L’économie marocaine montre des signes de résilience face aux défis attendus en 2025.
Webinaire : Les implications de la loi de Finances (LF) de l’année 2025 et les projections de croissance ont été au centre d’un webinaire tenu, mercredi, à l’initiative de l’Institut Groupe CDG. Placée sous le thème «Comment se présente 2025?», cette rencontre a réuni experts et décideurs pour examiner les perspectives économiques du Maroc, ainsi que les principaux axes de la LF-2025 et leur impact attendu sur l’économie nationale.
Intervenant à cette occasion, le chef du service des prévisions financières au ministère de l’économie et des finances, Anass Saidi, a mis en exergue la résilience du Maroc face aux défis économiques post-Covid, rappelant qu’en 2020, le déficit budgétaire s’élevait à 7,6%, avant d’être ramené à 3,5% en 2024 grâce à des efforts concertés, avec un objectif similaire fixé pour 2025. Malgré une sécheresse persistante et une forte baisse des récoltes céréalières, d’autres secteurs ont affiché une solide résilience, à l’instar du tourisme qui a enregistré une croissance exceptionnelle, avec une hausse de 23% de sa valeur ajoutée en 2023 et une prévision de 14,8% en 2024, ainsi que les exportations automobiles (+8%) et les investissements directs étrangers (+23,5%) qui témoignent d’une compétitivité accrue, a-t-il relevé. Cette amélioration reflète la stabilisation du cadre macroéconomique, cruciale pour la mise en œuvre de projets de long terme, et bien que l’inflation ait persisté à des niveaux élevés en terme de prix, elle a été maîtrisée et se situe désormais en dessous de 1%, a indiqué M. Saidi, ajoutant que les performances sectorielles, telles qu’une croissance de 9,2% dans la production industrielle et un taux d’utilisation des capacités de production de 77%, illustrent également cette résilience.
Il a, toutefois, considéré que deux défis majeurs subsistent, à savoir l’impact de la sécheresse sur le secteur agricole, vital pour un tiers de la population, et le taux de chômage, précisant que ces enjeux exigent une mobilisation renforcée en 2025 afin de garantir une croissance inclusive et durable, tout en consolidant les bases d’un marché du travail structuré et performant.
De son côté, le directeur des études économiques chez CDG Capital, Ahmed Zhani, a affirmé que l’économie marocaine montre des signes de résilience face aux défis attendus en 2025, ajoutant que malgré des difficultés telles que la sécheresse persistante et la dégradation du pouvoir d’achat en milieu rural, le Maroc a démontré sa capacité à gérer des crises majeures comme la pandémie Covid-19 et les pressions budgétaires liées aux programmes de soutien rural et à la gestion des catastrophes naturelles. Et de soulever que les efforts du Maroc pour assainir ses finances publiques se reflètent clairement dans l’amélioration de plusieurs indicateurs clés, notamment le solde ordinaire qui est revenu en territoire positif grâce à une forte croissance des recettes et des mécanismes innovants, comme les partenariats public-privé permettant de maintenir les dépenses d’investissement.
Parallèlement, bien que le niveau d’endettement soit élevé, il reste maîtrisé comparativement à d’autres pays de la région et à des partenaires internationaux tels que la Tunisie, l’Égypte ou la France, où les déficits et les dettes ont atteint des niveaux bien plus préoccupants, a-t-il dit. Pour sa part, le président de l’Institut Emergence, Moubarack Lô, a noté que les perspectives de croissance économique pour le Maroc sont à la fois prometteuses et ancrées dans le réalisme, avec des prévisions des instituts nationaux et internationaux variant entre 3,2% et 3,7%, tandis que les objectifs initiaux du ministère de l’économie et des finances, révisés à la baisse, visent un maximum de 4,7%. Selon lui, cet optimisme est mesuré et réalisable, notamment grâce à une reprise attendue du secteur agricole en 2024, après une contraction de -4% en 2023, et au secteur secondaire, en particulier la construction et l’énergie, qui pourrait profiter de projets structurants comme le Gazoduc Africain-Atlantique ou les investissements dans l’hydrogène.
Les intervenants ont également évoqué les défis auxquels l’économie marocaine pourrait être confrontée en 2025, notamment l’évolution de la conjoncture internationale et les pressions sur les finances publiques.
Un consensus s’est dégagé sur la nécessité d’une coordination renforcée entre les différents acteurs économiques pour assurer une mise en œuvre efficace des réformes prévues et atteindre les objectifs de développement du Royaume.