Le président russe hausse le ton, prévient et entrouvre en même temps une porte de sortie pour des Occidentaux, embourbés jusqu’aux dents dans les marécages ukrainiens. En informant l’opinion publique russe et internationale des risques d’une transformation du conflit en Ukraine vers un conflit « à caractère mondial », Vladimir Poutine a assuré que le tir de missile balistique hypersonique « Orechnik » jeudi, était une réponse aux frappes de missiles occidentaux sur son territoire.

Ces derniers jours, l’Ukraine avait frappé le territoire russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow.

La folie américano-britannique est-elle en train de provoquer une déflagration généralisée ? de nombreux spécialistes pensent en effet, que l’autorisation faite par Washington et Londres aux résidus de l’armée ukrainienne et le gouvernement ukronazi de Kiev à utiliser des missiles stratégiques de type ATACMS et Strom Shadow pour frapper le territoire de la fédération de Russie est en train de modifier la nature du conflit en Ukraine.
Dent pour dent

Dans son allocution, le président russe a été très clair : « en réponse à l’utilisation d’armes à longue portée américaines et britanniques le 21 novembre, les Forces armées russes ont mené une frappe combinée contre l’un des sites du complexe militaro-industriel ukrainien », a-t-il dit. « Nous avons notamment testé en conditions réelles l’un des tout nouveaux missiles russes de moyenne portée, il s’agit en l’occurrence d’un missile balistique hypersonique à charge non nucléaire. Nos troupes de missiles l’ont baptisé Orechnik. Les essais ont été réussis, l’objectif du tir a été atteint », s’est réjoui Vladimir Poutine.

Le missile lancé jeudi contre le complexe de Dnipro est donc un missile balistique de moyenne portée qui peut, selon les spécialistes, atteindre des cibles comprises entre 3 000 et 5 500 kilomètres. La distance entre l’oblast russe d’Astrakhan, d’où le missile a été tiré, selon Kiev, et l’usine de fabrication de satellites Pivdenmach (Ioujmach, en russe), qu’il a touchée à Dnipro, est d’environ 1 000 km. Selon le renseignement ukrainien, le vol du missile a duré quinze minutes avant d’atteindre sa cible.

S’il n’entre pas dans la catégorie des missiles intercontinentaux (d’une portée de plus de 5 500 kilomètres), tiré de l’Extrême-Orient russe, Orechnik pourrait théoriquement toucher des cibles sur la côte ouest des Etats-Unis. Jusqu’en 2019, la Russie et les Etats-Unis ne pouvaient mettre en service de tels missiles en vertu du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) signé en 1987, pendant la guerre froide. Mais, en 2019, Donald Trump avait retiré Washington de ce texte, accusant Moscou de le violer, ouvrant la voie à une nouvelle course aux armements.

Les Américains coupables
Pour le chef de l’Etat russe, c’est Washington, et exclusivement elle, qui a torpillé l’accord de 1987 afin de relancer la course à l’armement. La posture russe est une posture défensive, précise le président Poutine.

Missiles balistiques russes

« Le développement de missiles de portée intermédiaire est réalisé par nous en réponse aux plans américains de production et de déploiement de missiles de portée intermédiaire en Europe et dans la région Asie-Pacifique. Nous pensons que les États-Unis ont commis une erreur en détruisant unilatéralement en 2019, sous un prétexte fallacieux, le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire », explique le président russe.

« Aujourd’hui, les États-Unis non seulement produisent ce matériel, mais comme nous le voyons, ils ont, dans le cadre de la préparation de leurs troupes, travaillé sur le transfert de leurs systèmes de missiles dans différentes régions du monde, y compris en Europe. De plus, lors d’exercices, ils s’entraînent à leur utilisation », explique Poutine.

Pour ce dernier, le Russie ne fait que répondre à la menace américaine, avec un préalable important : « Je rappelle que la Russie a volontairement et unilatéralement pris l’engagement de ne pas déployer de missiles de portée intermédiaire tant que des armes américaines de ce type n’apparaîtraient pas dans une région du monde ». Or, il est évident que les Américains ne prennent pas en considération la retenue russe, pire, ils ont tout fait pour pousser les Ukrainiens à demander l’adhésion de leur pays à l’Otan au mépris des précédents accords.

