A l’occasion du mois sacré de Ramadan, la cité millénaire de Marrakech, à l’instar des autres villes du Royaume, vit au rythme d’une ambiance exceptionnelle empreinte de piété, de spiritualité et de recueillement mais également d’une dynamique commerciale qui monte en intensité au niveau des différents marchés et souks, artères et ruelles de la ville.
Ce mois béni est l’occasion pour les Marrakchis de préserver les traditions séculaires, les coutumes et le patrimoine culinaire transmis de génération en génération, et de perpétuer cet élan de solidarité, de communion et d’entraide sociale en ce mois de bienfaisance et de générosité.
Cette atmosphère spirituelle marque en particulier les lieux de culte qui bénéficient de vastes opérations de nettoyage et d’entretien avec la pose de nouveaux tapis pour assurer aux fidèles les meilleures conditions d’accueil et d'accomplissement de leur devoir spirituel.
L’effervescence ramadanesque est palpable aussi chez les familles marrakchies qui veillent à s'approvisionner à l’avance en divers aliments, épices et ingrédients nécessaires pour la préparation de délicieux mets et satisfaire les goûts des petits et des grands.
Constamment fidèles aux rituels qui caractérisent le mois sacré de Ramadan, les Marrakchis veillent à perpétuer les traditions culinaires et les spécialités habituellement servies au cours de ce mois béni.
Ainsi, la table ramadanesque, qui se veut un moment de retrouvailles et de resserrement des liens familiaux, est garnie de toute sorte de délices et pâtisseries dont "la Chabbakia" et les "Briwates", le pain Metloua, l’incontournable harira ou encore «Sellou» consommé avec du thé en revenant de la prière des Tarawih ou à l'heure du Sehour accompagné du lait.
Dans ce sens, le professeur et chercheur en patrimoine local, Mohamed Bousseksou, considère que malgré l’attachement indéfectible des Marocains aux traditions culinaires, la société marocaine a été témoin de mutations remarquables qui ont eu un impact significatif sur les modes de nutrition durant le Ramadan.
"Jadis, les gens se concentraient beaucoup plus, pendant le mois de Ramadan, sur les aspects de la bienfaisance, de la charité et de l'entretien des mosquées, alors que les repas de l’Iftar se limitaient aux plats principaux (harira, dattes, œufs, miel…)", fait-il remarquer.
De nos jours, une variété de délices et de recettes, salées, sucrées et aux saveurs variées viennent égayer la table de Ramadan. Entre jus de fruits, friandises, salades, tartes, crêpes, pâtisseries, la table ramadanesque offre un large aperçu de la cuisine marocaine dans son authenticité et sa modernité.
Parmi les rituels ramadanesques qui marquaient la cité ocre avant de commencer à disparaître au fils des ans, figurent le "Neffar" et le "Gheyyat" qui jouaient des mélodies du haut des minarets pour célébrer l'avènement du mois sacré ou sillonnaient les ruelles de la Médina après la prière des Tarawih, déplore M. Bousseksou.
Par ailleurs, il a souligné que l’ambiance marquant les marchés pendant le mois de Ramadan impressionne tout un chacun, notant qu’il s’agit d’un tableau kaléidoscopique aux couleurs chatoyantes à la faveur de la diversité et de l'abondance des produits présentés sur les étalages, notamment les légumes, fruits, viandes, dattes, céréales....etc.
Quoique le mode de vie des Marrakchis ait remarquablement évolué, les traditions séculaires et authentiques inhérentes au mois béni façonnent toujours le présent comme le passé de la ville des palmiers. Des traditions qui requièrent davantage d’efforts de la part des chercheurs pour assurer leur documentation et par là, leur pérennisation, étant donné qu’elles font partie du patrimoine des Marocains.