Des experts spécialisés dans les questions de rareté de l’eau et des changements climatiques dans la région de Béni Mellal-Khénifra ont mis en lumière, lundi 21 octobre 2024, lors d’un colloque scientifique organisé en marge du festival annuel d’Afourer (province d’Azilal), le thème «Les changements climatiques et la problématique de la gestion de l’eau». Ils ont souligné l’importance de trouver des solutions efficaces pour rationaliser l’usage de l’eau, en particulier dans le secteur agricole, et ont insisté sur le rôle clé des institutions gouvernementales et des élus, en partenariat avec la société civile, dans la sensibilisation à une gestion durable des ressources hydriques.
Ce colloque, initié par l’association Bouqlat en coordination avec le conseil communal d’Afourer, s’inscrit dans le cadre des discussions publiques sur les défis liés au stress hydrique et les moyens d’y faire face. L’événement a réuni plusieurs intervenants et spécialistes, dont le Dr Mohamed Boulman, chef du département du développement social au conseil régional de Béni Mellal-Khénifra, qui a présenté une communication sur «La problématique des changements climatiques». Les professeurs Youssef Amine et Youssef Ben Ala, du bureau régional de l’investissement agricole, ont abordé la contribution de cet organisme face aux changements climatiques, tandis que Mohamed Sabil, président de l’Association de l’eau potable, a exposé les difficultés rencontrées par les associations dans la commune d’Afourer. Une autre intervention, présentée par Abdelmoumen Benchatou, doctorant, a porté sur «Les changements climatiques et les défis de la gestion des ressources en eau au Maroc».
Le coordinateur du colloque, Mohamed Aghzan, a insisté sur l’urgence de la situation liée à la gestion de l’eau, affirmant que cette problématique nécessite une implication collective dans la recherche de solutions et l’enrichissement du débat. Il a également rappelé que le Maroc traverse une période de sécheresse particulièrement sévère, la plus grave enregistrée depuis plusieurs années.
Une situation critique et des mesures stratégiques
Les participants ont mis en avant les défis posés par le déficit hydrique dans la région, qui subit, comme le reste du pays, une rareté des précipitations et une baisse du taux de remplissage des barrages, affectant notamment ceux qui alimentent directement la région. Ils ont évoqué plusieurs mesures en cours, notamment dans le cadre des programmes du Plan Maroc Vert et de la stratégie Génération Green. Ces initiatives comprennent l’amélioration de l’efficacité hydrique par un programme national d’économie d’eau d’irrigation, la mobilisation de ressources hydriques non conventionnelles (comme la désalinisation de l’eau de mer) et l’encouragement des énergies renouvelables dans l’agriculture.
Des programmes de plantation d’arbres fruitiers et fourragers, adaptés aux conditions climatiques actuelles, sont également en cours. Les participants ont insisté sur la nécessité de mettre en œuvre des actions d’urgence pour atténuer les impacts du manque de précipitations sur les agriculteurs et les éleveurs, tout en promouvant des cultures alternatives comme le cactus, le câprier et le caroubier, qui se montrent plus résistantes aux changements climatiques. De plus, la technique du semis direct a été présentée comme une solution efficace.
Appels à une gestion plus rationnelle de l’eau
Les intervenants ont souligné l’importance d’améliorer la gestion et la rationalisation de l’utilisation de l’eau. Ils ont insisté sur l’inacceptabilité du gaspillage de cette ressource précieuse, étant donné les investissements importants engagés pour la mobiliser. La réduction de la consommation d’eau est jugée primordiale, notamment face à la pression exercée par l’agriculture. Ils ont également recommandé de revoir la carte agricole du pays pour mieux adapter les cultures aux ressources disponibles et d’optimiser l’utilisation de l’eau dans les secteurs industriel et touristique.
Les participants ont encouragé l’usage des eaux usées traitées ou le stockage des eaux de pluie et plaidé pour un investissement accru dans la mobilisation des ressources hydriques (via la construction de barrages ou la désalinisation).
Ils ont également préconisé une réévaluation du coût réel de l’eau selon ses différentes sources afin de rendre l’usage des eaux usées plus attractif. Enfin, ils ont suggéré de transférer la gestion du secteur de l’eau potable aux mains de l’Office national de l’eau, en raison de sa capacité à mobiliser des ressources diversifiées, tout en soulignant les limites et les difficultés croissantes rencontrées par les associations locales pour approvisionner une large partie de la population d’Afourer.
Le colloque, qui s’est tenu au Centre de renforcement des capacités des jeunes à Afourer, a conclu que la réalisation des objectifs escomptés par les politiques et des plans en cours ne peut se faire qu’à travers une approche participative.