Après 7 mois de blocage et de grèves, le sort des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie est toujours en suspens. 7 mois durant lesquels les étudiants ont maintenu leurs positions et prouvé que la jeunesse marocaine a des convictions et qu’elle sait les défendre bec et ongles.

L’opinion publique nationale est interpellée par la mobilisation étudiante à plus d’un titre. D’abord parce que ce sont les enfants, les frères et soeurs, cousins et cousines, de beaucoup de Marocains qui sont concernés, et qu’ainsi le débat s’est invité dans les chaumières de tout le Royaume. Ensuite, parce que derrière les revendications des étudiants, se profilent celles de nombreux concitoyens quant à l’état global du système de santé national et ses carences dans sa capacité à servir le citoyen.

En témoigne la mobilisation de l’opinion publique en faveur des professionnels de santé, qui ont obtenu gain de cause auprès de l’État sur la quasi-totalité de leurs demandes, prouvant par là-même leur légitimité.

Alors, nos étudiants en médecine sont-ils idéalistes ? Manquent-ils de discernement et de recul face à leurs revendications ? L’État est-il trop ferme face à celles-ci ? Quelles que soient les réponses à ces questions, force est de constater que les deux parties sont au pied du mur et que « the Clock is ticking ».

Les étudiants de leur côté ne peuvent se désister à ce stade, au risque de désavouer tout leur engagement de ces derniers mois ; c’est clairement le sentiment qui prévaut en leur sein. Alors oui, certaines revendications devront passer à la trappe, comme le respect souhaité des vacances universitaires ou des jours fériés. Mais, lorsque les étudiants demandent à conserver un cursus long parce qu’ils estiment en avoir besoin pour garantir à leur formation le niveau nécessaire pour dispenser des soins de qualité à leurs compatriotes, on doit s’en réjouir. Ce n’est pas si commun que des étudiants défendent une position qui nécessite de travailler plus et Hippocrate en serait certainement fier. Au pied du mur, les étudiants veulent tenir bon et annoncent être prêts à passer leurs examens, pourvu qu’un accord soit formalisé.

Le Gouvernement, de son côté, n’est pas si loin de la position des étudiants sur le fond. C’est le Roi Mohammed VI qui a lancé la grande réforme de la Santé, et de nombreuses revendications des étudiants s’inscrivent profondément dans une démarche patriote, dans la mesure où elles réclament une plus grande considération des contraintes de l’exercice de la médecine dans notre pays. Les académies régionales, les quotas d’inscriptions, les stages, l’encadrement professoral, la contribution du secteur privé paradoxalement florissant, la généralisation de la couverture sanitaire et de la protection sociale, sont autant de sujets en commun, même si les solutions préconisées divergent, entre les étudiants et les pouvoirs publics.

Le problème pour le Gouvernement ne réside pas tant dans les revendications mais dans la création de précédents. Céder à tout ou partie des revendications estudiantines, avec plus ou moins de diligence, pourrait allumer d’autres feux alors que les dossiers chauds ne manquent déjà pas. D’autant que les tentatives d’exploitation et de récupération de la mobilisation étudiante à des fins populistes, y compris à travers la cause palestinienne, ont pu venir ternir les débats ici et là.

En réalité, les étudiants mobilisés n’ont que faire des manipulations politiques, ils sont eux-mêmes issus de toutes les couches de la population et de toutes les régions du Royaume. Ce qui les unit, c’est leur destinée commune, et en en appelant aux institutions, parlementaire notamment, et au dialogue avec les pouvoirs publics, c’est un bel exemple d’exercice démocratique et de responsabilité qu’ils donnent à toutes et à tous. Sur ce point aussi, il y a convergence avec l’action du Gouvernement qui a dépêché son représentant pour évoquer point par point les revendications et les solutions pour y répondre. De même, le Gouvernement a par ailleurs enfin déterré la Loi sur le droit de grève, pourtant inscrite dès 2011 dans la Constitution du Royaume, mais qu’aucun gouvernement n’avait réussi à faire passer au Parlement.

En définitive, en tant que citoyens, nous ne pouvons que saluer le processus dont nous sommes témoins. Car par leur mobilisation, et quels que soient les acquis que les étudiants obtiendront, ils auront œuvré par leur engagement, à l’amélioration de la perception de la Santé au Maroc et au caractère vital de son amélioration, au bénéfice de tous les Marocains.

 

Zouhair Yata

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