Le Think-Tank AWAL Houriates présidé par Mme Nouzha Skalli et en partenariat avec la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Mohammedia, vient d’organiser une rencontre le sur le thème ‘‘ Familles plurielles : Pour l’égalité au sein des familles et l’égalité entre les familles’’. Mme Skalli, cette conférence s’inscrit dans le cadre de la troisième phase 2024 du projet « Pour des familles marocaines, espaces d’égalité, d’inclusion, de sécurité et de solidarité » mené depuis 2022 par le Think-Tank AWAL Houriates. Et de poursuivre que cette conférence qui intervient dans le contexte du chantier de réforme du Code de la famille, lancé par le Souverain le 26 septembre 2023, a pour but de partager et de débattre autour du mémorandum, réalisé par AWAL Houriates à travers une approche participative et territoriale.

Dans ses explications, la présidente d’AWAL a bien voulu démontrer aux étudiants présents que le mouvement féministe au Maroc s’est investi d’une façon remarquable dans la lutte pour les droits des femmes et l’égalité homme-femme, par conséquent dans la lutte contre les discriminations et les violences dont les femmes sont victimes. Et d’ajouter qu’il s’est également investi pour les droits de l’enfant dans toutes leurs dimensions : ‘‘ Certaines voix, considérant que l’approche « droits des femmes » serait dépassée, se sont tournées vers « l’approche famille » en disant que c’est la cellule familiale qui aurait besoin d’une attention au vu des rôles attendus des familles notamment à l’égard des enfants. Nous avons voulu analyser cette perspective, sans la partager, pour savoir réellement quelles sont les données dont nous disposons sur la famille, sa composition, son évolution, ses rôles. Mais, nous avons dû partir du constat que la dernière enquête produite par le HCP sur la famille datait de 1995 et que depuis, aucune étude n’a été publiée sur le sujet’’.

Selon Mme Skalli, les statistiques officielles se basent sur les ménages, traduites en arabe par « Oussar » (familles). Cela prive, d’après elle, les politiques publiques d’un tableau de bord permettant une cohérence avec les réalités sociales des familles : ‘‘ connaissant les discriminations subies par les femmes et les filles, les violences à leur égard, révélées par les enquêtes nationales du HCP en 2009 et en 2019, nous avons essayé de trouver des éléments de réponse à la question suivante : la famille est-elle vraiment cet espace d’égalité, d’inclusion, de sécurité et de solidarité ? C’est ainsi que nous nous sommes engagés durant les deux années 2022 et 2023 dans ce projet intitulé « Pour des familles marocaines, espaces d’égalité, d’inclusion, de sécurité et de solidarité » à travers une recherche-action menée dans quatre régions avec la collaboration de quatre expert.es, et en partenariat avec des associations dans ces régions’’.

Cette recherche-action, a-t-elle tenu à préciser, a donné des résultats qui ont bouleversé nos connaissances et nous ont donné accès à des réalités dramatiques et cette étape fut suivie d’une réflexion participative que nous avons menée tout au long de l’année 2022. Cette recherche-action a fini par donner le jour à un projet de mémorandum validé par un comité d’experts. L’année 2023 a été consacrée à cinq conférences régionales d’information et de sensibilisation sur le contenu du mémorandum et de concertations territoriales pour l’enrichir de recommandations qui ont donné la présente version du mémorandum. Toutes les étapes seront présentées dans la première partie de ce document. La deuxième partie regroupe les 100 recommandations élaborées tout au long des étapes de réalisation du projet.

Dans son mémorandum, Awal souligne que dans le contexte du « Printemps Arabe », le Maroc n’a pas échappé à l’influence de la vague des idéologies conservatrices, dite de l’Islam politique, ce qui a réduit l’impact attendu de ces réformes et particulièrement la mise en œuvre de la Constitution de 2011. D’autre part, malgré ces engagements et ces avancées, des dispositions discriminatoires persistent dans l’ensemble des textes législatifs, engendrant des violences multidimensionnelles, contraires à l’esprit et aux dispositions de la Constitution et aux engagements internationaux en matière de droits humains ratifiés par le Maroc, dit-on auprès de cette association pour qui bien que le processus de progrès pour les droits des femmes ait continué dans certains domaines, plusieurs des acquis majeurs de la réforme du Code de la Famille de 2004 ont été contournés et de nouvelles injustices sont apparues ou ont été introduites en utilisant les failles du texte et une jurisprudence largement défavorable aux femmes. Ces discriminations ont souvent eu des répercussions dramatiques sur la situation des familles les plus vulnérables et plongent des femmes dans une grande précarité, particulièrement dans le monde rural ou dans les zones montagneuses isolées. Ce diagnostic alarmant est constaté par des organismes nationaux (HCP, Ministère en charge de la famille, CNDH, CESE) mais également par des organismes internationaux.

Ceci étant et pour Awal, les fondements de la réforme, déclinés par le Souverain à travers le discours du Trône du 30 juillet 2022 et la lettre du 26 septembre 2023 sont d’une importance capitale par rapport aux attentes du mouvement pour les droits des femmes : la mise en œuvre de l’égalité hommes-femmes et de l’objectif « parité » ; personne n’a le droit de priver les femmes de leurs droits ; harmonisation du contenu du code de la famille avec les mutations qu’a connu la société marocaine ; harmonisation de la loi avec les dispositions de la Constitution et avec les conventions internationales ratifiées par le Maroc ; favoriser la pleine participation économique des femmes ; mise en place de l’APALD et du Conseil Consultatif de la Famille et de l’Enfance…

 

H.Z

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