Le Groupe LPF (Le Piston Français), spécialiste de l’usinage des métaux durs et de l’assemblage mécanique, est un acteur majeur de la supply chain aéronautique mondiale. Avec deux usines au Maroc, son développement est un témoin idoine de l’essor du secteur aéronautique au Maroc. Le Directeur Général de LPF Maroc, M. Badre Jaafar, nous raconte ce développement impressionnant.

La Nouvelle Tribune : Pouvez-vous présenter votre activité industrielle ?

M. Badre Jaafar : Groupe Le Piston Français (LPF) est un acteur majeur de la supply chain aéronautique et un spécialiste de l’usinage des métaux durs et de la fabrication d’assemblages mécaniques.

Au Maroc, LPF compte 275 employés répartis sur deux sites. SERMP, notre usine historique de Casablanca, a été fondée en 1999, située dans la zone industrielle de l’aéroport Mohammed V et est l’une des premières à s’être implantée dans le secteur aéronautique marocain. Cette usine emploie aujourd’hui 185 personnes et se distingue par son expertise dans l’usinage et l’assemblage de pièces pour les moteurs, les systèmes de freinage, les nacelles et l’aérostructure.

En 2021, nous avons inauguré LPF Casablanca, notre deuxième usine, située à Midparc. Cette installation renforce nos capacités de production au Maroc en nous permettant de fabriquer des pièces de plus grande taille, plus complexes et de forte valeur ajoutée, principalement destinées aux moteurs d’avions.

Nos principaux clients au Maroc sont Safran Aircraft Engines, Safran Landing Systems, Collins, Rolls Royce, Airbus Atlantic, Pratt & Withney Canada, Spirit…

Concernant LPF Casablanca, deux nouvelles extensions sont prévues dans les deux prochaines années, portera la superficie à 8 000 mètres carrés. Ainsi, à terme, nos installations au Maroc couvriront une superficie totale de 15 000 mètres carrés et emploieront directement 400 personnes.

Nous avons également lancé une activité d’ingénierie, offrant à nos clients des services de développement et d’industrialisation. Initialement réservée au groupe depuis 2010, cette offre a été étendue à nos clients externes depuis 2018. Depuis le lancement de nos opérations au Maroc, nous avons évolué d’un simple atelier annexe en 1999, entièrement tributaire de la maison-mère, à une structure capable d’exporter son savoir-faire, avec des ingénieurs et techniciens aptes à industrialiser des pièces pour des clients externes. Cela reflète une tendance générale dans le secteur aéronautique marocain, où les entreprises créent désormais davantage de valeur ajoutée au-delà de la simple absorption et consommation de la main d’œuvre.

Justement, dans quelle mesure la politique industrielle nationale et a-t-elle impacté votre développement ?

L’impact sur le développement du secteur aéronautique au Maroc est majeur. Les initiatives des ministères de l’Industrie et de l’Investissement, ainsi que de l’AMDIE, sont essentielles pour attirer les investissements étrangers et stimuler l’industrialisation. Ces efforts favorisent un climat d’affaires propice à la croissance du secteur aéronautique, faisant ainsi monter la chaîne de valeur au Maroc.

L’arrivée de grands noms tels que Safran, Airbus, Spirit, et plus récemment Pratt & Whitney Canada, au Maroc, propulse l’excellence des compétences de la main-d’œuvre locale et booste la compétitivité de notre tissu industriel a l’international. Aujourd’hui, le secteur aéronautique marocain comprend environ 145 entreprises, employant 20 000 personnes, dont 45 % de femmes, et se distingue par son expertise de pointe dans la fabrication de composants techniques et sophistiqués pour les avions.

On peut citer aussi les programmes de soutien, notamment les subventions de Maroc PME, ou le Fonds Hassan II pour le Développement économique et social, qui permettent aux entreprises de bénéficier d’un certain soutien de l’État pour progresser sur leurs investissements.

Le troisième point, c’est la promotion et le renforcement des compétences humaines et techniques. Parce que l’avantage que l’on a au Maroc, c’est une jeunesse qui est très compétente, ambitieuse, et qui a vraiment la soif d’apprendre. Et je peux témoigner que ce n’est pas le cas ailleurs.

Enfin, un aspect crucial est l’infrastructure. Le Maroc a investi massivement dans un réseau solide, incluant autoroutes, chemins de fer et aéroports, ce qui favorise, simplifie et accélère le transport des marchandises et des compétences.

Quelles sont les perspectives industrielles que vous identifiez, les priorités pour cette nouvelle stratégie appliquée à votre activité ?

Pour aller plus loin, plus haut et dépasser les limites actuelles, je pense qu’il faut prioriser et travailler sur plusieurs axes clés :

1. Innovation Technologique : Accélérer l’adoption de l’industrie 4.0 et intégrer les dernières avancées numériques pour améliorer l’efficacité et la compétitivité.

2. Durabilité : Prioriser les initiatives pour la décarbonation, comme l’intégration d’énergies renouvelables et le développement de technologies vertes, pour répondre aux exigences environnementales croissantes.

3. Développement de la Chaîne d’Approvisionnement : Renforcer les chaînes logistiques, en particulier la distribution des matières premières et les processus de finition et les procédés spéciaux (HVOF, Argentage, Projection Thermique…), pour combler les lacunes existantes.

4. Attraction de Nouveaux Investisseurs : Encourager l’arrivée de grands donneurs d’ordres et de partenaires stratégiques pour développer un écosystème industriel robuste.

5. Renforcement des Compétences : Investir dans la formation et l’évolution des compétences locales pour soutenir l’innovation et maintenir un haut niveau de performance.

6. Partenariats et Collaborations : Étendre les collaborations avec des leaders du secteur pour accroître notre influence et notre présence sur le marché international.

Je pense que ces priorités aideront notre stratégie pour faire face aux défis actuels et saisir les opportunités de croissance future.

Propos recueillis par Selim Benabdelkhalek

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