Dans une énième tentative d'empêcher la presse sahraouie de documenter et de rendre compte des violations des droits humains et des violations du droit international humanitaire dans les territoires sahraouis occupés, l'appareil répressif du Makhzen a eu recours à l'agression physique pour réduire le journaliste et coordinateur d'Equipe Média, Mohamed Mayara, au silence.
Harcelé, persécuté, espionné en permanence et privé de la liberté de circulation, ce responsable de l'agence de presse sahraouie Equipe Média a été victime, mardi, d'une "violente agression", a affirmé ce média qui a dénoncé "une attaque délibérée, orchestrée par les autorités du régime marocain".
"C'est une agression qui a pour objectif de m'intimider, en représailles à mes positions politiques et mon travail journalistique", a réagi Mayara.
Equipe Média a alerté, dans ce contexte, sur la multiplication des attaques contre les journalistes et défenseurs des droits de l'homme sahraouis. Pour cette agence de presse, "cet acte de violence s'inscrit dans une stratégie de répression systématique", exhortant la communauté internationale à "enquêter sur les violations des droits humains perpétrées dans les territoires occupés".
L'Union des journalistes et écrivains sahraouis a "fermement condamné" cette agression, la qualifiant de "tentative de faire taire les voix libres dans les territoires occupés du Sahara occidental". Elle a également dénoncé le "silence complice" de la communauté internationale, qui permet aux autorités d'occupation marocaines de "continuer à réprimer en toute impunité la liberté d'expression et les droits de l'homme dans la région".
Le même jour, ces mêmes autorités d'occupation dans la ville de Laâyoune ont refusé de "renouveler le passeport de l'ancien prisonnier politique et journaliste sahraoui Al-Sabbi Yahdha", rapporte Algargarat Média.
Dénonçant une mesure "illégale" qui "enfreint toutes les conventions internationales que l'occupant marocain prétend respecter", ce média affirme que des organisations sahraouies de défense des droits humains ont alerté les organisations internationales, en particulier Amnesty international, sur ce refus qu'il qualifie de "mesure de représailles".
Un groupe de travail mis en place en réponse aux mesures répressives observées dans les territoires sahraouis suite à la rupture du cessez-le-feu en novembre 2020 par l'occupant marocain a affirmé, dans un rapport publié en juin dernier, que le Sahara occidental, soumis à un blocus militaire et médiatique depuis son invasion par le Maroc en 1975, est devenu "un trou noir de l'information".
"En plus de l'interdiction totale faite de facto aux observateurs et journalistes étrangers d'entrer sur le territoire, les journalistes locaux qui s'écartent de la ligne officielle sont punis et persécutés, faisant du Sahara occidental un trou noir de l'information", a-t-il souligné dans son rapport.
Selon ce groupe de travail, les principales cibles de l'atteinte à la liberté de la presse sont les médias tels qu'Equipe Média, composé d'une trentaine de journalistes et d'activistes vidéo, RASD TV, Nushatta Foundation for Media and Human Rights, Smara News et Algargarat dont de nombreux membres sont harcelés, menacés et arrêtés ou ont déjà été emprisonnés, mais aussi les blogueurs et blogueuses.
Le groupe de travail a même précisé que depuis que le Maroc a renforcé son contrôle en 2014, pas moins de 309 juristes, avocats, universitaires, défenseurs des droits humains, journalistes et parlementaires indépendants se sont vu refuser l'accès ou ont été expulsés du Maroc ou du Sahara occidental occupé pour avoir voulu enquêter sur des violations du droit international humanitaire.