La gastronomie marocaine, c’est bien plus que de la nourriture, c’est un art de vivre qui réunit tradition, partage et plaisir des sens. Chaque région du Maroc se caractérise par ses traditions ramadanesques surtout celles qui sont en rapport avec l’aspect culinaire. Beni Mellal est l’une des villes connue par sa gastronomie moderne et authentique. Si en milieu urbain l’art de la table porte sur des plats copieux et modernes, dans certaines régions montagneuses, en zone rurale, les traditions culinaires conservent encore leur authenticité d’antan. Deux femmes, deux générations différentes en milieu urbain et rural, nous livrent leurs points de vue sur les caractéristiques de l’art culinaire pendant le mois sacré, à Beni Mellal et sa région.

A Beni Mellal, à l’heure de la rupture du jeûne, toute la famille se met devant une table garnie de différents plats copieux pour assouvir sa faim et sa soif. Fatine est une mère de famille âgée de 30 ans, elle habite à Beni Mellal, au centre-ville. A propos de l’art culinaire pendant le mois sacré, elle fait savoir que «la ville est par excellence le foyer des plats délicieux et diversifiés pendant le mois sacré. Au ftour, on a l’embarras du choix. La majorité des familles se met devant une table où les différents gâteaux et les jus côtoient le thé, le café ; l’huile d’olive, le miel, Chebakia, Mssemen, Sfoufs, Harira, du pain, baghrir… Pendant le dîner, certaines familles mangent le tagine, des fruits, thé, café, des jus, du lait… Mais d’autres ménages se passent du dîner pour des raisons de santé. Au Shour, en ville, en général on prend des jus, du thé ou du café rarement. En outre, il y a des gens qui dorment juste après le dîner pour se réveiller et se diriger à la mosquée juste au moment où le muezzin appelle à la prière du Sobh. La prise des différents repas et les régimes alimentaires, pendant le Ramadan, diffèrent d’une personne à l’autre pour des raisons de santé en général, de maladies, d’âge… ».
De son côté, Touda, une femme qui habite dans une région montagneuse, âgée de 80 ans, a souligné que la gastronomie rurale respecte encore les traditions ramadanesques héritées de nos ancêtres. Et d’expliquer : «En milieu rural, en général, le ftour (la rupture du jeûne) se caractérise par ses plats modestes et emblématiques. Du thé, du café, Harira, du pain, de l’huile d’olive et du miel, des œufs, makhmar… Au dîner, parfois le tagine, du couscous quand il fait très froid et souvent du thé préparé sur un braséro. Pendant le mois sacré, ce qui compte le plus pour nous c’est le ftour car on dort tôt pour se réveiller très tôt contrairement en ville où les gens dorment tard et se réveillent très tard sauf ceux qui ont du travail à faire le matin. Les temps ont changé. Nos anciennes traditions culinaires commencent à sombrer dans l’oubli à cause de la modernité qui a tout bouleversé de fond en comble. L’art culinaire d’autrefois avait ses propres caractéristiques bien qu’il ait été très modeste».
«La gastronomie est l’art d’utiliser la nourriture pour créer du bonheur» pour reprendre la citation de Théodore Zeldin, sociologue. L’alimentation est essentielle mais l’art culinaire nous montre parfaitement qu’une bonne recette de cuisine peut tout à fait égayer une journée et un repas peut être simple et exceptionnel. Ainsi, le bel art de la gastronomie est un art chaleureux qui dépasse la barrière du langage, fait des amis parmi les gens civilisés et réchauffe le cœur. Au Maroc, l’art culinaire est un patrimoine culturel riche et notre identité culturelle hérités de nos ancêtres.