La célébration du 50e anniversaire de la création de l’Union nationale des paysans algériens a été marquée, cette année, par les messages forts adressés par le président de la République aux agriculteurs. Dans cet entretien, Slimane Bedrani, professeur à l’Ecole nationale supérieure d’agronomie (ENSA), revient sur l’impact des mesures prises en faveur du secteur agricole mais aussi les défis qui se présentent. 

 

Le Jeune Indépendant : Comment qualifiez-vous les mesures annoncées par le président de la République ? Selon vous, vont-elles promouvoir le secteur agricole ?

 

Slimane Bedrani : Les mesures annoncées par le Président ne peuvent avoir qu’un effet positif sur l’agriculture si, toutefois, elles sont appliquées de façon efficace. Il faudrait que les banques s’intéressent davantage au secteur agricole. Pour cela, elles ont besoin que les pouvoirs publics partagent avec elles les risques importants qu’elles courent en faisant des prêts à ce secteur, soumis aux aléas climatiques. Pour ce qui est du foncier, beaucoup de problèmes subsistent, en particulier celui des terres du domaine privé de l’Etat, exploitées par des agriculteurs sans titre de propriété, et ce surtout dans les régions steppiques.

 

Le Président a aussi appelé à la mobilisation de toutes les parties pour atteindre la sécurité alimentaire, qui est un grand enjeu pour le pays. L’Algérie se rapproche-t-elle de la réalisation de cet objectif stratégique ? Et quels sont les défis auxquels fait face le secteur de l’agriculture ?

 

La sécurité alimentaire demeure largement assurée par les importations permises par la rente pétrolière même si la production locale a fortement augmenté au cours des vingt dernières années. Les mégaprojets prévus avec des étrangers au Sahara pourront-ils réussir malgré les difficultés qu’ils ne manqueront pas de rencontrer ? L’eau sera-t-elle disponible en quantité et en qualité ? D’où viendra la nombreuse main-d’œuvre nécessaire ? Le bétail laitier des régions tempérées pourra-t-il supporter les chaleurs sahariennes ? Ce sont autant de questions qu’on se pose actuellement.

 

Les jeunes sont aussi appelés à investir dans le domaine agricole. Que faut-il faire, selon vous, pour les encourager et les inciter à aller dans cette direction ?

 

L’appel aux jeunes pour investir dans l’agriculture restera vain tant que l’accès au financement et au foncier agricole sera difficile et tant que les risques dus aux aléas climatiques et économiques resteront à la seule charge des producteurs, surtout s’ils sont petits ou moyens.

 

L’apport et la dimension stratégiques de la modernisation, et l’exploitation des techniques modernes pour relancer l’agriculture ont été évoqués. Où en sommes-nous dans le processus de modernisation de l’agriculture ?

 

La modernisation du secteur agricole a avancé dans tous les domaines (mécanisation, utilisation de produits de traitement et de variétés à haut rendement, irrigation …) mais il reste encore beaucoup à faire. Les prix des intrants et des équipements restent élevés, la formation des agriculteurs dans les techniques avancées de productivité reste modeste, l’organisation du monde agricole demeure faible, etc.

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