La confiance est le fil conducteur du Victoria Forum Casablanca Round. Il s’agit de rebâtir des ponts entre les nations africaines et de consolider les relations économiques, politiques et humaines pour une Afrique plus intégrée et plus forte. L’idée que «l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique», exprimée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, est au cœur de cette dynamique. La confiance est le ciment qui doit unir les économies africaines et encourager les investissements intra-africains, les alliances stratégiques et le développement de grands projets structurants. Dans cet entretien, Saad Laraqui revient sur les aspirations de cet événement.

ALM : L’Afrique est un continent riche en ressources et en potentiel, mais encore marqué par une fragmentation héritée de l’Histoire. En quoi la confiance est-elle un élément clé pour son développement et son intégration ?
Saad Laraqui : L’Afrique est un continent d’opportunités, mais il est aussi confronté à un défi majeur : la fragmentation de ses marchés. Aujourd’hui, nous faisons face à une forme de «market failure», où chaque pays fonctionne comme un marché distinct, avec ses propres réglementations, infrastructures et niveaux de développement économique. Cette hétérogénéité crée des barrières au commerce, aux investissements et à la mobilité des talents, freinant ainsi la croissance du continent. C’est pourquoi il est essentiel de mettre tous les acteurs au même niveau de jeu (to level the playing field). Concrètement, cela signifie : harmoniser les cadres réglementaires pour faciliter les échanges commerciaux et les investissements transfrontaliers, développer des infrastructures intégrées pour relier les économies africaines et réduire les coûts logistiques et encourager la mobilité intra-africaine en simplifiant les visas et en facilitant la circulation des entrepreneurs et des talents. Mais cette intégration ne peut se faire sans un élément fondamental : la confiance entre les nations africaines, entre les entreprises et entre les citoyens. Comme l’a souligné Sa Majesté le Roi Mohammed VI, «l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique». Cette confiance est le ciment qui permettra de dépasser les divisions historiques et de bâtir un marché africain unifié, où les échanges et les opportunités circulent librement. Le Victoria Forum Casablanca Round aborde ces enjeux en profondeur, en réunissant des experts, des décideurs et des entrepreneurs engagés pour trouver des solutions concrètes à ces défis. Nous avons aujourd’hui une opportunité historique de créer un environnement économique intégré, où chaque pays peut prospérer en s’appuyant sur ses voisins, plutôt qu’en restant isolé.

Depuis plus de deux décennies, le Maroc s’est imposé comme un acteur économique clé en Afrique. Comment la confiance joue-t-elle un rôle dans cette dynamique ?
Le Maroc a toujours placé la confiance au cœur de sa diplomatie économique en Afrique. Il ne s’agit pas seulement d’investir, mais de bâtir des relations de long terme, fondées sur la réciprocité et le respect mutuel. Le travail réalisé par les professionnels de la diplomatie ouvre des voies nouvelles pour de nombreux acteurs. Le Maroc est aujourd’hui le deuxième investisseur africain en Afrique, avec des engagements dans des secteurs stratégiques comme les banques, les assurances, les télécoms, l’industrie et les énergies renouvelables. Ces investissements ne sont pas des opérations opportunistes, mais bien des partenariats fondés sur une confiance durable avec les pays africains. Cette approche, soutenue par les visites royales dans plusieurs nations du continent, a permis de renforcer l’intégration africaine et d’accélérer la coopération Sud-Sud.
Le Victoria Forum Casablanca Round permet de réfléchir aux moyens d’amplifier ces dynamiques, en favorisant davantage de coopération intra-africaine et en construisant des écosystèmes économiques solides et résilients. C’est notre contribution d’universitaires.

L’Afrique ne pourra pas se développer sans des talents locaux capables de porter sa transformation économique et sociale. Comment renforcer la confiance des jeunes générations dans leur propre continent ?
Le capital humain est le plus grand atout de l’Afrique, avec une population jeune et dynamique. Mais pour que cette jeunesse devienne un moteur de transformation, elle doit avoir confiance en son propre avenir sur le continent.
Aujourd’hui, trop de jeunes Africains aspirent à partir à l’étranger faute d’opportunités perçues localement. Il est impératif de développer des systèmes éducatifs d’excellence, comme le fait ESCA Ecole de Management, pour former une nouvelle génération de leaders africains. Il faut aussi faciliter la mobilité intra-africaine pour que les jeunes talents puissent travailler et innover dans différents pays du continent. Enfin, les entreprises africaines doivent faire confiance aux compétences africaines, en investissant dans la formation et le transfert de savoir-faire.
Le Victoria Forum Casablanca Round mettra l’accent sur ces défis, en explorant les meilleures stratégies pour faire de la jeunesse africaine un levier de transformation durable.

L’Afrique a besoin de grandes infrastructures pour favoriser son développement. Comment renforcer la confiance entre les pays africains pour mener à bien ces projets structurants ?
Le Victoria Forum Casablanca Round explorera comment créer des mécanismes de gouvernance transparents et efficaces pour accélérer ces projets et garantir leur succès. Les infrastructures sont le socle du développement économique, mais elles nécessitent une coopération forte entre les États africains. Pour que ces projets voient le jour, il faut de la confiance entre les gouvernements, les entreprises et les investisseurs. La mise en place de cadres réglementaires communs et d’accords de financement intra-africains est essentielle.
Des initiatives comme le Gazoduc Maroc-Nigeria ou le développement des corridors logistiques interrégionaux, le rôle que va jouer le Port de Dakhla Atlantique très rapidement pour de nombreux pays africains, montrent que cette confiance peut donner naissance à des projets transformateurs.

Comment renforcer la gouvernance économique et politique en Afrique pour bâtir un climat de confiance favorable aux investissements et au développement ?
La confiance repose sur une gouvernance solide et transparente. Pour que l’Afrique attire davantage d’investissements et accélère son intégration, il est essentiel de renforcer l’État de droit et garantir des environnements économiques stables et prévisibles et d’encourager des politiques publiques favorisant l’entrepreneuriat et l’innovation, libérer les énergies et ouvrir les voies pour la jeunesse. Il est également question de développer des institutions africaines crédibles et performantes, qui inspirent confiance aux investisseurs et aux citoyens.

C’est le titre de la boite
Une Afrique unie par la confiance
Développement : Le Victoria Forum Casablanca Round met au centre de ses discussions la confiance comme moteur du développement africain. Qu’il s’agisse de coopération économique, d’intégration régionale, d’éducation ou de gouvernance, la clé pour bâtir une Afrique prospère et unie est de renforcer la confiance mutuelle entre les nations et les acteurs du continent. Avec le leadership du Maroc et des initiatives concrètes comme ce Forum, nous avons aujourd’hui une opportunité historique de dépasser les divisions du passé et de bâtir un avenir basé sur la solidarité, l’innovation et la collaboration.