Le ministère de la santé et de la protection sociale lance une étude sur les clients des professionnelles du sexe au Maroc et ce dans le cadre de la prévention du VIH. Ces clients qui sont estimés à 450.000 restent difficiles d’accès, ce qui limite l’efficacité des interventions préventives. Les détails.

La Direction de l’épidémiologie et de lutte contre les maladies, avec l’appui du Fonds mondial et l’Onusida, lance une étude sur les clients des professionnelles du sexe au Maroc. Cette étude vise à mieux comprendre les comportements à risque, les connaissances et les perceptions des clients des professionnelles du sexe en matière de prévention du VIH, afin de guider l’élaboration de stratégies d’intervention plus efficaces et adaptées. Des recommandations seront formulées pour améliorer les interventions de prévention ciblant les clients des professionnels du sexe. Au Maroc, la prévalence du VIH est relativement faible au sein de la population générale avec un taux de 0,08%. Cela dit, on relève une concentration élevée parmi les populations clés, à savoir les professionnelles du sexe (PS), les homosexuels, les personnes qui s’injectent des drogues (PID), et, dans une moindre mesure, les clients des prostituées. Selon les données du ministère de la santé et de la protection sociale, la prévalence du VIH chez les prostituées est de 2,2 %. Selon les dernières estimations de la taille des populations clés, le nombre des clients des prostituées est estimé à 450.000 personnes. Ces clients jouent un rôle important dans la dynamique de l’épidémie, car ils constituent un pont potentiel de transmission du VIH et des IST entre les populations clés et la population générale. Les clients des PS restent difficiles d’accès, ce qui limite l’efficacité des interventions préventives. Une étude qualitative réalisée en 2015 au Maroc a révélé la nécessité de développer un plan d’action de prévention spécifique aux clients des prostituées. Selon les études RDS réalisées en 2011, 2016, 2019 et 2022 environ 89% des clients des prostituées durant les six derniers mois étaient de nationalité marocaine : 12% à Agadir, 22% à Casablanca, 12% à Rabat, 10% à Fès et 13% à Marrakech, 24% à Safi et 16% à Tanger. Selon les sites étudiés, 22% à 66% de ces clients étaient mariés, et 28% à 57% étaient des clients réguliers. 32% des professionnelles du sexe trouvaient leurs clients dans des lieux publics, 30% par téléphone et 32% dans la rue. 10% à 30% des prostituées n’avaient aucun recours aux réseaux sociaux pour trouver leurs clients. Le Plan stratégique national (PSN) intégré de lutte contre le Sida, les hépatites virales et les infections sexuellement transmissibles 2024-2030 vise à accélérer la riposte pour un accès universel à des services de prévention, de traitement, de prise en charge et d’appui en matière de VIH en vue de mettre fin à l’épidémie du sida en 2030. Le PSN met l’accent sur l’accès universel aux services de prévention, de dépistage et de traitement, en particulier pour les populations clés et vulnérables y compris les clients des PS. Malgré le dynamisme de la société civile au Maroc, un défi persistant dans la riposte nationale reste l’accès et la sensibilisation des clients des prostituées , une population difficile à atteindre en raison de la stigmatisation, des normes sociales.