La campagne «hors de contrôle» lancée par l’ADFM et d’autres ONG à l’occasion des 16 Jours d’activisme contre les violences basées sur le genre vise à sensibiliser le public aux dangers des violences numériques. Au Maroc, 19 % des violences faites aux femmes sont commises en ligne.

Les violences basées sur le genre facilitées par les technologies sont un fléau mondial en expansion, frappant particulièrement les femmes et les filles. Ces violences ont des conséquences graves sur la santé, la sécurité et les droits fondamentaux des femmes et des filles. Au Maroc, les chiffres sont alarmants. Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) avait révélé en 2023 que 19% des violences faites aux femmes sont commises en ligne, un chiffre qui atteint 34% chez les jeunes femmes âgées de 15 à 19 ans et à 28% pour les femmes âgées de 20 à 24 ans. Avec une prévalence de 14%, près de 1,5 million de femmes sont victimes de violence électronique aux moyens de courriels électroniques, d’appels téléphoniques, de SMS… Il est aussi important de noter que les victimes sont majoritairement ciblées par des agresseurs inconnus (73 % des cas). À l’occasion des 16 Jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (du 25 novembre au 10 décembre 2024), l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) et d’autres associations (Médias et Cultures, Kif Mama Kif Baba, et Jat w Jabt et Génération libre) lance la campagne «hors de contrôle». A travers cette campagne, les associations dénoncent l’usage malveillant des technologies et son impact catastrophique sur les droits des femmes. Elles appellent à une mobilisation collective pour que le numérique devienne un espace sûr, inclusif et transformateur. L’ADFM fait remarquer que la violence numérique englobe des formes variées, telles que le cyberharcèlement, la sextorsion, le revenge porn, le doxxing, ou encore les discours de haine. Malgré l’existence de la loi 103-13, les réponses légales restent limitées : difficultés à prouver les faits, manque de sensibilisation des forces de l’ordre et insuffisance des mécanismes de protection. Les législations et politiques publiques, y compris au Maroc, restent insuffisantes pour répondre aux violences facilitées par les technologies, soulignant la nécessité de mieux comprendre ces phénomènes en amplifiant les données disponibles. La sensibilisation joue un rôle clé en mobilisant la société civile, les éducateurs, les plateformes numériques et les gouvernements pour collaborer sur des solutions telles que l’éducation au numérique et aux droits humains, la création de mécanismes de signalement efficaces, et l’accompagnement psychosocial et juridique des victimes. «Il nous faut encourager l’élaboration de politiques publiques sensibles au genre et adaptées à l’ère numérique, en mettant en place des mesures de prévention et de protection qui garantissent à la fois le respect de la vie privée et la sécurité des femmes et des filles», déclare Amina lotfi, porte-parole de la campagne et membre de l’Association démocratique des femmes du Maroc. Cette campagne vise ainsi à sensibiliser le public à l’ampleur des violences numériques et leurs conséquences désastreuses, soutenir les victimes en leur fournissant des ressources adaptées, collaborer avec des acteurs locaux et internationaux pour approfondir la recherche sur le sujet et plaider pour des mesures de prévention efficaces.