L'Amazonie brésilienne présente un taux d'homicide largement plus élevé que le reste du pays, en raison de la pénétration du crime organisé dans la plus grande forêt tropicale de la planète, selon une étude publiée mercredi.
En 2023, le taux d'homicide était de 32,3 pour 100.000 en Amazonie, contre 22,8 pour la moyenne nationale, soit une différence de 41,5%, a révélé l'ONG de référence Forum brésilien de sécurité publique.
Au total, cette région septentrionale a recensé 8.603 meurtres l'an dernier.
Les chercheurs estiment que l'augmentation de la violence est liée à l'ouverture de routes à travers la jungle et à l'intensification des activités économiques.
Cela favorise selon eux l'expansion du crime organisé, pour des activités qui ne se limitent pas au trafic de stupéfiants, les gangs pratiquant également la déforestation ou d'autres délits environnementaux.
Renato Sergio de Lima, directeur de l'ONG, cite notamment "l'élevage de bovins dans des terrains publics (que ces groupes criminels) s'accaparent illégalement" et "l'orpaillage sur des terres indigènes".
"L'emprise sur le territoire par la violence est le lien structurant entre toutes les principales activités criminelles de l'Amazonie", ajoute-t-il, énumérant également l'exploitation illégale du bois et la pêche clandestine.
L'étude porte plus précisément sur une région connue sous le nom d'Amazonie légale, qui regroupe neuf Etats sur 59% du territoire brésilien, soit cinq millions de km2.
C'est dans cette région que vit 56% de la population autochtone du plus grand pays d'Amérique latine.
L'étude a identifié la présence de factions criminelles dans un tiers des 772 communes de la zone.
Ces 260 communes concentrent 66,8% de la population de l'Amazonie légale et 83,7% des homicides recensés l'an dernier dans la région.
Le gouvernement du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva a lancé en juin un vaste plan visant à augmenter la présence des forces de sécurité de l'Etat brésilien en Amazonie.
En 2022, le double meurtre du journaliste britannique Dom Phillips et de l'expert brésilien des questions indigènes Bruno Pereira avait choqué le monde entier.
Selon les enquêteurs, Bruno Pereira avait été ciblé pour avoir lutté contre la criminalité dans la région pour prendre la défense des peuples autochtones.