Les participants à la deuxième conférence annuelle de l'Alliance internationale de données sur les enfants en déplacement (IDAC) ont appelé, lundi à Rabat, à l'actualisation des données et des systèmes de mesure relatifs aux enfants en déplacement.
Lors de cette rencontre de trois jours, initiée par l'IDAC, en collaboration avec le Haut-Commissariat au plan (HCP), les intervenants ont souligné l'importance de tracer la voie d'avenir pour soutenir les enfants en déplacement et les aider à relever les différents défis rencontrés.
S'exprimant à cette occasion, le secrétaire général du HCP, Ayache Khellaf, a indiqué que dans la plupart des pays, la collecte de données sur les enfants en mouvement reste assez fragmentée entre les différents acteurs, faisant remarquer que dans certains cas, les données sur les enfants en déplacement dans un pays ou une région sont incohérents et peu fiables.
Il existe d'énormes lacunes dans la disponibilité des données sur les enfants en déplacement, notamment les mineurs non accompagnés, les enfants migrants en détention et les enfants apatrides, a-t-il expliqué. De même, M. Khellaf a rappelé les réalisations du Royaume en matière de migration, soulignant à cet égard la mission de l'Observatoire africain des migrations, dont le siège est au Maroc, de fournir des statistiques de qualité sur la migration internationale, notamment les données administratives qui sont complémentaires aux statistiques issues d'enquêtes et de recensements.
Le HCP, a-t-il relevé, conscient de l'importance des données sur les caractéristiques démographiques et socioéconomiques des migrants pour améliorer la connaissance et la compréhension des phénomènes migratoires, a réalisé plusieurs travaux dans le domaine des migrations internationales où la dimension des enfants est une caractéristique fondamentale.
Il a, en outre, fait savoir que le HCP a intégré dans le Recensement général de la population et de l'habitat achevé en septembre dernier, un module sur les migrations, notant qu'il a également introduit en 2017, un module spécifique sur la migration dans le questionnaire de l'Enquête nationale sur l'emploi, ainsi qu'un chantier qui est en cours pour y intégrer les deux autres modules sur la migration de retour et l'émigration, en plus d'une enquête nationale sur la migration forcée de 2021.
De son côté, le représentant de l’UNICEF au Maroc, Marc Vincent, a appelé à encourager les différents acteurs et à favoriser la réflexion collective, ainsi qu'à développer la manière de collecte des données pour la protection de ces enfants. Les conclusions de la conférence contribueront, sans aucun doute, à la protection des enfants en déplacement, a-t-il considéré, notant que l'objectif est d’échanger les meilleures pratiques et de trouver des solutions qui renforcent la base de données internationale autour de ces enfants.
Pour sa part, le chef adjoint de la délégation de l'UE au Maroc, Daniele Dotto, a fait remarquer une hausse de 50% du nombre d’enfants dans le monde qui souffrent de déplacement forcé au cours des quatre dernières années.
Ces déplacements, a-t-il relevé, sont liés aux catastrophes naturelles et aux conflits, précisant que ces enfants sont confrontés à de graves dangers et à différentes formes d'exploitation.
M. Dotto a affirmé que la collecte de données permettra de prendre des décisions réfléchies et d'aider les enfants affectés à travers le monde, en vue de mettre en place des politiques adaptées à la situation actuelle.
Depuis la dernière rencontre de l'IDAC en janvier 2023, les défis auxquels sont confrontés les enfants dans le monde se sont intensifiés. Selon les données de l'OIM, à la fin du mois d'octobre 2023, près de 800 enfants ont perdu la vie sur les routes migratoires à travers le monde, et de nombreux autres décès et disparitions restent non documentés.
A la fin de l'année 2023, le HCR a estimé à 47 millions le nombre d’enfants déplacés de force. En 2023, plus de 18,1 millions de nouveaux déplacements internes d'enfants ont été signalés, plus de la moitié en raison de conflits et de violences. Par ailleurs, 3,1 millions d'enfants supplémentaires ont été déplacés en raison de catastrophes liées au climat.
Fondée en 2020, l'IDAC est une coalition mondiale dédiée à l'amélioration des données et des statistiques afin de permettre l'élaboration de politiques et de programmes humanitaires plus efficaces pour les enfants migrants et déplacés. L'IDAC est dirigée conjointement par Eurostat, l’OIM, l’OCDE, le HCR et l'UNICEF.