C’était le 8 Février 1988, à l’occasion du 30ème anniversaire du bombardement de Sakiet Sidi Youssef. Les trois chefs d’état tunisien, algérien et libyen se sont rencontrés dans cette ville pour commémorer l’avènement et annoncer des promesses…restées depuis sans suite. J’étais chargé par Feu Slah Maouia directeur du journal la Presse de couvrir cette rencontre tripartite saluée comme un évènement majeur quelques mois après l’accession de Ben Ali, le 7 Novembre 1987, à la magistrature suprême après avoir déposé Bourguiba le père de la nation.

 A son tour, le guide libyen Kadhafi venait de rétablir, le 28 Décembre 1987, les relations diplomatiques avec la Tunisie, rompues le 26 septembre 1985 à la suite des nombreuses expulsions de Libye de travailleurs tunisiens et il s’est engagé à apurer complètement le contentieux financier créé par la crise de 1985.

Pour sceller cette réconciliation, il entreprit du 4 au 6 Février 1988, un voyage officiel en Tunisie où il a été accueilli avec ferveur et enthousiasme par Ben Ali. Les deux chefs d’état ont convenu de régler le contentieux né de la crise de 1985 et sur les moyens de relancer la coopération économique.

Comme l’avait révélé le journal le Monde, en date du 9 Février 1988, « les entretiens ont également permis d'envisager une exploitation en commun _ pétrole, gaz et pêche _ du golfe de Gabès mitoyen aux deux pays. La délimitation du plateau continental dans cette zone est, depuis plus de dix ans, objet de litige entre Tunis et Tripoli, qui ont eu recours à deux reprises à l'arbitrage de la Cour internationale de justice de La Haye. D'autre part, le projet de construction à travers la Tunisie d'un gazoduc permettant à la Libye de recevoir le gaz naturel algérien a été retenu et, pour faciliter la circulation des biens et des personnes, les visas d'entrée pour les ressortissants des deux pays seront supprimés à partir du 15 février. »

Après un séjour de 48 heures en Tunisie, le colonel libyen, part en Algérie pour rencontrer le président Chadli Ben Jedid dans la ville frontalière d’Annaba et revenir avec lui par le terminal de Sakiet Sidi Youssef dont la commémoration des évènements constituait une véritable aubaine pour se retrouver à trois dans l’enceinte du lycée secondaire et annoncer des promesses porteuses d’espoir.

Au cours de ce sommet, le président Chadli qui œuvrait, déjà, pour l’édification du Grand Maghreb, voulait élargir le traité de « fraternité et de concorde » unissant l'Algérie, la Tunisie et la Mauritanie à la Libye et au Maroc. Après son indépendance, l’Algérie a fait du fondement de l’Union du Maghreb l’une de ses priorités et l’un des principaux piliers de sa politique étrangère. Elle a conclu le 06 janvier 1970, un « Traité de fraternité, de bon voisinage, et de coopération » avec la Tunisie qu’elle a renforcé par un autre « Traité de fraternité et de concorde le 19 mars 1983 », auquel a adhéré la Mauritanie en Décembre 1984.

Ce sommet devait donner une nouvelle impulsion à la complémentarité entre les trois pays voisins en attendant de voir le Maroc adhérer au dit Traité.

Peu de temps après, le président algérien réunit, le 10 juin 1988 à Zeralda, en marge du Sommet de l’Intifada que l’Algérie a accueilli pour soutenir la lutte du peuple palestinien, une rencontre des dirigeants des cinq pays du Maghreb, au cours de laquelle, ils ont établi un « document de base qui enregistrait clairement la volonté des dirigeants maghrébins d’établir l’Union du Maghreb. »

Le 17 février 1989, Hassan II du Maroc, Chadli Ben Jedid l’Algérie, Zine El Abidine Ben Ali de la Tunisie, Mouammar Kadhafi de la Libye et Mouaouia Ouled sidi Ahmed Tayaa de la Mauritanie ont signé à Marrakech le traité instituant l’Union du Maghreb et ont annoncé sa création.

Vingt ans après ce sommet tripartite, Ben Ali qui souhaiter « donner un éclat particulier à la célébration du cinquantième anniversaire » du bombardement de Sakiet Sidi Youssef, conviait son homologue algérien  Abdelaziz Bouteflika à Tunis, en  vue « d’impulser un nouvel élan à la coopération bilatérale » qui, selon Boutef reste « en deçà des attentes et des aspirations ». Le président algérien a insisté sur la nécessité de « multiplier les opportunités d’investissement » et de « faciliter le flux des échanges de marchandises », dans le cadre d’un accord de « libre-échange préférentiel » qui devrait être signé prochainement, comme l’a rapporté JA dans un article publié le 11 Février 2008.

Depuis, les promesses se sont succédées, engendrant de faux espoirs et ne laissant que chimères.

Brahim Oueslati

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