Le dernier remaniement ministériel opéré par le président de la République constitue un tournant pour la diplomatie algérienne. En plus du maintien de Ahmed Attaf dans son poste, qui a même pris du galon en étant désigné ministre d’Etat, son département vient de connaître une réorganisation totale, et ce en introduisant des changements très significatifs dans un secteur stratégique.
Pour les observateurs, la création de deux secrétariat d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, en l’occurrence un chargé des affaires africaines et un autre dédié à la communauté nationale à l’étranger, met en exergue les ambitions de la diplomatie algérienne dans deux segments sensibles.
Cette formule expérimentée auparavant, sous d’autres formes et structures, souligne la volonté de l’Etat algérien de prendre en charge les préoccupations de la diaspora, notamment en Europe, et celles du continent et du voisinage, accablé par le sous-développement, les périls et les menaces sécuritaires, ainsi que par les ingérences de puissances régionales et étrangères.
Ainsi, le premier poste concernant la Communauté nationale à l’étranger a été confié à Sofiane Chaib, alors que Selma Bakhta Mansouri est nommée secrétaire d’Etat chargée des Affaires africaines.
Il est clair que ces changements, ou redimensionnement, traduisent en réalité la doctrine traditionnelle de la diplomatie algérienne, d’autant que l’entrée, en janvier 2024, de l’Algérie au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent de cet organe central des Nations unies se veut surtout une occasion pour réaffirmer les principes directeurs de sa politique extérieure, en veillant à porter la voix des pays africains, victimes d’une injustice flagrante.
Ainsi, en se dotant d’un secrétariat d’Etat chargé des Affaires africaines, l’Algérie exprime sa priorité envers un continent, qui est en proie à des tensions et des actes de déstabilisation, de toutes sortes. En Afrique, des régions et des territoires demeurent toujours sous la menace de périls internes et externes. En Libye, paralysée par les divisions et les ingérences étrangères, au Sahara occidental, toujours sous occupation coloniale marocaine, au Soudan où la guerre civile s’éternise avec son lot de famines, d’épidémies et d’exodes massif des populations, au Sahel, menacé par les hordes terroristes et les réseaux criminels transfrontaliers, les crises sanitaires et alimentaires, les préoccupations sont nombreuses et délicates.
Ces dossiers chauds africains pèsent lourdement sur la paix, la stabilité et l’essor économique de tout le continent. L’Algérie, en tant que force pacifique et de progrès, milite pour faire valoir le dialogue et les règlements diplomatiques, en étant déjà au Conseil de sécurité, comme dans toutes les institutions de l’Union africaine, le meilleur avocat de l’Afrique, plaidant en faveur des causes justes et des droits des peuples et de ses aspirations légitimes.
L’Algérie a investi un fonds colossal pour apporter sa pierre à l’édifice du développement dans sa profondeur africaine, grâce aux nombreux projets titanesques, comme le gazoduc transsaharien, la route transsaharienne, la boucle en fibre optique, la création de zones franches avec le Mali, la Mauritanie, le Niger, la Tunisie et la Libye, l’adhésion à la Zone de libre-échange africaine, les nouvelles dessertes aériennes et maritimes et les facilitations offertes aux opérateurs nationaux pour exporter leurs produits et investir dans le continent.
De plus, l’Algérie a dégagé un fonds spécial d’un milliard de dollars pour financer des projets sociaux dans le continent, notamment dans des pays secoués par des crises économiques et sociales, par l’intermédiaire d’une agence nationale créée à cet effet.
S’agissant de notre communauté à l’étranger, ce segment est devenu l’une des préoccupations de l’Etat algérien, en raison des dangers qui ciblent nos compatriotes, notamment en Europe. Dans le Vieux Continent, surtout en France, les Algériens sont victimes d’actes racistes, xénophobes, islamophobes, de marginalisation et d’exclusion, depuis la montée en puissance des courants ultra-radicaux et des partis extrémistes. Cette diaspora, qui compte plusieurs millions de personnes, exprime des besoins spécifiques et surtout un soutien politique, diplomatique, social et culturel.
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