Les experts et enseignants-chercheurs ont partagé les résultats de leurs études avec un auditoire composé de représentants de coopératives, des agriculteurs et des industriels.

Ressources hydriques : Les changements climatiques ont des retombées complexes sur les ressources en eau dans le monde. Le Souss Massa, dont le développement agricole repose sur le facteur eau, est fortement touché par la sécheresse ces dernières années. Comment préserver dans ce contexte les acquis et asseoir une agriculture résiliente et durable ? c’est la question qui était au cœur du débat mardi 18 février à Agadir.

C’était lors d’une rencontre organisée par Al Moutmir. Une communauté de pratique dédiée à l’eau et plus précisément à l’utilisation rationnelle des ressources hydriques dans l’activité agricole. A cette rencontre ont assisté des représentants de coopératives, des agriculteurs et des industriels notamment. Un auditoire avec lequel des experts et enseignants-chercheurs ont partagé les résultats de leurs études. La science est en effet aujourd’hui un levier pour explorer de nouvelles solutions d’irrigation à la portée de tous. La modélisation et la télédétection spatiale abordées par le Pr Hakim Kharrou de l’université UM6P, les nouvelles approches de pilotage d’irrigation à la parcelle à travers les technologies et digitalisation exposées par le professeur Aziz Abouabdillah de l’Ecole nationale de l’agriculture de Meknès (ENAM) sont quelques-unes des questions expliquées lors de ce meeting. L’utilisation de l’eau dessalée pour l’irrigation des cultures exposées par le Pr. Rachid Bouabid de l’ENAM était aussi au cœur du débat. A ce niveau, la région du Souss Massa qui abrite la station de dessalement de Chtouka Ait Baha est un modèle en la matière à l’échelle internationale. L’infrastructure se distingue par son classement de quatrième mondialement en termes de capacité de production. C’est aussi le premier projet du genre de point de vue mutualisation production eau potable et eau d’irrigation.

Depuis sa mise en service, l’usine de dessalement de l’eau de mer implantée dans la province de Chtouka Ait Baha est indéniablement une aubaine pour la région. Sans ce projet d’envergure destiné à la fois aux fins de production d’eau potable et d’irrigation agricole en faveur du Grand Agadir, la région serait en manque d’eau. Mise en service en 2022, cette infrastructure a, depuis, toute son importance dans la vie des Gadiris et a permis de maintenir l’activité économique de la région et plus particulièrement du périmètre de Chtouka où elle est implantée. C’est en effet un investissement structurant et stratégique tant pour le Souss Massa que pour le Royaume en entier. Pour rappel, sa zone d’implantation génère plus de 85% d’exportation de primeurs dont plus de 97% d’exportation de tomates. L’unité a ainsi permis de sauvegarder dans la région de Chtouka un investissement de 3 milliards DH, des milliers d’emplois, 20 millions de journées de travail par an et une valeur ajoutée de plus de 9 milliards DH. Sur le plan environnemental, l’apport à travers l’unité de dessalement est de 70 millions de m3 injectés annuellement dans la nappe de Chtouka.

Pour rappel, cet investissement d’envergure, d’un coût global de 4,4 milliards de dirhams, dans le cadre d’un partenariat public-privé, est le fruit de la mutualisation des efforts et des moyens entre le ministère de l’agriculture et de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE). Aujourd’hui son extension est au programme. Cette extension, prévue bien plus tard, a été avancée. Le programme ayant été révisé eu égard à la situation hydrique actuelle. Aussi le projet d’extension, pour atteindre une capacité de 400.000 m3/j, devrait aboutir à une mise en service en 2026 pour faire face aux besoins grandissants du Grand Agadir, indique une source proche du dossier.
D’une capacité initiale de production de 275.000 m3/j dont 150.000 m3/j pour l’eau potable et 125.000 m3/j pour l’irrigation, il est prévu de porter cette capacité à 400.000 m3/j à raison de 200.000 m3/j pour l’eau potable et 200.000 m3/j pour l’irrigation. Le coût de cette extension est d’environ un milliard DH. A terme cette extension profitera à quelque, 1.500 exploitations au niveau de la région de Chtouka pour répondre à la demande en attente actuellement de quelque 1.100 ha. Dans le Souss-Massa, d’autres projets de stations de dessalement sont au programme à travers notamment l’implantation de stations monoblocs de dessalement de l’eau de mer. Il s’agit à travers ces investissements d’alimenter en eau potable notamment le Nord du Grand-Agadir, ainsi qu’une partie de la ville de Tiznit, Taroudant et Tata, avancent les responsables du dossier.

Ainsi dans la région, la solution de l’utilisation des eaux non-conventionnelles est une solution sur laquelle les pouvoirs publics continuent de miser pour faire face au stress hydrique et par-delà assurer la sécurité alimentaire du Royaume.