La bourde diplomatique était si évidente que le ministère des affaires étrangères algérien s’est fendu d’un communiqué où il démentait frontalement les propos de Tebboune, le faisant passer au passage sinon pour un irresponsable du moins pour une marionnette.

Pour le régime algérien, les oracles ont désorganisé les planètes jusqu’à produire une dangereuse situation. Alger est tout simplement en train de couper les amarres avec la communauté internationale à travers une politique de défis et de ruptures assumées. Le pays est en train de prendre le chemin de l’isolement, de rejoindre le club des pays qui suscitent méfiance et détestation comme l’Iran et la Corée du Nord. Et ce qui n’arrange rien, cette improvisation totale des choix diplomatiques comme si le pays était dirigé par des forces antagonistes.
Le dernier exemple de scandales diplomatiques à l’algérienne s’est produit lors du Sommet arabe et islamique que d’Arabie Saoudite avait abrité récemment.
Dans le discours du président Abdelmajid Tebboune lu par le ministre des affaires étrangères Ahmed Attaf, le président algérien avait formulé une série de propositions et de menaces à l’encontre d’Israël allant jusqu’à proposer de l’exclure des Nations Unies et de pratiquer un boycott économique et politique international à son égard.

Dans cette sortie, Tebboune se livrait à sa démagogie et à son populisme habituel. Sauf que la tribune et le contexte politique dans lequel ces postures ont été prononcées ont jeté une lumière crue sur la dangerosité de ce régime, l’irrationalité de sa gouvernance. La bourde diplomatique était si évidente que le ministère des affaires étrangères algérien s’est fendu d’un communiqué où il démentait frontalement les propos de Tebboune, le faisant passer au passage sinon pour un irresponsable du moins pour une marionnette aux mains de clans de l’armée algérienne qui se disputent le pouvoir à Alger.
Cette séquence a livré une désastreuse image de l’Algérie. Elle intervient au moment où un changement de pouvoir est en cours en Amérique avec le retour au pouvoir de Donald Trump et dans ses bagages Marco Rubio aux affaires étrangères. Marco Rubio est très connu du régime algérien. C’est lui qui avait écrit une lettre à Anthony Blinken et au président Joe Biden leur demandant de recourir à un système de sanctions contre l’Algérie, de celui qu’on pratique contre les pays considérés comme ennemis de l’Amérique. Alger était accusé à l’époque de financer la machine de guerre de Vladimir Poutine contre l’Ukraine et de favoriser l’expansion du groupe paramilitaire russe Wagner en Afrique.

En plus de sa rupture chronique avec le Maroc qui va jusqu’à évoquer des probabilités de guerre, le régime algérien est presque en froid total avec son voisinage sahélien. La diplomatie malienne n’a-t-elle pas récemment dénoncé, sous les sunlights des Nations Unies, Ahmed Attaf, ministre des affaires étrangères, et Amar Bendjama représentant d’Alger à l’ONU, comme «des énergumènes»?
Les relations du régime algérien avec les pays du Golfe sont tellement exécrables que, d’une part les autorités algériennes sont dans l’incapacité d’organiser la moindre visite de haut niveau d’un responsable algérien, encore moins le président Tebboune aux Emirats arabes unis. Tebboune est d’ailleurs perçu comme indésirable dans cette région. Et que d’autre part, les réseaux sociaux se sont extasiés récemment devant la décision des autorités de Ryad de changer le nom de l’avenue où se trouve le siège de l’ambassade algérienne et de lui donner le nom fort emblématique de «l’avenue du Sahara marocain». La tension algérienne et l’animosité irrationnelle à l’encontre du Maroc doublée de la sympathie exagérée d’Alger à l’égard du régime iranien sont sans aucun doute les deux principales raisons de ce rejet des pays du Golfe du régime algérien.

Avec l’Europe, les relations sont en dents de scie. Crise avec l’Espagne après le soutien de Madrid à l’option de l’autonomie. Menaces de rupture de relations diplomatiques avec Paris après la reconnaissance française de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Ces brusques changements d’humeur, généralement suivis d’une marche arrière ont montré que ce régime algérien manque de cohérence, de logique et de stabilité. Une des conséquences majeures, du point de vue des Européens, est un manque structurel de confiance à l’encontre d’Alger. Ce qui empêche les investissements économiques lourds et à long terme et le pari politique et stratégique sur un régime irrationnel et sanguin. L’Union européenne comme l’alliance Atlantique, dont une délégation parlementaire a récemment visité l’Algérie, ont raison de se poser des questions vitales sur la fiabilité de leurs relations avec ce pays. Il n’est pas exclu que cette atmosphère, lourde d’interrogations, ne puisse impacter la nature des relations que ces deux grandes structures veulent développer avec l’Algérie. Leur dialogue politique est miné par la méfiance et le soupçon.