Cette 5ème édition du rapport annuel de l’OMTPME propose un diagnostic du tissu des entreprises de personnes morales actives (EPMA) pour les années 2022 et 2023, enrichi par une analyse comparative avec la période pré-Covid (2017-2019).

Résilience: Dans la 5ème édition de son rapport annuel, l’Observatoire marocain de la TPME met en avant la résilience et la reprise du tissu productif national dans un contexte plombé de crises. Toutefois, cette dynamique reste contrastée selon la taille de l’entreprise et le secteur où elle opère.

Le tissu productif affiche une résilience face à la succession de crises. Toutefois, l’impact de cette conjoncture sur le chiffre d’affaires et la valeur ajoutée varie selon la taille des entreprises. C’est ce que l’on peut retenir de la 5ème édition du rapport annuel de l’Observatoire marocain de la TPME (OMPTME) dont les grandes conclusions ont été dévoilées, lundi 23 décembre, à Casablanca. Cette édition propose, en effet, un diagnostic du tissu des entreprises de personnes morales actives (EPMA) pour les années 2022 et 2023, enrichi par une analyse comparative avec la période pré-Covid (2017-2019). Une approche qui, selon l’Observatoire, permet de mieux comprendre et évaluer les impacts des crises successives sur le tissu productif national de la période pré et post-Covid. Après une baisse de 8,4 % du chiffre d’affaires cumulé en 2020, il a rebondi en 2021 en dépit de l’inflation pour retourner à des niveaux proches du pré-Covid en 2023, soit une progression de 6,4 % par rapport à 2022. Pour ce qui est de la valeur ajoutée du secteur, elle a continué à progresser de 8% dépassant les rythmes d’évolution des années pré-Covid et ce après une chute prononcée en 2020. Se référant à l’OMTPME, ce sont les grandes entreprises qui ont tiré parti de cette dynamique. Leur part dans le chiffre d’affaires est passée de 63% en 2017 à 66% en 2023 . En revanche, leur part dans la valeur ajoutée totale des EPMA est passée de 68,5% en 2017 à 67,6% en 2023 au moment où celle des TPME a progressé sur ladite période passant de 31,5 % à 32,4 % en 2023. « Ces évolutions reflètent l’impact inégal de la crise sanitaire et celui de la reprise économique qui s’en est suivie, les entreprises de petite taille, en plus d’être moins résilientes, sont confrontées à des conditions de marché défavorables», commente dans ce sens Amal Idrissi, directrice exécutive de l’ OMTPME, lors de sa présentation des principaux faits marquants du rapport annuel.

72 % du chiffre d’affaires capté par trois secteurs d’activité

S’agissant de l’évolution sectorielle et régionale du chiffre d’affaires et de la valeur ajoutée, Mme Idrissi indique que les indicateurs traduisent une croissance post-Covid encourageante. Cependant, elle reste marquée par des disparités importantes entre les régions et les secteurs. Sur le plan sectoriel, il ressort que près de 72 % du chiffre d’affaires reste concentré dans trois secteurs d’activité. Avec une part stable, le commerce capte 35,2% du chiffre d’affaires global. Pour sa part la part de l’industrie manufacturières a augmenté sur la période 2017-2023 pour atteindre les 24,1% tandis que celle de la construction est revenue à 12,4 % en 2023 contre 13,6 % auparavant. Pour ce qui est de la TVA, 54 % des parts restent concentrées dans les trois branches susmentionnées. On note une part stable de 21,3 de l’industrie manufacturière, de 20,6 % du commerce et de 11,4 % de la construction. « En multipliant leur valeur ajoutée par plus de deux fois sur la même période, les activités spécialisées, scientifiques et techniques ont affiché la progression annuelle la plus importante », peut-on retenir dans ce sens. L’analyse par région démontre que Casablanca-Settat reste le moteur économique national. La région concentre à elle seule 60 % du chiffre d’affaires et 63 % de la valeur ajoutée. Se référant à Mme Idrissi, ces concentrations ressortent en légère baisse au moment où d’autres régions comme Tanger-Tétouan-Al Hoceima entretient une hausse remarquable de sa contribution. L’Observatoire observe également une forte dynamique post-crise au niveau de la région Rabat-Salé-Kénitra (15,4% en termes du chiffre d’affaires et 15,5% en termes de valeur ajoutée).

