenariat avec les organisations de la société civile, notant l’absence d’un système de classification des associations œuvrant dans le domaine d’alphabétisation, qui permettrait de les inciter à se spécialiser et à s’organiser d’une part, et de faciliter l’évaluation de leur performance et la prise, au cours du processus de sélection, de décisions basées sur des informations précises, contribuant ainsi à garantir leur pérennité d’autre part.
«La Cour a également relevé l’absence de mesures concrètes pour s’assurer de l’adéquation des espaces de formation proposés par les associations partenaires, ce qui pourrait impacter la qualité des formations dispensées, le degré d’attractivité pour les bénéficiaires et la rentabilité globale des projets», a fait savoir le Premier président de la Cour des comptes.
À cet égard, Mme El Adaoui a relevé que certains espaces de formation consistent en des appartements, des maisons résidentielles et des garages non aménagés pour accueillir des formations d’alphabétisation, soulignant que la proportion des espaces publics dédiés à ces formations n’a pas dépassé 18% du total des lieux déclarés pour l’année scolaire 2022/2023.
Et d’enchaîner, dans le même contexte, qu’il a été observé un faible taux de présence et d’assiduité des bénéficiaires des programmes d’alphabétisation dispensés par les organisations de la société civile.
«En effet, la moyenne de l’indice de présence a atteint environ 40% dans un échantillon de 14.263 classes, réparties sur 52 préfectures et provinces, inspectées sur le terrain par des bureaux d’études engagés à cet effet, durant la période 2019-2022», a-t-elle dit, ajoutant que la moyenne de l’indice d’assiduité dans la présence n’a pas dépassé 43%, ce qui risque de limiter l’impact des efforts déployés pour lutter contre l’analphabétisme.
Pour ce faire, la Cour a recommandé à l’Agence d’améliorer l’efficacité et l’efficience des programmes de lutte contre l’analphabétisme menés en partenariat avec les organisations de la société civile, afin de renforcer leur impact effectif sur la réduction du taux d’analphabétisme, notamment par la classification des organisations actives dans ce domaine et l’adoption de critères et procédures permettant de sélectionner des associations et des coopératives sérieuses, disposant des ressources humaines spécialisées et des compétences professionnelles nécessaires pour dispenser des formations en alphabétisation.