Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a promis samedi des "représailles" à la Russie pour son invasion de l'Ukraine et promulgué la loi interdisant l'Eglise orthodoxe ukrainienne liée à Moscou, le jour même où son pays célèbre son indépendance de l'Union soviétique.
Moscou et Kiev ont également annoncé un échange de prisonniers de guerre impliquant 230 personnes -- 115 pour chaque camp --, grâce à une médiation des Emirats arabes unis.
Les forces ukrainiennes ont porté le 6 août les combats sur le sol de leur adversaire en lançant une offensive d'une ampleur sans précédent dans la région russe frontalière de Koursk.
Elles s'y sont emparées de dizaines de localités, tandis que les troupes russes continuent d'avancer dans le Donbass, l'est ukrainien.
La Russie voulait "nous détruire" mais la guerre est "revenue chez elle", a déclaré M. Zelensky à ses compatriotes dans une vidéo enregistrée dans une zone forestière de la région frontalière de Soumy, d'où Kiev a lancé son offensive surprise en Russie.
Kiev "surprend une fois de plus", a affirmé M. Zelensky, promettant que la Russie "va savoir ce que sont des représailles".
En Russie, le président Vladimir Poutine s'est entretenu avec le chef d'état-major Valéri Guérassimov. Selon le Kremlin, ils ont discuté de "la lutte contre les forces ennemies qui envahissent la région de Koursk et des mesures prises pour les détruire".
Ces termes tranchent avec les déclarations précédentes qui tendaient à minimiser l'opération ukrainienne.
Malgré ces déclarations guerrières, la Russie et l'Ukraine ont annoncé un nouvel échange de prisonniers impliquant 230 personnes, dont des soldats qui avaient été capturés lors de l'offensive surprise de Koursk.
Selon le commissaire ukrainiens aux droits humains, Dmytro Loubinets, 82 des 115 personnes récupérées par Kiev sont des soldats ayant participé à la défense de l'usine Azovstal lors du siège de Marioupol en 2022, important fait d'arme en Ukraine.
Comme lors des précédents échanges, celui de samedi a eu lieu grâce à l'entremise des Emirats arabes unis, qui se sont félicités d'être "un médiateur fiable" et ont appelé à la "désescalade" comme "seul moyen de résoudre le conflit".
M. Zelensky a pris part samedi aux célébrations officielles de l'indépendance sur la place Sainte-Sophie à Kiev, aux côtés du président polonais Andrzej Duda et de la Première ministre lituanienne Ingrida Simonyte, deux soutiens majeurs de son pays.
Il a affirmé à cette occasion que les forces ukrainiennes avaient testé avec succès un nouveau "drone missile", le "Palianytsia", "beaucoup plus rapide et plus puissant" que les drones dont elles disposent actuellement.
A l'occasion de la fête de l'indépendance, le chancelier allemand Olaf Scholz, dont le gouvernement prévoit l'an prochain une réduction de l'aide militaire à Kiev, a réaffirmé "la solidarité continue et indéfectible" de l'Allemagne avec l'Ukraine.
Le président du Conseil européen Charles Michel a assuré sur X que "le jour approche où (l'Ukraine) sera accueillie dans l'UE. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a assuré que le "combat existentiel" de Kiev contre Moscou était "également existentiel pour l'UE".
M. Zelensky a également promulgué samedi la loi interdisant la branche de l'Eglise orthodoxe ukrainienne dépendante du patriarcat de Moscou, qui fut longtemps la principale confession du pays.
Le patriarche orthodoxe russe Kirill, qui a soutenu ouvertement l'invasion de l'Ukraine, a accusé Kiev de "persécuter" les croyants de cette branche et a appelé la communauté internationale à condamner cette mesure.
"Des centaines de monastères, des milliers de communautés, des millions de croyants orthodoxes en Ukraine se retrouveront en dehors du cadre légal, perdant leurs biens et leur lieu de prière", a-t-il regretté.
Cette branche a coupé les ponts avec Moscou en 2022 mais les autorités ukrainiennes la considèrent toujours comme étant sous influence russe et ont multiplié les poursuites judiciaires à son encontre, provoquant l'emprisonnement de dizaines de prêtres.
Si l'offensive militaire ukrainienne dans la région russe de Koursk reçoit beaucoup d'attention, l'épicentre des combats demeure dans la région industrielle ukrainienne du Donbass (Est), où l'armée russe a l'avantage.
Les forces russes s'approchent notamment de Pokrovsk, important nœud logistique et ville de quelque 53.000 habitants appelés par les autorités à évacuer d'urgence. Elles se trouvaient vendredi à moins de dix kilomètres de cette agglomération.
Dans une autre ville d'importance de cette région, Kostyantynivka, cinq personnes ont été tuées et cinq autres blessées samedi dans une frappe russe sur des zones résidentielles, selon le Parquet ukrainien.
Des journalistes de l'AFP sur place ont vu un jeune garçon et son chien s'approcher d'un corps recouvert d'un drap sur le bord de la route et regarder les sauveteurs se précipiter pour le retirer.
Kiev a également affirmé avoir frappé un dépôt de munitions dans la région de Voronej, dans l'ouest de la Russie. Les autorités russes locales ont rapporté des frappes de drones et l'évacuation d'un village.