Un encours de plus de 622 MMDH alloués aux entreprises

L’OMTPME observe également une évolution positive du crédit bancaire. Dans les détails, 148.937 entreprises ont bénéficié de crédit en 2023, soit une hausse de 5 % par rapport à 2022. L’encours total s’est établi à 622,1 milliards de dirhams avec une croissance de 2 % en glissement annuel. On relève par ailleurs une dominance de la région de Casablanca-Settat. Elle détient en effet 63 % de l’encours total des crédits avec 42 % des entreprises. La région de Rabat-Salé-Kénitra arrive en deuxième position avec 19% de l’encours pour 15,1% des entreprises. L’analyse laisse apparaître que 76,2% de l’encours est détenu par les entreprises âgées de plus de 10%. De même, les TPE (0,50) ont reçu 29,3% des crédits alors que les grandes entreprises ont bénéficié de 59%, soit des proportions quasi stables comparé à l’année précédente. Il est à noter que le secteur du commerce capte 23,6% de l’encours. Cette proportion ressort en baisse de 4,8%. Le secteur de la construction concentre pour sa part 17,2 % de l’encours. Par ailleurs, l’industrie manufacturière, bien qu’elle ne représente que 8,6 % des entreprises, détient 16,3 % de l’encours.

Evolution sectorielle et régionale du chiffre d’affaires et de la valeur ajoutée.

Une migration croissante des travailleurs vers le tertiaire

En termes d’emploi, l’Observatoire fait ressortir un rythme d’évolution inégal durant la période post-Covid aussi bien sur le plan régional que sectoriel. « Entre 2016 et 2023 le nombre des entreprises affiliées à la CNSS a augmenté en moyenne de 8% par an mais ce rythme a baissé après la pandémie pendant cette période. Le nombre des salariés déclarés a augmenté de 5 % par an contre 2 % avant la crise », assure Amal Idrissi. La croissance de l’emploi a affiché une progression notable dans la majorité des secteurs et ce à l’exception du commerce et de l’industrie manufacturière. « Le secteur du commerce reste prédominant, malgré une baisse de 26,3 % en 2016 à 24 ,1 % en 2023 pour les entreprises déclarantes et une légère diminution des emplois de 16 ,9 % en 2016 à 16,8 % en 2023 », relève-t-on dans ce sens. Et de préciser que « la part de l’emploi dans l’industrie est passée de 19 ,7 % en 2016 à 16 ,5 % en 2023. Pour les entreprises déclarantes, cette part est passée de 7 ,2 % à 6 % ». L’Observatoire assure également que malgré une croissance économique moyenne de 18 % pour le secteur de l’ « hébergement et restauration » et de 9 % pour l’ « information et communication » dans cette période, leurs parts de l’emploi sont restées stables, en moyenne de 5 ,1 % et 2,1 % respectivement. «Ces évolutions reflètent une migration croissante des travailleurs vers le secteur tertiaire, ce dernier ayant employé 66 ,5 % du total des emplois des EPMA en 2023 contre 62,2% en 2017», indique la directrice exécutive de l’OMTPE. Il est à noter que la TPME capte 73 % des salariés. Toutefois, elles font face à une évolution contrastée durant la période post-Covid. Ceci s’illustre par un fléchissement du rythme d’évolution. Il est passé en moyenne annuelle de 8,7 % avant crise à 6% en post-crise. Parmi les constats relevés, on cite l’accélération de l’effectif des EPMA déclarantes au niveau de la région Souss-Massa. En parallèle, la région de Marrakech-Safi et l’Oriental ont connu une progression notable en termes d’emploi. Se référant au rapport annuel de l’OMTPME, la région Casablanca- Settat a accueilli, en 2023, 32 ,1 % des EPMA employant 38,3 % de l’effectif total de leurs salariés, contre respectivement 36 % et 45 ,1 % en 2016. Selon l’Observatoire, ces évolutions ont été accompagnées par un ralentissement du rythme de création d ’emplois, en cohérence avec la hausse moyenne annuelle du PIB post-Covid, de cette région, qui est de 1 ,1 % contre 5,9% dans la période pré-Covid.