C’est ainsi que Poutine explique la posture actuelle de son pays, se projetant dans l’avenir en fonction des agissements américains. « Je répète : les essais en conditions réelles du missile Orechnik sont menés par nous en réponse aux actions agressives des pays de l’Otan envers la Russie. La décision concernant le déploiement de missiles de portée intermédiaire sera prise en fonction des actions des États-Unis et de leurs satellites », prévient-il.

La feuille de route russe
Le clou de l’allocution du président russe est sa projection dans le futur en fonction des développements voulus par les Anglo-Américains. « Les cibles à frapper lors des futurs essais de nos nouveaux systèmes de missiles seront déterminées en fonction des menaces pour la sécurité de la Fédération de Russie », poursuit Vladimir Poutine.

« Nous nous considérons en droit d’utiliser nos armes contre les installations militaires des pays qui permettent l’utilisation de leurs armes contre nos installations, et en cas d’escalade des actions agressives, nous répondrons tout aussi résolument et de manière symétrique. Je recommande aux élites dirigeantes des pays qui nourrissent des plans d’utiliser leurs contingents militaires contre la Russie d’y réfléchir sérieusement », averti le président russe.

Le message est on ne peut plus clair ! Il s’agit de répondre à toute nouvelle agression du territoire russe avec une arme stratégique occidentale en ciblant le territoire du pays d’origine de cette arme. Londres et Washington sont directement dans le viseur russe à cause des agissements irresponsables de Joe Biden qui a autorisé l’utilisation de ce type d’armes contre le territoire russe.

Confiant dans les capacités stratégiques de son armement, Vladimir Poutine précise que les missiles russes ne peuvent pas être intercepter, « parce qu’il n’existe pas aujourd’hui de moyens de parer une telle arme. Les missiles attaquent leurs cibles à une vitesse de Mach 10, soit 2,5 à 3 kilomètres par seconde. Les systèmes modernes de défense aérienne dans le monde et les systèmes de défense antimissile créés par les Américains en Europe n’interceptent pas de tels missiles, c’est exclu. Si certains en doutent encore, c’est en vain, il y aura toujours une réponse », averti le président russe.

Message reçu 5 sur 5
Le Kremlin s’est dit hier certain que Washington avait « compris » le message de Vladimir Poutine dans son allocution de la veille, revendiquant le tir d’un missile d’un nouveau type contre l’Ukraine. « Le discours d’hier était très, très exhaustif, clair, logique », a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

« Nous ne doutons donc pas que l’administration actuelle à Washington a eu l’occasion de se familiariser avec cette déclaration et de la comprendre », a-t-il ajouté. « Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux, qui produisent des missiles, les fournissent à l’Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe, ne peuvent rester sans réaction de la part de la Russie », a précisé Dmitri Peskov.

Le porte-parole a également détaillé la manière dont les Etats-Unis ont été prévenus de ce tir. « Il existe un centre national russe de réduction du danger nucléaire, qui fonctionne automatiquement et communique avec le même système qu’aux Etats-Unis », a-t-il détaillé, ajoutant que, « en mode automatique, une alerte avait été envoyée par l’intermédiaire de ce système trente minutes avant le lancement ».

Poutine ne bluffe pas !
De son côté, le président serbe Alexsandar Vucic a averti ceux qui n’ont pas encore saisi le message de Poutine de le prendre au sérieux. « Si vous pensez que vous tirerez ce que vous voudrez sur le territoire russe, avec la logistique des pays occidentaux, avec les armes des pays occidentaux, sans recevoir de réponse, et que Poutine n’utilisera pas tous les types d’armes dont il a besoin, si il le juge nécessaire, soit vous ne le connaissez pas, soit vous êtes fou, il n’y a pas de troisième option » a-t-il averti.

Un avertissement que l’OTAN et l’Ukraine qui devraient se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer le tir de missile balistique qui a atteint l’Ukraine, devraient méditer. En réalité, le président russe, et à travers son avertissement, semble siffler la fin de la partie.

L’escalade voulue par l’administration Biden en période de transition avant l’entrée en fonction de l’administration Trump est une grave dérive dont les seuls perdants sont les Ukrainiens et les Occidentaux en général, la mise en garde de Poutine est un point d’ordre qui devrait être bien compris.

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