La question de l’adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) revient régulièrement au cœur du débat économique. Le récent plaidoyer du Cercle d’action et de réflexion pour l’entreprise (Care) met en lumière les enjeux stratégiques de cette démarche. L’adhésion à l’OMC pourrait-elle accélérer la diversification de l’économie algérienne, ou exposerait-elle le pays à des risques incompatibles avec ses priorités nationales ?
Le Care soutient, dans une note rendu publique, que l’adhésion à l’OMC offrirait à l’Algérie une plateforme pour renforcer sa compétitivité et diversifier ses exportations. « L’objectif de 30 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures d’ici 2030 nécessite une refonte de son modèle économique, et la participation active à l’OMC pourrait fournir un cadre pour sécuriser les échanges commerciaux et ouvrir de nouvelles perspectives de coopération. De plus, une intégration dans cette organisation multilatérale permettrait à l’Algérie de mieux défendre ses intérêts sur la scène internationale », selon Care.
Cependant, l’adhésion à l’OMC ne va pas sans défis, est-il souligné. Les règles strictes de l’OMC, visant à libéraliser le commerce mondial, pourraient contraindre l’Algérie à des réformes profondes, qui risqueraient de fragiliser certains secteurs protégés par des politiques tarifaires, notamment l’agriculture, l’industrie pharmaceutique, ou les petites entreprises locales. La concurrence accrue pourrait mettre en difficulté ces secteurs sensibles, déjà vulnérables face à des pressions économiques internes et externes.
Le Care précise que la reprise des négociations ne signifie pas un engagement immédiat de l’Algérie à adhérer. Tant que les négociations ne sont pas conclues, le pays conserverait le contrôle sur ses politiques commerciales et n’aurait aucune obligation liée aux règles de l’OMC. Cette flexibilité permettrait à l’Algérie de poursuivre ses réformes économiques à son rythme, sans précipitation. L’objectif serait d’étudier les attentes des partenaires commerciaux, d’ajuster ses stratégies et de protéger ses secteurs vulnérables tout en s’inscrivant dans un cadre de coopération internationale.
L’implication de l’Algérie doit être proactive
En parallèle, l’Algérie est engagée dans la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), un accord qui, bien qu’inspiré des principes de l’OMC, permet une libéralisation progressive du commerce au sein du continent. La ZLECAF offre une opportunité de s’intégrer au commerce régional tout en expérimentant certaines réformes commerciales. Toutefois, l’implication de l’Algérie doit être proactive, car une participation limitée pourrait affaiblir sa position dans les futures négociations, notamment avec l’OMC.
L’adhésion à l’OMC, bien que jugée inévitable à moyen terme, doit être précédée d’une préparation rigoureuse. Le pays devra mener un diagnostic approfondi de ses capacités nationales et identifier les secteurs susceptibles de se positionner à l’export, ainsi que ceux nécessitant des protections temporaires, selon Care. « Des réformes ciblées dans les politiques commerciales, une simplification des procédures douanières et l’harmonisation des normes avec celles des partenaires clés seront essentielles pour maximiser les bénéfices d’une telle adhésion », est-il souligné.
Par ailleurs, l’abandon prolongé des négociations avec l’OMC pourrait constituer « une erreur stratégique » pour l’Algérie, car le commerce mondial est régi par des normes globales qui, si elles ne sont pas intégrées, risquent de défavoriser le pays à long terme. Néanmoins, l’adhésion ne doit pas être perçue comme une simple formalité ; elle doit être intégrée dans une vision claire des intérêts nationaux et dans une transition économique maîtrisée. L’enjeu est de tirer parti des opportunités offertes par l’OMC tout en évitant une libéralisation prématurée qui pourrait nuire à des secteurs clés de l’économie.
L’intégration à l’OMC représente « un levier potentiel pour la transformation économique » de l’Algérie. Toutefois, cette démarche doit être accompagnée d’une préparation soignée, d’une stratégie de négociation claire et d’une volonté de protéger les acquis nationaux tout en favorisant l’ouverture aux échanges internationaux. Une adhésion réussie à l’OMC peut contribuer à la diversification de l’économie, à condition de respecter un rythme adapté aux priorités économiques du pays, estime-t-on au niveau de Care.
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