La jalousie est, peut-être, une preuve d’amour. Mais dès qu’elle devient maladive, elle entraîne la personne concernée dans un cercle vicieux le poussant même à commettre l’irréparable.
«Il était très jaloux au point que je ne le supportais plus». C’est le témoignage que cette jeune femme, âgée de vingt-huit ans, divorcée et mère d’un enfant, présente devant les trois magistrats de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca et le représentant du ministère public pour décrire sa relation avec ce jeune homme qui se tient au box des accusés. Accusé de meurtre par empoisonnement, ce dernier risque du lourd, notamment la peine de mort selon les dispositions de l’article 398 du code pénal marocain qui stipule : «Quiconque attente à la vie d’une personne par l’effet de substances qui peuvent donner la mort plus ou moins promptement, de quelque manière que ces substances aient été employées ou administrées, et quelles qu’en aient été les suites, est coupable d’empoisonnement et puni de mort». Elle, également, est impliquée dans cette affaire, mais uniquement pour débauche. Une accusation qu’elle n’a pas niée depuis son arrestation et son relâchement pour être poursuivie en état de liberté provisoire. D’ailleurs, c’est elle qui était au centre de cette affaire de meurtre. Car, elle était la bien-aimée du mis en cause avant de le tromper avec son ami.
«Certes, elle m’a trompé avec lui, mais je ne l’ai pas empoisonné», se défend-il tout en ajoutant qu’il n’a pas la moindre idée sur ce qui a intérêt à tuer ce jeune homme de trente-et-un ans, employé de son état, célibataire.
En effet, selon les informations consignées dans le procès-verbal, le mis en cause, un jeune homme, âgé de trente-et-un ans, entretenait une relation amoureuse avec cette jeune femme depuis deux ans.
«Je l’aimais follement, M. le président, et j’avais l’intention de l’épouser», déclare-t-il à la Cour.
Une fois par semaine, ils s’enivraient et partageaient le même lit. Un jour, il a invité l’un de ses amis, à savoir la victime, à se joindre à leur soirée arrosée.
«C’était mon ami intime en qui j’avais confiance», a-t-il affirmé à la Cour. Mais il n’a jamais imaginé qu’il allait coucher avec sa bien-aimée.
Elle a ainsi expliqué aussi bien devant les enquêteurs de la police judiciaire que devant la Cour qu’elle l’a vu mettre une poudre dans le verre de la victime lorsque celle-ci est allée aux toilettes.
«Quand je lui ai dit ce qu’il a fait, il m’a demandé de me taire, sinon il allait se venger également de moi», raconte-t-elle à la Cour tout en précisant qu’elle a gardé le silence.
Ayant bu le verre, il n’a pas tardé à ressentir un malaise. Selon les déclarations de la jeune femme, le mis en cause lui a ordonné à nouveau de se taire jusqu’à ce qu’il trouve une solution pour se débarrasser du cadavre.
Toutefois, le lendemain matin, elle l’a laissé sortir pour aller faire des courses mais elle s’est rendue chez la police. S’étant dépêchés sur la scène du crime, ils se sont retrouvés devant le cadavre de la victime et le meurtrier. Celui-ci s’est disculpé en affirmant n’avoir aucune idée de ce qui est arrivé à son ami. Mais, sa bien-aimée a tout craché. Elle leur a affirmé qu’elle a trompé le mis en cause en couchant avec son ami. Il s’est vengé en l’empoisonnant.
Verdict : Jugé coupable et ayant bénéficié des circonstances atténuantes, il a été condamné à trente ans de réclusion criminelle alors que sa bien-aimée a écopé d’un an de prison ferme.