L’ouverture du Salon international de l'agriculture de Paris s’est déroulée cette année sans tension. Le président français Emmanuel Macron l’a visité en toute tranquillité et échangé avec les agriculteurs sans heurt, on dirait que la Baraka du Maroc a eu son effet, contrairement à l’édition précédente.
La présence du Maroc a marqué cette édition, puisqu'il était l’invité d'honneur pour la première fois dans l’histoire du salon. Emmanuel Macron a exprimé sa "grande joie et sa fierté" d’accueillir le Maroc, et cette invitation s’est déroulée dans une atmosphère sereine, malgré la polémique soulevée par certains médias sur les tomates marocaines, qui couvrent un tiers des besoins de la France, soit environ un million de tonnes consommées annuellement.
La souveraineté alimentaire, un enjeu géopolitique
Lors de la conférence de presse tenue le jour de l’ouverture du salon en présence de médias français et internationaux, le président Macron a mis en avant l'impact géopolitique sur la sécurité alimentaire, insistant sur le fait que "la souveraineté alimentaire pourrait devenir une arme dans les conflits géopolitiques".
Il a rappelé que la guerre entre la Russie et l'Ukraine a mis en évidence la vulnérabilité de l’approvisionnement en céréales, ces deux pays étant parmi les plus grands producteurs mondiaux aux côtés des Etats-Unis et de la France. "Personne ne peut garantir que cette arme ne sera pas utilisée dans les guerres futures", a-t-il averti.
Et d’ajouter : "Notre responsabilité aujourd’hui est d’assurer notre propre sécurité alimentaire et celle de nos enfants sur le sol français".
Par ailleurs, l’accord de libre-échange avec le Mercosur (pays d’Amérique du Sud) continue de diviser l’opinion publique en France. Il fait face à une vive opposition du gouvernement français, soumis à la pression des agriculteurs.
Sur le plan environnemental, M. Macron a souligné un dilemme clé : "Nous devons produire pour garantir la sécurité alimentaire des Français, mais aussi pour exporter." Cette déclaration satisfait surtout les grands producteurs agricoles, qui représentent l'essentiel du secteur. Toutefois, beaucoup de petits agriculteurs français peinent à vivre de leur activité malgré la richesse du pays et l’importance de son marché intérieur.
Une présence marocaine remarquée
Le pavillon marocain au Salon de l'agriculture de Paris a été inauguré en présence du chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, et du ministre français des Affaires extérieures et de l’Europe , Jean-Noël Barrot.
Ce pavillon a offert une vitrine exceptionnelle aux produits du terroir marocains, fruits du savoir-faire de coopératives agricoles traditionnelles perpétuant des méthodes ancestrales. Grâce à la diversité géographique du Maroc – plaines, montagnes, zones désertiques – l'agriculture marocaine bénéficie d’une richesse unique, permettant aux producteurs de s’adapter aux défis climatiques et environnementaux.
Le pavillon marocain a attiré de nombreux visiteurs grâce à une offre variée de produits agricoles issus de différentes régions du Royaume. Il constitue une opportunité précieuse pour les coopératives marocaines de faire connaître leurs produits et de renforcer leur présence sur les marchés internationaux.
Certaines coopératives ne se contentent plus d’exporter des produits bruts mais investissent aussi dans leur transformation, grâce à des techniques modernes augmentant leur valeur ajoutée. Cette démarche améliore la compétitivité des produits marocains sur les marchés étrangers, qu’il s’agisse de l’agroalimentaire, du miel, des huiles, des dattes ou encore des plantes médicinales et aromatiques.
Cette dynamique est encouragée par l’Agence pour le développement agricole (ADA), dirigée par Mehdi Rifi, qui a déclaré : "Ce salon est une opportunité idéale pour mettre en avant la richesse et la diversité de l’agriculture marocaine."
Le public a également pu découvrir l’artisanat et la gastronomie marocains, à travers des activités culturelles et culinaires mettant en avant les plats traditionnels du pays.
Une coopération Maroc-France stratégique pour la souveraineté alimentaire
La coopération agricole entre le Maroc et la France représente une opportunité clé pour les deux pays. Le Maroc peut tirer profit de l'expertise technologique française en matière de sélection des semences, d’innovation agroalimentaire et d’optimisation des cultures. La France, confrontée à des défis climatiques croissants, peut s’inspirer du savoir-faire marocain dans la gestion des ressources en eau, un domaine où le Maroc dispose d’une grande expérience.
La ministre française de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Annie Genevard, a, à cet égard, déclaré : "Face aux défis climatiques et aux mutations du secteur agricole, notre partenariat avec le Maroc apporte une dimension internationale forte à ce salon."
Et d’ajouter : "Nos agriculteurs ont beaucoup à apprendre les uns des autres. La France, qui fait face à des sécheresses de plus en plus fréquentes, peut bénéficier de l’expérience marocaine en matière de gestion de l’eau".
Ce partenariat est d'autant plus crucial pour le Maroc qui vise à renforcer sa "souveraineté alimentaire" malgré des défis majeurs : rareté croissante des ressources hydriques. changements climatiques imprévisibles et prolongés, croissance de la demande alimentaire nationale.
La participation du Maroc au Salon international de l'agriculture de Paris constitue une reconnaissance de son rôle clé dans le secteur agroalimentaire mondial et un pas important vers une coopération renforcée avec la France et d’autres partenaires internationaux.
Paris : Youssef Lahlali