Une participation limitée des femmes à l’emploi et à la création de l’entreprise

Le rapport annuel de l’OMTPME a mis en exergue le gap existant entre les genres dans le tissu productif. L’analyse fait ressortir une participation limitée des femmes au salariat total. Un taux de progression a été constaté sur la période allant de 2013 à 2023 ne dépassant pas le tiers. Il ressort dans ce sens que 59% du total des employées femmes ont perçu un salaire inférieur au SMIG, contre 53% pour les employés hommes. Pour les autres tranches de salaires, la part des employés masculins est supérieure tout en tendant à s’approcher de celle des employés féminins au fur et à mesure que ces tranches de salaires sont plus élevées. De même, les employés hommes sont majoritaires dans tous les secteurs d’activités à l’exception de la « santé humaine et action sociale» où la part des employées femmes représente 71% et l’ « enseignement » où cette part s’établit à 70 %.

Les inégalités sont également reflétées par le nombre d’entreprises dirigées par des femmes. Leur part ne dépasse pas les 15 % depuis 2020. Un autre indicateur illustre cet écart. Il s’agit en effet du taux d’accès au crédit bancaire par les entreprises dirigées par des femmes. Il s’articule en effet autour de 14,6 % au moment où la part des prêts dont elles ont bénéficié ne dépasse pas les 11,3 % de l’encours total des crédits bancaires. Il est à souligner que les entreprises dirigées par des femmes représentent 17,6 % du tissu entrepreneurial de la région de Marrakech-Safi contre 16,6 % au niveau de Rabat-Salé-Kénitra et de 15,6 % au niveau de Casablanca Settat. Dans l’ensemble, l’entrepreneuriat féminin est plus particulièrement représenté dans la section de la santé humaine et action sociale ( 40 % ), suivie des autres activités de services 40 % , dont 30 % dans la coiffure et les soins de beauté, ainsi que de l’enseignement (30 %). En parallèle, les secteurs des transports et entreposage, des industries extractives, et de la construction enregistrent les parts les plus faibles, avec des taux inférieurs à 10 % .

C’est le titre de la boite

Dynamique des créations d’entreprises au Maroc entre 2017 et 2023

Evolution.

L’effectif des entreprises a enregistré une hausse de 3,3 % en 2022 et 2023 et ce après une progression de 6 % en moyenne sur la période allant de 2017 à 2021. Selon l’OMTPE, la structure du tissu productif est demeurée globalement stable dans la période post-Covid 19. L’Observatoire relève par ailleurs que la part des microentreprises s’est stabilisée autour de 86, 7 % en 2023, après que leur effectif a progressé à un rythme relativement plus important en 2020 et 2021. De même, la part de l’industrie manufacturière s’est établie à 6,5 % en moyenne depuis 2017 au moment où le secteur tertiaire a représenté une part de 69,8 % en 2023 , en hausse de 1,8 point par rapport à 2017. Bien que la forme juridique SARL reste la plus couramment adoptée par les EPMA, sa part a connu, entre 2017 et 2023, une diminution importante de 16 points au profit de la SARL AU. Cette dernière est passée de 22,1 % à 40,5 % sur cette période. Ce qui indique, selon l’OMTPME, un déclin continu du recours à cette forme juridique pour les nouvelles créations d’entreprises. La période allant de 2017 à 2023 a également été marquée par la croissance des créations d’entreprises personnes morales et physiques. Elles sont passées de 80.2 73 à 96.4 42 , soit une hausse de 20 % .

L’Observatoire observe également une progression plus rapide des implantations des PM dans la région Tanger- Tétouan- Al Hoceima. « Le nombre de créations dans la région de Tanger- Tétouan -Al Hoceima et Marrakech -Safi a connu des évolutions importantes entre 2017 et 2023, respectivement de 74 % et 94 % leurs parts sont passées respectivement de 10 ,7 % à 11 ,8 %, et de 10, 3 % à 12 ,6 % sur la période étudiée », relève-t-on dans ce sens. En parallèle, les dissolutions ont évolué à un rythme plus prononcé au niveau des régions du Souss-Massa, de Fès – Meknès et Marrakech -Safi. Selon le rapport de l’OMTPME, seules les « activités spécialisées, scientifiques et techniques » ont réussi à réduire le rythme de leurs dissolutions après la pandémie, tout en ayant une baisse de leur part passant de 10,5 % en 2017 à 9,5 % en 2023.