Il est clair que les Etats impérialistes ne se considèrent pas comme soumis, ou devant l’être, aux normes du droit international. Dans ce registre, les Etats-Unis détiennent la palme d’or. Non content d’avoir pu imposer l’extraterritorialité du droit américain, Washington a toujours refusé de signer des traités internationaux susceptibles de lui imposer des obligations.

D’ailleurs, les Américains tentent par tous les moyens de se défaire de certains traités conclus à l’époque de la Guerre froide, lorsque l’ex-Union soviétique avait tenu la dragée haute aux Etats-Unis.

Traditionnellement, Washington a la réputation, justifiée, de traîner des pieds pour ratifier les conventions internationales. Les Américains sont aujourd’hui l’un des deux pays du monde avec la Somalie à n’avoir toujours pas accepté, par exemple, la Convention internationale des droits de l’enfant.

Ils n’ont pas davantage adhéré à la Cour pénale internationale, à la Convention sur le droit de la mer, à celle sur les droits des personnes handicapés, l’élimination des discriminations contre les femmes ou au traité bannissant les mines antipersonnel. L’Organisation internationale du travail attend encore leur signature au bas de 70 conventions, dont un texte sur le travail forcé datant de 1930.

Pire, les États-Unis accusent spécifiquement les États souverains de faux crimes, et en premier lieu la Russie. Ceci n’est pas nouveau ! Durant la période de la période de la Guerre froide, les Soviétiques ont été accusé de tous les maux au nom de la démocratie et de la liberté. Washington reste silencieux lorsque l’on parle de l’invasion américaine de la Grenade, du Nicaragua, de la Libye et du Panama, qui tous ont été condamnées par l’Assemblée générale de l’ONU.

Les autres équipées néocoloniales des Etats-Unis après la chute du mur de Berlin et la disparition de l’URSS sont également passées sous silence par les administrations américaines successives. L’Irak en 1991 puis en 2003, la Somalie en 1993, le Soudan en 1998, la Yougoslavie en 1999, l’Afghanistan en 2001, la Syrie et la Libye en 2011 ont provoqué des centaines de milliers de morts, principalement des civils. Mais là, aucune menace de traduction des criminels de guerre devant la Cour pénale internationale (CPI). Ni Bush père, ni Clinton, ni Bush Jr, ni Obama ne devraient être inquiétés. Cela confirme s’il en est que la force prime le droit.

Mais en puissance impérialise, le refus d’adopter le Statut de Rome ne fait pas hésiter les États-Unis à utiliser les possibilités de la Cour pénale internationale pour poursuivre leurs opposants.

Dans le même temps, Washington ne veut pas que ses forces armées ou ses services spéciaux soient poursuivis en justice par la CPI partout dans le monde.

Les propos tenus par un responsable américain durant la présidence Trump en 2017 restent dans les mémoires.

En effet, au cours d’une conférence à la Federalist society, un lobby ultra-conservateur, John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche à l’époque, s’en est pris férocement à la Cour pénale internationale (CPI) : « Nous allons interdire à ces juges et procureurs l’entrée aux États-Unis. Nous allons prendre des sanctions contre leurs avoirs dans le système financier américain, et nous allons engager des poursuites contre eux ». Il a aussi menacé de couper l’aide aux pays qui coopéreraient avec l’instance internationale dans ces enquêtes.

En cause, la volonté de l’ancienne procureure de la CPI, Fatou Bensouda, de lancer des poursuites contre des fonctionnaires américains. En novembre 2017, la magistrate avait affirmé que des forces armées américaines et la CIA pourraient avoir commis des crimes de guerre en Afghanistan en 2003-2004 à l’encontre de détenus, notamment des actes de torture et des traitements cruels.

Comble de l’ironie, les Etats-Unis non signataire du traité de Rome, poussent la CPI à inculper le président russe Vladimir Poutine pour de prétendus crime contre l’humanité en Ukraine.
Et non content d’imposer un véritable diktat sur leurs partenaires et rivaux sur la scène internationale, les Américains violent tous les traités et conventions possibles et imaginables signés par eux dans les années 1960-1990. Ils ont déployé des têtes nucléaires en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, en Turquie et en Italie, et ont failli provoquer un conflit mondial à l’occasion de la crise des missiles à Cuba en 1962.

Pour légaliser ce chaos juridique, les États-Unis substituent aux normes du droit international un ordre fondé sur des règles qui n’a aucun pouvoir juridique. Déjà, les dirigeants américains rappellent qu’il n’y a rien au-dessus de la Constitution de 1787 et que le droit international ne peut se substituer au droit national.

Au yeux des Américains , le nouvel ordre mondial doit être un club dont les participants sont uniquement admis par Washington. Pour atteindre cet objectif, les Américains tentent de déséquilibrer le système de droit international. Ces actions nécessitent la création d’un monde véritablement démocratique pour lutter contre cette approche impérialiste et néocoloniale.

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