Les entreprises marocaines productives, dont la plupart sont des petites et moyennes entreprises TPME, ont du mal à se développer à leur plein potentiel et à concurrencer les entreprises en place

Dynamique des entreprises : Cette analyse, couvrant la première collaboration entre la Banque mondiale et l’OMTPME, met en évidence divers domaines dans lesquels des interventions potentielles pourraient aider à atteindre les objectifs de croissance du Maroc.

La dynamique des entreprises marocaines et leur productivité à la loupe de la Banque mondiale. Un rapport vient d’être rendu public couronnant ainsi la première collaboration entre l’institution de Bretton Woods et l’Observatoire marocain de la TPME (OMTPME). La finalité étant d’éclairer la conception des politiques visant à accélérer la croissance économique et la création d’emplois au Maroc.
Cette analyse couvrant un panel d’environ 370.000 entreprises enregistrées avec des données allant de 2012 à 2022 se concentre sur la période 2016 à 2019. Elle met en évidence divers domaines dans lesquels des interventions potentielles pourraient aider à atteindre les objectifs de croissance du Maroc. Il s’agit en premier de créer les conditions permettant à toutes les entreprises de se développer et aux plus productives de prospérer.
«Les entreprises marocaines productives, dont la plupart sont des petites et moyennes entreprises (TPME), ont du mal à se développer à leur plein potentiel et à concurrencer les entreprises en place», peut-on lire du résumé analytique dudit rapport «Libérer le potentiel du secteur privé marocain : une analyse de la dynamique des entreprises et de la productivité». Et de poursuivre : «Cette tendance constitue une dissuasion à l’investissement dans l’innovation et l’amélioration de la compétitivité, ce qui pourrait freiner la croissance au niveau macroéconomique».

Se référant aux recommandations émises, les politiques devraient viser à garantir que les entreprises plus productives, y compris plus petites et plus jeunes, aient accès aux ressources nécessaires pour accroître leur production. Elles devraient également garantir que la productivité des entreprises soit valorisée par un environnement concurrentiel sain. Il est également question d’évaluer les incitations indirectes qui poussent les entreprises à rester petites. «Un examen des incitations basées sur la taille et de leurs impacts pourrait éclairer ces effets au Maroc, notamment en ce qui concerne les régimes fiscaux ou les politiques actives de l’emploi et d’appui aux entreprises», relève-t-on de ladite publication. Le rapport préconise, en outre, la facilitation de la sortie des entreprises inactives. «Les politiques publiques doivent donc veiller à ce que le taux élevé d’inactivité des entreprises ne crée pas d’inefficacités dans l’environnement économique en assurant l’efficacité des procédures de faillite et que les procédures juridiques et administratives de fermeture des entreprises n’imposent pas une charge excessive pour les entrepreneurs », peut-on lire à ce propos. L’analyse établie par la Banque mondiale et l’OMTPME laisse apparaître une croissance de la productivité globale tirée, particulièrement, par le secteur des services et que les entreprises de services les plus productives se développent plus rapidement que les entreprises moins productives. Chose qui, selon les auteurs du rapport, pourrait indiquer que ce secteur présente moins de distorsions du marché et plus d’efficacité allocative. Il est ainsi recommandé de mettre davantage à profit le développement du secteur des services et ce parallèlement aux politiques industrielles.

La finalité étant de stimuler la croissance de la productivité et la création d’emplois, en tirant parti de la technologie et de la connectivité. Il est à noter que la Banque mondiale et l’OMTPME amorceront une deuxième phase de leur collaboration analytique. Cette nouvelle étape abordera l’analyse des distorsions du marché susceptibles d’avoir réduit l’efficience allocative, profitant aux entreprises plus anciennes et plus grandes au détriment des nouvelles entreprises plus productives. Les deux institutions tenteront de déterminer si les mesures existantes basées sur la taille des entreprises qui incitent les entreprises à rester petites, et si les incitations ciblant les grandes entreprises favorisent les entreprises existantes au détriment du renouvellement du tissu économique avec de nouveaux entrants plus productifs. Une meilleure compréhension des caractéristiques des entreprises qui parviennent à se développer sera également engagée.

Il est aussi prévu de collecter des informations plus détaillées sur le type et la qualité du capital physique utilisé par les entreprises marocaines. L’objectif étant de comprendre pour quelles raisons l’augmentation du capital physique par travailleur occupé ne s’est pas traduite par une croissance plus robuste de la productivité. La Banque mondiale et l’OMTPME se pencheront également sur l’examen des facteurs expliquant l’accès asymétrique au financement pour les entreprises marocaines.