La nouvelle politique américaine au Moyen-Orient rebat toutes les cartes et reconstruit des équations de négociations nouvelles qui vont imposer aux pays arabes de lourdes remises en cause.
Il s’agit d’un fait incontestable. C’est un véritable tourbillon politique qui s’apprête à souffler sur le monde avec les prémices de la politique étrangère annoncée par Donald Trump. Rupture avec des positions traditionnelles, sauts dans le vide, les limites du faisable diplomatique sont poussées. Ce qui était inimaginable hier devient avec Donald Trump une grande probabilité aujourd’hui.
On constate ces césures et ces accélérations sur de nombreux sujets dont les plus saillants sont Gaza, la guerre Russie/Ukraine et les rapports avec les alliés européens. Sur Gaza, Donald Trump a dégoupillé une bombe dont les réverbérations se font sentir partout dans le monde arabe.
Pour satisfaire les lubies de l’extrême droite israélienne, le président américain se propose de prendre possession du territoire de Gaza après avoir organisé un transfert de ces populations vers des pays comme l’Égypte ou la Jordanie, obligés de les accepter sous peine de subir le gel des aides économiques et militaires américaines.
Récemment le Roi Abdallah de Jordanie, en visite à la Maison-Blanche, était sommé de donner une réponse à cette demande. Il esquiva la pression en renvoyant à la décision au Sommet arabe qui doit se tenir à la fin du mois au Caire dont l’unique agenda est de s’acclimater avec cette stratégie américaine de vouloir à tout prix reconstruire Gaza sans ses habitants et imposer aux Palestiniens une nouvelle épreuve de l’exil. La nouvelle politique américaine au Moyen-Orient rebat toutes les cartes et reconstruit des équations de négociations nouvelles qui vont imposer aux pays arabes de lourdes remises en cause.
La seconde crise dans laquelle Donald Trump renversa la table des prévisions est celle de la guerre entre l’ukraine et la Russie. Durant sa campagne électorale, Donald Trump avait promis de parvenir à un cessez-le-feu en quarante huit heures. Une fois arrivé à la Maison- Blanche, il s’est donné une période de cent jours pour trouver un accord de paix entre Kiev et Moscou.
À la surprise générale, Donald Trump ouvre un canal de négociations avec Vladimir Poutine sans que ni les Ukrainiens ni les Européens ne soient associés à cette opération. Il projette de rencontrer le président de Russie en Arabie Saoudite pour parvenir à un deal avec lui sur l’issue de la guerre.
Aussi bien Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, que le leadership européen ont montré leur effarement et leur refus de cette stratégie américaine de trouver un accord avec Poutine dans leur dos et refusent de s’y plier s’ils ne sont pas partie prenante de la solution. En fait Donald Trump voudrait d’abord arriver à une entente avec Poutine en lui promettant de garder les territoires ukrainiens qu’il a acquis par la guerre, ainsi qu’une fermeture définitive des portes de l’Otan à une adhésion ukrainienne et ensuite il va imposer ce deal à Kiev qui sera sommé de l’accepter sous peine de voir supprimées toutes les aides militaires et économiques américaines.
Et il est de notoriété publique que sans cette aide américaine, la guerre est pliée au profit de Vladimir Poutine.
Le troisième niveau de tensions engendré par la nouvelle politique de Trump est à trouver du côté des alliés européens. Non seulement le président américain les menace d’une guerre commerciale et douanière sans précédent, mais ces nouveaux choix politiques à l’égard du Vieux Continent tournent essentiellement autour d’une sympathie excessive à l’égard des forces de l’extrême droite. Les interlocuteurs préférés de Donald Trump sont déjà le Hongrois Victor Orban et l’Italienne Georgia Meloni, et la nouvelle administration américaine verrait d’un bon œil que des responsables de l’extrême droite puissent accéder au pouvoir dans des pays comme l’Allemagne avec l’AFD ou la Grande-Bretagne ou la France. Ce n’est pas un hasard si les seules personnalités françaises invitées à la cérémonie de son investiture furent le président de «Reconquête» Éric Zemmour et sa compagne, la députée européenne Sarah Knafo.
Avec ses nouveaux choix politiques à l’international dont il est difficile de savoir s’ils sont mûrement réfléchis ou juste le fruit d’une improvisation d’une administration à la recherche de solutions inédites (Out Of The Box), Donald Trump oblige les anciens alliés de l’Amérique à revoir le logiciel qui régit leurs relations avec la première puissance mondiale.