Les différents groupes rebelles, qui mènent une avancée fulgurante depuis le nord et le sud de la Syrie, affirment avoir « commencé à encercler » la capitale, Damas. La présidence syrienne nie que le président Bachar al-Assad a fui le pays.

Derrière l’avant-garde des islamistes radicaux de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) , c’est tout un pays qui se libère de 53 ans de dictature des Assad père (Hafez) et fils (Bachar). Jamais les 10 000 à 15 000 combattants de HTS et de ses alliés, cantonnés depuis 2018 dans la région d’Idlib (nord-ouest), n’auraient pu mener seuls une offensive aussi fulgurante.
En l’espace de dix jours, ils se sont emparés d’Alep, la deuxième ville de Syrie, puis de Hama. Ce samedi soir, ils étaient sur le point d’entrer dans Homs et d’isoler la côte de la capitale, Damas. Dans le sud, une autre révolte, partie jeudi de Daraa, a fait tache d’huile et a atteint ce samedi soir les faubourgs sud de Damas. Elle est menée par des groupes rebelles locaux, pas affiliés à HTS, mais qui partagent la même obsession de faire tomber le régime de Bachar al-Assad.
Sur les réseaux sociaux, les vidéos postées par des Syriens montrent les colonnes islamistes de HTS paradant dans les villes, mais aussi la joie des habitants. Sur l’une d’elles, filmée dans la banlieue sud de Damas, une foule, où ne figure pas d’hommes en armes, met à terre une statue de Hafez.
Au fur et à mesure que le régime recule, l’ouverture des prisons donne lieu à des scènes émouvantes. Des morts vivants reviennent à la lumière, comme Ali Hassan Ali, un vieillard de 67 ans sorti jeudi d’une geôle de Hama, après 39 ans de détention au secret et que sa famille croyait décéder. Un espoir fou pour les proches des 113 000 Syriens disparus depuis 2011, dont 96 000 du fait du régime, selon l’ONG SNHR, qui tient cette macabre comptabilité.
Comment expliquer l’effondrement subit de l’armée régulière syrienne ? Cette retraite désordonnée et l’abandon de tonnes de matériel, y compris des chars, des avions, des batteries antiaériennes ? Cela révèle une extrême faiblesse du moral des troupes, composées en grande partie de conscrits. Ce samedi, plus de deux mille soldats ont ainsi franchi la frontière pour se mettre à l’abri en Irak.

Le régime ne tenait militairement que grâce à ses deux puissants alliés, Russie et l’Iran, qui lui ont sauvé la mise en intervenant en 2015. Mais la donne a changé. Moscou a désormais l’Ukraine pour priorité et ne croit plus qu’Assad peut survivre : l’armée russe a entamé l’évacuation de son matériel plus précieux vers le port de Tartous.
Quant à l’Iran, pour qui la Syrie d’Assad était un maillon essentiel dans sa guerre contre Israël, au même titre que le Hezbollah libanais, le régime des mollahs a prôné ce samedi un dialogue politique. Téhéran a compris que l’envoi de milliers de miliciens en renfort en Syrie ne sauvera pas Assad.
L’armée régulière assure, sans convaincre, avoir installé un cordon de sécurité très solide pour défendre Damas. Et qu’elle tient toujours ses positions à Homs. Où se trouve Bachar al-Assad ? Les rumeurs d’une fuite du chef du régiùe ont fleuri toute la journée de samedi, à chaque décollage d’un jet privé de l’aéroport de Damas, relayé par les sites Internet spécialisés comme Flightradar.

La présidence syrienne a démenti que le président syrien a fui le pays, affirmant qu’il exerçait ses fonctions depuis Damas. Comme elle affirmait vendredi tenir fermement le sud du pays
Source: Ouest France

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